Région de Kankan : la couture, un métier convoité par les jeunes filles non scolarisées de la région

Sona Keïta, couturière

La couture, au-delà d’être un métier, représente de nos jours une opportunité pour de nombreuses jeunes filles de la région administrative de Kankan, qui n’ont pas eu la chance de connaître le chemin de l’école. Ce métier leur permet de trouver un moyen sûr pour assurer leur autonomisation financière. Dans les centres de formation et les ateliers de couture de la commune urbaine, on peut rencontrer un grand nombre de ces filles non scolarisées, originaires de différentes préfectures de la région, venues apprendre ce métier très prisé, rapporte un des correspondants de Guineematin.com dans la préfecture.

De nos jours, la couture offre aux jeunes filles non scolarisées de la région administrative de Kankan une voie vers l’indépendance économique et la réalisation de soi. En apprenant ce métier dans les centres d’apprentissage de couture, elles acquièrent des compétences pratiques qui leur permettent de gagner un revenu et subvenir à leurs besoins, ainsi qu’à ceux de leur famille.

Aïcha Camara, couturière

Aïcha Camara est originaire de Kintinian, dans la préfecture de Siguiri, s’est inscrite dans un centre de formation de Kankan pour une durée d’un 2 ans. L’objectif vise à exprimer sa créativité et son savoir-faire à l’avenir dans son Kintinian natal, tout en formant d’autres jeunes filles non scolarisées. « J’ai commencé ce métier dans mon village à Kintinian, mais vu que je n’ai jamais connu le chemin de l’école, j’avais envie d’apprendre et d’avoir un diplôme. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative de venir m’inscrire dans un centre de formation à Kankan. Et quand je l’ai expliqué à mes parents, ils ont aussi accepté de m’accompagner financièrement. Donc, je suis venue m’inscrire dans ce centre pour une formation de 2 ans. Mon ambition, c’est de retourner dans mon village après ma formation pour former d’autres jeunes filles qui ont les mêmes situations que moi, et qui ne se débrouillent que dans les mines artisanales. Vous savez, l’exploitation artisanale de l’or et le mariage précoce ont beaucoup impacté la scolarisation des jeunes filles dans mon village, et j’en suis une victime.  C’est pour cette raison que je compte former d’autres jeunes filles qui n’ont pas les moyens d’être accompagnées comme l’ont fait mes parents », a-t-elle laissé entendre.

Pour ces jeunes filles, la couture représente également une forme d’expression artistique. Elles sont fières de leur travail et cela renforce leur confiance en elles. C’est également une source de motivation et d’accomplissement personnel.

Fatoumata Doumbouya, couturière

Fatoumata Doumbouya, assise devant sa machine à coudre, pense que l’apprentissage de ce métier peut lui permettre de créer sa propre entreprise de couture. « Je n’ai pas eu la chance, comme d’autres jeunes filles, d’aller à l’école, mais grâce à ce métier, je suis sûre de me comparer à ces filles qui ont étudié. Car après ma formation, je compte ouvrir mon atelier personnel. Bien que je sois une simple apprentie, mais j’arrive à gagner un peu d’argent à travers les petits boulots que je gagne dans le quartier », a-t-elle déclaré.

Aïcha Kato Camara, couturière

Après avoir échoué deux fois à l’examen d’entrée en 7ème année, Aïcha Kato Camara est finalement parvenue à prendre une place importante dans sa famille, grâce à la couture. Cette jeune fille de 15 ans, qui faisait objet de plusieurs critiques au sein de sa famille, a eu l’opportunité aujourd’hui de développer ses compétences et de gagner un revenu. « Je remercie Dieu. Car, c’est Lui qui m’a permis de m’orienter vers ce métier. J’ai étudié jusqu’en 6ème année, mais malgré mon amour pour l’école, j’ai échoué deux fois à l’examen d’entrée en 7ème année. Vu les mécontentements et les critiques de ma famille à cause de mes échecs, j’ai demandé à ce qu’on me laisse apprendre la couture qui était d’ailleurs ma passion depuis à l’enfance. C’est ce qui fut fait immédiatement, et maintenant, je me sens vraiment épanouie. Parce que j’arrive actuellement à satisfaire ma famille grâce à mes petites compétences. Je ne me sens plus ignorée à cause de la couture qui est pour moi mon tout premier mari », s’est-elle réjouit.

Sona Keïta, couturière

Tout comme Aïcha Kato Camara, la jeune Sonna Keïta a aussi réussi à s’offrir une alternative à l’école de la couture. Malgré son illettrisme, elle se sent valorisée. La couture ouvre des portes vers un avenir prometteur, où elle peut prendre en main sa destinée et réaliser ses rêves. « Je ne savais pas que je pouvais entreprendre une formation et la comprendre puisque je ne sais pas lire et écrire. Mais aujourd’hui, je remercie Dieu, car je suis en train réaliser mon rêve qui est celui de travailler et me prendre en charge ainsi que mes enfants, même si je ne suis pas encore dans un foyer. Je suis rassurée désormais qu’avec ce métier, je ne pourrais plus attendre l’aide de quelqu’un d’autre comme par le passé. J’invite toutes les filles qui n’ont pas eu la chance d’être scolarisées d’apprendre leur métier de rêve si elles veulent être autonomes », a-t-elle lancé.

De Kankan, Souleymane Kato CAMARA pour Guineematin.com

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