Commandant Alpha Kabinet Kaba (anti-drogue) jugé pour homicide à Conakry : « j’ai trébuché et la balle est partie, touchant le jeune »

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L’officier de police Alpha Kabinet Kaba est jugé au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la mairie de Ratoma. En service à la brigade antidrogue, l’accusé est poursuivi pour homicide volontaire, détention illégale d’arme de guerre, usurpation de titre, de fonction, uniforme, signe et emblème. Il lui est reproché, avec d’autres, d’avoir ouvert le feu mortellement le feu sur un jeune, présumé dealer au quartier Taouyah, lors d’une « mission autorisée ». A la barre ce mardi, 19 mars 2024, il a parlé d’un accident, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Lors d’une descente musclée de la police en bordure de mer, au quartier Taouyah, dans la commune de Ratoma, le jeune Abdoulaye Diallo est tué par balle. L’officier de police, des services anti-drogue, le Commandant Kabinet Kaba, et d’autres, seront inculpés. Le Commandant sera mis sous mandat de dépôt à la maison centrale le 22 septembre 2022.

Dans cette affaire, c’est seulement le Commandant Alpha Kabinet Kaba qui est en détention préventive. Les autres, à savoir Souleymane Kourouma, Albert Camara, Mohamed Lamine Camara, Sékou Diawara, Youssouf Diallo, Mamadou Yéro Barry, Kabinet Traoré et Alya Sylla, non détenus, étaient absents à l’audience de ce mardi.

Interrogé par la juge Damba Oularé, l’accusé va parler d’accident. « C’était une mission autorisée. Nos hommes étaient en patrouille et je suis allé avec eux. On est parti en bordure de la mer, car ils nous ont informés qu’il y’avait un groupe de vendeurs et de consommateurs de chanvre indien vers Taouyah. Un infiltré nous avait prévenu qu’il y’avait ce groupe là-bas. Une fois que nous sommes arrivés, je suis resté avec le chauffeur. Dès que les autres sont descendus, certains jeunes ont fui. D’autres ont été arrêtés. Après, le groupe qui avait fui est revenu avec des armes blanches. Ils étaient très excités. Mes éléments ont réussi à mettre main sur le vendeur. Il y’avait une distance entre la voiture et le lieu où le vendeur a été arrêté. On n’a pas pu le mettre dans le pick-up. Le brigadier-chef Mohamed Lamine avait l’arme. Pensant qu’il allait faire pire, j’ai récupéré l’arme de ses mains. Il avait engagé l’arme. En reculant maintenant en marche arrière pour aller vers le pick-up, j’ai trébuché et la balle est partie, toute seule, en touchant le jeune. On a replié, une fois à la base, j’ai reçu l’appel de quelqu’un qui m’a demandé si c’était moi le commandant Kaba ? Quand j’ai répondu que oui, il m’a dit que quelqu’un a été atteint par une balle là où nous étions et qu’il est à l’hôpital. L’adjoint Kaba a été informé, ce dernier a informé le directeur adjoint. Au décès du jeune Abdoulaye Diallo, le lendemain, ils ont décidé de nous envoyer à l’escadron, les neuf autres policiers et moi-même… Depuis que l’acte s’est passé, Dieu seul sait comment je suis. Je regrette. Si je savais ce qui allait se passer là-bas, je l’aurais évité…Dès que l’acte s’est produit, j’ai appelé les chefs pour leur dire ce qui s’est passé ».

Après l’avoir écouté et posé des questions, le tribunal a décidé de renvoyer l’affaire pour la comparution des autres prévenus, non détenus. Ils seraient mutés dans d’autres services, d’après les informations données par le parquet, qui rassure de les faire comparaître à la prochaine audience.

Dans la foulée, l’avocate de la défense va formuler une demande de mise en liberté provisoire pour le Commandant Alpha Kabinet Kaba.

Le représentant du ministère Public, Amara Camara, va s’opposer à cette demande, arguant qu’il était d’abord nécessaire d’écouter davantage l’accusé dans cette affaire.

Face à cette réponse du parquet, la défense va rétorquer que « la conscience est la meilleure sanction possible. Il est condamné à vie, car cette situation va peser sur sa conscience… Le sort et la liberté de mon client est entre vos mains madame la présidente », a-t-elle dit.

Le Tribunal a mis en suspend la demande de mise en liberté provisoire et avant de renvoyer l’affaire au 26 mars 2024 pour la comparution des autres prévenus.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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