Homicide involontaire, conflit domanial, poursuites contre les maires… le procureur du TPI de Kissidougou fait le point

Plusieurs dossiers sont traités et d’autres sont en instruction dans le ressort judiciaire du tribunal de première instance (TPI) de Kissidougou. Dans un entretien accordé aux médias locaux ce jeudi, 14 mars 2024, le procureur de la République près le TPI de Kissidougou, Mohamed Bama Camara, a apporté des précisions sur différents dossiers brûlants traités ou en cours de traitement. Le dossier d’un infirmier poursuivi pour homicide involontaire, celui du conflit domanial opposant un chef de village à un citoyen ainsi que les poursuites engagées contre les maires ont été au centre des débats, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Concernant du dossier de l’infirmier Alphonse Dalla Béavogui, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kissidougou est revenu sur les faits, qui remontent vendredi 23 février 2024, avant de donner la nature du verdict dans cette affaire. « Mon parquet a ouvert des enquêtes sur des cas d’usurpation de titre et de fonction et d’atteinte involontaire à la vie contre un infirmier d’Etat, en la personne d’Alphonse Dalla Béavogui. Monsieur Béavogui a quitté Siguiri pour se rendre dans le village de Mantrania, à la rencontre d’une de ses tantes. Arrivé dans ce village, il y a un malade, du nom de Lamine Condé, qui a appris qu’un agent de santé séjournait dans leur localité. Il a cherché à le rencontrer pour lui expliquer sa pathologie. Aussitôt, monsieur Béavogui a conclu que le Lamine Condé souffrait d’une tumeur. Au lieu de le référer au sein d’une structure adaptée, il s’est comporté en médecin. Il a commencé à lui administrer des soins. C’est ce qui a tourné au vinaigre, parce que la victime, Lamine Condé, après avoir reçu ces soins, s’est levé subitement, et c’était à une heure tardive, il est aussitôt tombé. Il y avait la salive qui goûtait abondamment de la bouche. Il y avait également la morve qui sortait de son nez. Finalement, il a succombé. A l’audience, nous avons développé nos arguments devant le tribunal parce que nous, nous sommes convaincus qu’il a involontairement donné la mort à monsieur Condé. Ici, il viole une prescription légale. Le fait pour lui d’administrer les produits et qui a entraîné la mort, certes, il n’a pas voulu ce résultat ; mais il ne devrait pas le faire parce qu’il n’est pas médecin. Donc, dans nos réquisitions, nous avons demandé au tribunal de le déclarer coupable et de le condamner à un an d’emprisonnement et au paiement d’une amende d’un million de francs guinéens. Le tribunal l’a déclaré coupable des faits pour lesquels il est poursuivi et l’a condamné à deux ans, assortis de sursis. Nous ne sommes pas d’accord avec cette décision. Aussitôt, nous avons interpellé appel », a fait savoir le procureur.

Ensuite, l’empereur des poursuites a apporté un éclairage sur le dossier opposant le chef du village de Gbarangdö, Kaba Touré, et Karamö Fofana. « Quand nous avons été saisis de la plainte, nous avons fait un soit-transmis au niveau de la Brigade de recherche pour des investigations. Alors, monsieur Kaba Touré a été convoqué. Il a donné des explications. Les agents se sont déplacés, sont partis sur le domaine litigieux, ils ont fait le constat ; et ensuite, la procédure a été déférée à mon parquet. Ce qu’il faut signaler ici, il s’agit d’un conflit au tour d’un domaine. Alors, selon le chef du village, monsieur Kaba Touré, ce domaine sert de cimetière pour le village, alors que le plaignant Karamö Fofana soutient mordicus que ce domaine est la propriété de son défunt père. Donc, les enquêtes sont en cours. Nous sommes en train de regarder est-ce que les faits pour lesquels cette procédure a été initiée sont établis. Si ces faits sont établis, le dossier va être programmé pour le jugement et le tribunal décidera du sort réservé à monsieur Kaba Touré. Mais pour l’instant, nous sommes au stade des investigations », a indiqué Mohamed Bama Camara.

Par rapport aux injonctions faites contre tous les maires, concernant leur gestion, le procureur de la République de Kissidougou a indiqué à la presse que les maires des différentes collectivités continuent de défiler devant la brigade de recherches de la gendarmerie. « La poursuite contre tous les maires avait été engagée avant la dissolution du gouvernement. Donc, l’action publique est déjà mise en mouvement, elle suivra son cours normal. Pour la petite histoire, nous avons reçu des instructions du Procureur général près la cour d’appel de Kankan, à l’effet de poursuivre les maires et autres dans notre ressort judiciaire. Et nous avons, sans tarder, fait un soit-transmis à la brigade de recherche de Kissidougou. Alors, monsieur le maire de la commune urbaine de Kissidougou a vu son passeport saisi et il a été auditionné ainsi que les autres maires des communes rurales. Donc, la procédure est en phase d’être clôturée au niveau de l’enquête préliminaire, et déféré au niveau de mon parquet pour la suite », a fait savoir Mohamed Bama Camara.

Depuis Kissidougou, Abou Millimouno pour Guineematin.com

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