La ville de N’Zérékoré, située au sud de la Guinée, en région forestière, à 1000 km de Conakry, se trouve de plus en plus impactée par les changements climatiques. La destruction du couvert végétal et ses corollaires affectent les populations avec une chaleur excessive et inhabituelle, le tout couronné par une rareté des pluies. Dans un entretien accordé à l’équipe de Guineematin.com basée dans la préfecture ce mardi, 02 avril 2024, Gbazighé Inapogui, responsable régional de la météo, a apporté des précisions sur cette situation.
«Je crois que si j’ai bonne mémoire, il y a eu une alerte qui a été émise par la direction nationale de la météorologie. Ça date du 18 jusqu’au 28 mars 2024 pour 10 jours. Dans ce bulletin, il est prévu que pour les dix (10) prochains jours, nous allons assister à des vagues de chaleur en Basse et en Haute Guinée et un peu vers le nord de la Moyenne guinée en plus des précipitations en Guinée forestière. Pendant les mêmes dix (10) jours, les effets cumulés de l’équinoxe du printemps avec une question de chaleur chaude en provenance du sahel qui va provoquer une augmentation maximale journalière dépassant parfois les normales climatologiques. C’est-à-dire que pendant les périodes où le jour et la nuit ont la même durée, il y a des effets de façon climatologique qui influencent. Après augmentation de chaleur, comme résultat, il y a un tableau dont les villes concernées par cette chaleur, par exemple Conakry qui va recevoir jusqu’à 35 degrés, Kankan jusqu’à 39 degrés. Mais il y a Koundara et Siguiri qui sont au nord vers la frontière du Mali qui vont recevoir plus de chaleur que nous autres. Mais la particularité est la zone forestière qui va recevoir la pluie contraire aux autres régions comme le bulletin l’a prévu », a expliqué monsieur Inapogui.
Par ailleurs, ce responsable régional de la météo de N’Zérékoré en donne les causes. « Les causes de la chaleur qui ont été évoquées dans ce bulletin sont les effets cumulés de l’équinoxe du printemps avec une question de chaleur chaude en provenance du Sahara. Et là, les zones qui ne sont pas frontalières au Sahara vont recevoir moins de chaleur. Il faut mentionner que ça fait très longtemps que N’Zérékoré n’a jamais atteint les 38 degrés. Cette année, au niveau de la forêt, je crois que c’est au mois de février qu’on avait atteint les 37,8 degrés. Alors, l’origine de cette grande chaleur reste les effets qui se produisent au Sahara et qui se répercutent sur nous. Mais nous, nous faisons une particularité parce que nous avons un peu de couvert végétal par rapport aux zones frontalières au Sahara. La cause principale de ce changement, c’est les effets du Sahara qui font que les pluies deviennent de plus en plus rares», a indiqué Monsieur Gbazighé Inapogui.
Poursuivant, le responsable de la météo régionale de N’Zérékoré évoque également les raisons du tarissement des eaux de puits dans la ville. «Le tarissement des puits à N’Zérékoré peut se situer à deux (2) niveaux, dont la première raison s’explique par la rareté des pluies maintenant-là, et la seconde qui peut s’expliquer par le fait que les puits ne sont pas creusés en profondeur. Déjà, nous avons un effet lié à la pluviométrie puisque dans les années passées, dès les mois de janvier et février, on pouvait avoir une certaine quantité de pluviométrie jusqu’en mois de mars où on pouvait avoir 100 et quelques millimètres d’eau. Mais pour cette année, nous n’avons même pas dépassé les 50 millimètres d’eau. Alors, il y a une raison bien fondée que les puits tarissent à N’Zérékoré à cause bien sûr de cette rareté de pluie», a-t-il précisé.
En outre, Gbazighé Inapogui lance une alerte à la population dans le sens de sauvegarder un système climatique favorable. « Aujourd’hui, le message qu’on peut véhiculer est d’abord de faire comprendre que nous sommes tous responsables de ce phénomène, parce que nous voyons une déformation ou un déséquilibre du système climatique. Le message phare est de prendre soin du couvert végétal pour sauvegarder le système climatique. On rappelle à la population de garder et conserver le couvert végétal», a lancé le responsable météorologique régionale de N’Zérékoré, Gbazighé Inapogui.
De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah et Jean David Loua pour Guineematin.com
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