Meurtre par balle de Thierno Mamadou à Conakry : l’adjudant-chef Moriba Camara à la barre de la cour d’appel

Le procès en appel de l’adjudant-chef Moriba Camara, accusé du meurtre par balle de Thierno Mamadou Diallo à Hamdallaye, dans la commune de Ratoma, s’est poursuivi ce jeudi, 21 mars 2024, à la Cour d’appel de Conakry. C’est en présence de toutes les parties que le procès s’est tenue devant la nouvelle composition de la cour. Devant cette nouvelle composition , le conseil de la partie civile, absente à l’audience précédente, a décliné les motifs de son appel contre la décision rendue en première instance. Maitre Thierno Souleymane Baldé à demandé à la Cour de prononcer une sentence exemplaire à l’encontre de  l’accusé, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans cette affaire,  c’est le 1er juin 2022 que Thierno Mamadou Diallo, élève en classe de 10ème année, originaire de Timbo, dans la préfecture de Mamou, a été tué par balle. C’était suite une manifestation relative à la hausse du prix du carburant à la pompe. Après enquêtes, l’adjudant-chef Moriba Camara est mis aux arrêts, inculpé et placé sous mandat de dépôt le 13 juin 2022.

Le dossier a été jugé au tribunal de première instance de Dixinn où il a plaidé non coupable tout le long du procès. Cependant, le tribunal l’avait déclaré coupable des faits de meurtre. Pour la répression, il avait écopé de 10 ans de réclusion criminelle. C’est contre cette décision que l’accusé et ses conseils ont relevé appel.

A l’audience de ce jeudi 21 mars, maître Thierno Souleymane Baldé, un des conseils de la partie civile, a pris la parole en premier.  L’avocat a fait remarquer à la cour que l’accusé n’a aucun remord par rapport à l’infraction de « meurtre  » qu’il est accusé avoir commis.  A cet effet,  il  demande à cette nouvelle composition de la cour d’infliger une peine exemplaire à l’adjudant chef Moriba Camara. « C’est à la suite des auditions de ses collègues que l’adjudant chef Moriba Camara a été arrêté. Si ce n’était pas lui qui avait commis l’infraction,  il n’y avait aucune raison à ce que ses collègues disent que c’est lui. C’est suite à ces auditions qu’il a été arrêté. Il a été jugé et condamné. Mais, nous nous attendions à ce qu’il soit condamné à une sentence exemplaire parce qu’il n’a aucun remord. On constate que l’accusé n’éprouve aucun remord. Aucune compassion. Pourtant c’est à un être humain qu’il a ôté la vie.  C’était un brillant étudiant. Mais il n’a aucun remord. Il faudrait qu’il soit condamné à une peine exemplaire. Aujourd’hui, s’il arrive à sortir, il va reprendre la même chose parce qu’il n’a pas pris conscience… », a lancé maître Thierno Souleymane Baldé.

Pour sa part,  la défense par la voix de maître Kabinet Kourala Keïta, clame l’innocence de son client.  Pour lui, c’est un innocent qui a été sévèrement condamné par le tribunal de première instance de Dixinn. « Ce monsieur qui s’est battu corps et âme pour la restauration de l’ordre public a été récompensé de cette sorte. Ce jour,  l’adjudant chef Moriba Camara était avec ses collègues. Chacun avait une arme et chacun a tiré sur la même direction. En quoi alors on peut prendre la déclaration des uns à la charge de l’autre. Il a été condamné, mais aucune preuve n’a été démontrée. On parle de transport judiciaire effectué sur les lieux et les résultats des rapports de la police scientifique. Mais l’accusé présent ici n’a jamais été confrontés avec un enquêteur, il n’a jamais été sur le lieu du crime pour un quelconque transport judiciaire. Il n’a jamais vu ce rapport de la police scientifique. C’est un innocent qui est là… », a martelé maître Cabinet Kourala.

Dans sa déposition, l’accusé continue de clamer son innocence. Il soutient que s’il n’avait pas fait les deux tirs de sommation, il ne serait pas là aujourd’hui. « Nous étions au nombre de 5 agents dans le pick-up. C’était aux environs de 19 heures.  On était assis. On a vu des manifestants armés de cailloux et de machettes venir vers nous. Tout le monde a tiré.  Moi j’ai fait deux tirs de sommation en l’air pour disperser la foule. Si je n’avais pas fait ces deux tirs de sommation en l’air,  je ne serais pas là aujourd’hui. La balle qui a été retrouvée, ce n’est pas moi qui l’ai tirée », a réitéré l’accusé a la barre.

Au terme de cette déposition,  la cour a renvoyé l’affaire au 18 avril 2024 pour la comparution des témoins  et la suite des débats.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com 

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