Guinée : ce que Ben Daouda Nassoko recommande au ministre des sports,  Kéamou Bogola Haba (interview)

Ben Daouda Nassoko, président du comité national olympique et sportif guinéen

Le Président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, a récemment nommé Kéamou Bogola Haba, ministre de la Jeunesse et des Sports. Cette nomination a suscité de multiples réactions. Beaucoup estiment qu’il n’a pas le bon profil d’être à la tête de ce département. Dans un entretien avec un reporter de Guineematin.com, Ben Daouda Nassoko, président du comité national olympique et sportif guinéen, a livré ses impressions suite à cette nomination. Il a également fait assez de recommandations au nouveau patron du département des sports.

Entretien

Guineematin.com : quelles sont vos impressions suite à la nomination de Kéamou Bogola Haba, à la tête du ministère de la jeunesse et des sports ?

Ben Daouda Nassoko : c’est promoteur. Je suis pessimiste parce que chaque fois que nous recevons un patron du département en matière des sports, c’est cet espoir,  mais généralement je vous avoue que la plupart va pour nous laisser sur notre faim. Je suis pessimiste avec l’arrivée de monsieur Haba, parce que je pense qu’il va être à l’écoute, il va être à l’écoute de ses collaborateurs, à l’écoute aussi des partenaires, à l’écoute aussi de ses conseillers. Le comité national olympique et sportif est un organe consultatif du ministère en charge des sports, mais la plupart nous laisse sur notre faim parce que généralement on ne nous consulte pas, et nous avons notre rôle à jouer dans le développement du sport en Guinée. Nous avons notre rôle à jouer à travers le CIO. Tous les sports en République de Guinée sont inclus dans le mouvement sportif guinéen et l’organe suprême du mouvement sportif guinéen c’est le comité national olympique et sportif.

Guineematin.com : certains disent que Kéamou Bogola Haba n’a pas le profil d’être ministre de la jeunesse et des sports. Qu’en pensez vous ?

Ben Daouda Nassoko : c’est quand même une ignorance. Il n’est pas dit que pour être ministre de la santé il faut forcément être docteur. Le ministre est un manager, le ministre c’est un coordonnateur, le ministre c’est un initiateur. Il initie les activités, il veille sur l’exécution. Un bon ministre n’a pas besoin d’être spécialiste dans le domaine où il est en train de diriger. C’est pour cela je dis que c’est une erreur qui émane purement de l’ignorance.

Guineematin.com : qu’est-ce que vous recommandez au nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports ?

Ben Daouda Nassoko et Kéamou Bogola Haba

Ben Daouda Nassoko : Nous recommandons la bonne collaboration, que chacun fasse son rôle. Par exemple, les contradictions au sein des fédérations, le ministre en charge des sports n’a rien n’a foutre, il a des dossiers à gérer, il a des situations à gérer sur le plan macro, il n’a pas besoin de descendre en bas. C’est le comité national olympique qui est indiqué pour ça, et notre partenaire dans de telle situation c’est les fédérations internationales. La fédération internationale de chaque discipline, c’est avec elles nous discutons. Quand nous intervenons dans une discipline, nous collaborons avec la fédération internationale.

Le CIO (comité international olympique) nous donne des recommandations concernant les conflits. La fédération internationale collabore avec nous parce que leur souhait c’est le règlement, mais si le département vient pour ça, c’est pas possible.

Guineematin.com : quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées avec les ministre sortants ?

Ben Daouda Nassoko : On a demandé les multiples consultations, les multiples rencontres, on a toujours sollicité hebdomadaires, mensuelles ou trimestrielles, qu’on se rencontre, on tire des leçons, on parle, ça n’a jamais été, et ça ne peut pas aller si ce n’est pas ça. Il faut que le comité national olympique et le ministère se rencontrent régulièrement et qu’on discute des problèmes qu’on a en vu, et les problèmes qu’on a exécutés, des leçons à tirer, projeter ensemble, normalement ça doit se faire dans un complexe de supériorité, c’est une collaboration. Le sport est une discipline multidisciplinaire, donc une seule institution ne peut pas.

Nous par exemple, on donne des stages aux entraîneurs, aux fédérations, on donne des projets aux fédérations, on forme les athlètes, des fédérations, des entraîneurs, on forme des membres du bureau exécutif. Le ministère en charge des sports ne fait pas ça. Le ministère des sports est sur le terrain pour exécuter le programme gouvernemental en matière de sports, c’est ça le rôle du ministère des sports alors que dans le sport, nous avons des financements qui viennent des privés, des mécènes, des sports, de l’État, sur le plan africain, nous l’ACNOA qui intervient, sur le plan international nous avons les fédérations internationales, sur le plan international encore nous avons le CIO. Tout ça pour le développement de toutes les disciplines. À travers le CIO, on dépense pour le sport. Nous avons la salle Olympa Africa, on a un centre à Kassa, on vient d’avoir un terrain à Boké, tout ça c’est le développement du sport à la base.

Guineematin.com : où sommes-nous avec le déguerpissement du siège du comité national olympique et sportif guinéen ? 

Ben Daouda Nassoko : Nous sommes encore dans le stade. On est accroché dans le stade même sur papier on n’est déguerpi. Même si sur papier on a eu des promesses qu’on va nous donner des millions qu’on n’a jamais vu parce qu’on avait un ministre promesse. On n’a jamais eu, on est encore là accroché, nos effets sont préparés pour être jetés ou quoi, parce que nous ne savons où amener.

Guineematin.com : dans ce cas précis, qu’est-ce que vous demandez au ministre Kéamou Bogola Haba ?

Ben Daouda Nassoko : là où sommes, ça ne dérange en rien de ce qui va se faire dans le stade. Dans ce stade, il y a des maquis, des boutiques. Les locaux que ceux-ci occupent là, on peut rester là-bas. S’ils tiennent à notre place là, on nous donne là-bas. Mais il y a des commerçants, des boutiquiers dans le stade, on laisse tout ceux-ci, et puis le comité national olympique et sportif, déguerpissez. C’est une ignorance, ce n’est pas savoir le rôle du comité olympique dans un pays.

Entretien réalisé par Kaïn Naboun TRAORÉ pour Guineematin.com 

Tel : (+224) 621144891 

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