Me Pépé Antoine Lama sur la requalification du massacre du 28 septembre : « le parquet est passé à côté… »

Me Pépé Antoine Lama

Comme annoncé précédemment, le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit ce mercredi, 20 mars 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry. Et, c’est toujours les avocats de la défense qui ont la parole pour leurs répliques face aux réquisitions du parquet demandant une requalification des faits poursuivis dans cette affaire en crimes contre l’humanité. Me Pépé Antoine Lama, un des avocats du capitaine Moussa Dadis Camara, estime que le parquet a failli à sa mission dans ce dossier. Et pour étayer son propos, cet avocat a indiqué que le ministère public fait prévaloir « l’argument de la force » au détriment des « arguments de droit » dans sa démarche.

« Nous pensions que le ministère public avait fouiller dans sa gibecière juridique pour nous sortir des arguments de droit. Mais, en lieu et place des arguments de droit, on nous a opposé des arguments d’autorité. Cependant, c’est la force des arguments qui prime ici et non l’argument de la force. Un représentant du ministère public, dans un ton musclé, a fait savoir que les avocats de la défense non pas fait preuve de compassion à l’égard des victimes, c’est la raison pour laquelle ils sont en train de contester les réquisitions aux fins de requalification. Ce n’est pas un argument de droit. Ici, nous ne sommes pas des tailleurs, des figurants, etc. Nous sommes des avocats qui sont soucieux de la plénitude de l’exercice de leur sacerdoce, nous ne pouvons pas laisser passer n’importe quoi… Nous ne faisons pas parce que nous avons peur d’affronter la requalification, mais nous le faisons parce que juridiquement irrecevable et mal fondé… Qui peut enseigner aux avocats de la défense la compassion, quand dans les débats un représentant du ministère public se moquait de l’âme de feu Makambo en interrogeant un accusé ? Nous pensons que le ministère public est passé à côté de sa mission dans cette affaire. Quand on a vocation de représenter la société, on a pour vocation unique de requérir l’application de la loi en toute objectivité. On ne le fait pas en servant des intérêts particuliers, on ne le fait pas en se servant de la justice pour régler des comptes à un accusé ou pour garantir l’impunité d’un groupe d’individus », a dit Me Pépé Antoine Lama.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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