Chaque année les musulmans observent un jeûne de 29 ou 30 jours durant le mois de Ramadan. Pendant cette période, ils doivent s’abstenir de boire, de manger ou d’avoir des rapports sexuels avec leurs épouses entre l’aurore et le crépuscule. Mais au-delà d’être un acte d’adoration de Dieu, le jeûne a plusieurs impacts positifs sur la santé physique et mentale des personnes. Comment jeûner sans difficultés ? Quels sont les bienfaits du jeûne ? Comment transforme-t-il le corps du jeûneur ? Pour en parler, un des reporters de Guineematin.com a rencontré Pr Abdourahmane N’Diouria Diallo, enseignant chercheur à la retraite, président de l’ONG hépatite Guinée, ce mercredi 13 mars 2024 dans sa clinique à Petit Simbaya, commune de Ratoma.
Selon ce médecin le jeûne fait le nettoyage interne du corps en se nourrissant des cellules mortes, brûle les graisses pour les transformer en énergie. Ainsi, il multiplie par 10 le système immunitaire. Et il favorise le traitement des maladies comme la gastrite et l’ulcère, et permet « d’éviter le diabète ».
« Le jeûne c’est le premier acte thérapeutique parce qu’il a des impacts sur la santé. C’est pour cela Allah (SWT) nous a mis un code génétique dans le corps. Le corps a un logiciel qui lui permet de jeûner, c’est quand on ne jeûne pas qu’on a des problèmes de santé. Le jeûne procède à un nettoyage interne : le corps du jeûneur se nourrit dès les premières 24 heures des déchets métaboliques, des cellules mortes, des cellules malades et de ses réserves lipidiques. Le corps brûle ses lipides stockés pour avoir du glucose assimilable (auto-nettoyage). Le corps se nourrit à partir de ces éléments qui ne lui servent à rien où lui sont hostiles. Donc il a été constaté des effets positifs au niveau de la santé. C’est d’abord la réduction du risque potentiel de diabète, donc le corps à travers le foie, le pancréas régularise le sucre. En plus du glycogène, les graisses de l’organisme seront brûlées pour servir d’énergie, pour servir de carburant. Ensuite, la mise en jachère, c’est-à-dire le repos de l’œsophage, de l’estomac, les intestins, le foie, le pancréas, les reins. Donc le tube digestif est au repos, les cellules repoussent de la même manière qu’on laisse la brousse en jachère pendant des années et revenir trouver que la terre est devenue fertile. Alors quand vous jeûnez normalement, si vous avez une gastrite, vous avez un ulcère, en fin de compte cette gastrite, cet ulcère seront traités automatiquement par l’organisme parce que la muqueuse va repousser et en repoussant ça traite l’inflammation. Ce trou dans l’estomac va se fermer et la gastrite ou l’ulcère va compléter son traitement avec des médicaments. Il a été également remarqué que les cellules T (la défense de l’organisme) tout le système de défense de l’organisme augmente 10 fois de capacité. Donc le jeûneur en fin de ramadan est 10 fois plus fort qu’avant la période du jeûne. C’est pourquoi les médecins du monde entier utilisent le jeûne pendant 7 semaines pour renforcer la capacité de défense d’un malade qui a le cancer ou qui est fatigué ou qui a d’autres maladies chroniques. Ça augmente la force physique, la force mentale. Ça lutte contre les inflammations : si vous avez le rhumatisme, des inflammations sur certaines parties du corps, tout cela sera traité. Il a un soutien de fonction cérébrale : le jeûne nettoie le cerveau, il renforce la capacité des neurones dans leur fonctionnement. Ce qui veut dire que le jeûneur aura une concentration. Toutes les maladies cérébrales y compris l’anxiété et la dépression. Donc le jeûne est un médicament contre les soucis, contre la nervosité, contre la haine etc. Certains même disent que le jeûne peut traiter les maladies d’Alzheimer et parkinson. Il a été constaté que le jeûne retarde le vieillissement, et même la libido. Au début du jeûne le taux de testostérone chez l’homme baisse mais en fin de compte ce taux augmente. La fertilité augmente et chez l’homme et chez la femme. Donc la puissance sexuelle chez l’homme augmente avec le jeûne…Pour les gens qui sont gros, c’est un moyen de se débarrasser de la mauvaise graisse, du mauvais cholestérol en préservant la masse musculaire. Ce qui veut dire que le jeûne n’a que des bienfaits », indique Pr N’Diouria Diallo.
Le jeûne opère une transformation du corps humain. Cette transformation qui commence 24 heures après le début du jeûne se passe en quatre phases, selon notre interlocuteur.
« Durant les deux premiers jours, le taux de sucre dans le sang diminue et la pression sanguine aussi diminue mais cela se compense rapidement parce que l’organisme va brûler les mauvaises cellules, la graisse et prendre le glycogène et utiliser la bonne graisse comme source d’énergie. Le corps commence le processus de purification dès le deuxième jour. C’est pourquoi les premiers jours sont éprouvants, certains peuvent avoir des maux de tête, des étourdissements, une faim, des nausées mais c’est très passager. A la deuxième phase l’organisme commence à s’habituer au programme du jeûne, et le système digestif peut se reposer, il commence à se régénérer. L’organisme consacre son énergie à la purification du corps, donc à la deuxième phase c’est déjà la guérison des cellules malades. A la deuxième phase les globules blancs s’activent, la défense de l’organisme augmente, c’est le début du processus de réparation. A la phase 3, c’est l’augmentation du niveau de l’énergie encore avec une meilleure concentration de l’esprit, diminution du stress, amélioration de la mémoire, la sensation de bien-être commence déjà au niveau de la phase 3. Le processus de purification augmente au maximum et cela entraîne la guérison de toutes les cellules endommagées. C’est la désintoxication des organes. A la phase 4, pendant les 10 derniers jours du mois de jeûne, l’organisme s’est déjà habitué au processus, le corps est plus énergique, plus performant. Donc l’organisme fonctionne au maximum de sa capacité à la fin de la phase 4 », poursuit l’enseignant chercheur à la retraite.
Pour bénéficier des vertus du jeûne, il faut savoir quoi et comment manger pendant cette période qui bouleverse les habitudes alimentaires.
« Il est important de savoir que jeûner ne veut pas dire manger toute la nuit. D’abord mangez un peu ce que vous avez. Malade ou pas malade, manger ce dont on dispose. Manger de qualité c’est très important. Il faut éviter les boissons énergisantes ou trop sucrées (djindjan), ce qui est glacé, chaud, amer comme le Kinkéliba ou le citron. Manger modérément ! Si vous avez les moyens, dès que le muezzin lance l’appel (crépuscule) prenez une ou trois dattes. Cela va préparer la bouche avec la salive, surtout l’estomac. L’estomac c’est un petit sac de 2,5 à 3 litres selon les individus. Quand vous jeûnez l’estomac est collé. Prenez la datte ou une louche de bouillie ou une gorgée d’eau, cela ouvre le sac surtout prépare les enzymes, les diastases qui favorisent la digestion seront sécrétés. Mais quand vous prenez directement le repas après la prière, les diastases ne sont pas au top et vous risquez d’avoir le ballonnement, des maux de ventre, diarrhée ou constipation et la flatulence (mauvaise odeur). Ne remplissez pas le ventre, quand vous le faites la digestion sera difficile, vous serez fatigué etc. Allez prier, revenez manger maintenant vous rassasiez. Il faut surtout vous réveiller à 4h-5h mangez ce que vous avez, si vous ne supportez pas un repas, prenez au moins un verre d’eau. C’est un repas béni. Donc à 5h, mangez, remplissez le ventre, prenez assez d’eau et vous aurez l’énergie. Ceux qui ont des problèmes de ventre (gastrite, colopathie), nous avons dégagé un régime à partir de 50 000 malades ici. Ils doivent couper le jeûne avec le riz local, la bouillie, pas de bouillie de maïs, pas de tô. Donc la bouillie sucrée ou salée selon le goût, mais d’abord couper avec la datte. Si vous n’avez pas ça, prenez un verre d’eau. Pas de gombo pour ceux qui ont des maux de ventre. Et il faut éviter les bouillons (Maggi et autres). Il faut éviter de prendre des aliments pimentés. Il ne faut pas manger d’aliments mal cuits, il faut avoir un bon sommeil. Il faut éviter de cracher, la salive fait partie du liquide propre de l’organisme », conseille Pr Abdourahmane N’Diouria Diallo.
Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com
