Tentative d’assassinat, vol à main armée… un informaticien, un mécanicien et un DJ jugés au tribunal de Dixinn

Le procès d’Alsény Keïta (informaticien), Sékou Djibril Sylla (mécanicien-chauffeur) et Mohamed Camara (DJ animateur de boîte de nuit) s’est poursuivi au tribunal de première instance de Dixinn ce jeudi, 9 mai 2024. Ces trois hommes sont poursuivis pour tentative d’assassinat, coups et blessures volontaires, association de malfaiteurs, vol à main armée, recel et complicité. Ils sont impliqués dans la vente et l’achat des téléphones de Madame Fatoumata Baldé, partie civile dans l’affaire. Lors de la phase de questions-réponses, les trois accusés, détenus depuis le 22 décembre 2022, ont nié les accusations portées contre eux, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Madame Fatoumata Baldé a été attaquée à son domicile par des hommes cagoulés et armés, dirigés par un certain Alseny Sayon Camara alias Wizi. Au cours de l’attaque, la dame a été blessée au pied et plusieurs de ses biens ont été emportés. Des mois plus tard, l’un des téléphones de la victime a été retrouvé sur le marché noir, entre les mains d’un individu qui l’avait acheté, Alsény Keita, informaticien. Dans sa déposition devant le tribunal de Dixinn, ce dernier a déclaré : « Je ne reconnais pas les faits. Un jour, alors que je quittais Sangoyah, je suis arrivé à Matoto où je suis tombé sur des gens de Bordeaux. J’ai rencontré Alseny Sayon Camara alias Wizi et nous avons discuté. Il m’a proposé d’acheter des téléphones. Après avoir récupéré mon sac pour y mettre mon PC, je suis retourné pour prendre son numéro de téléphone. Deux à trois mois plus tard, j’ai demandé de l’argent à mon père pour Campus France. Bien qu’il n’en ait pas, il m’a donné 500 000 francs. J’ai appelé Wizi pour acheter un téléphone avec lui. Il a accepté et je suis retourné à Matoto comme convenu, où j’ai rencontré Mohamed Camara alias Junior. Après avoir examiné le téléphone, Wizi est arrivé, puis j’ai acheté le téléphone pour 400 000 francs. J’ai inséré ma puce et j’ai passé un appel devant lui. J’ai acheté ce téléphone pour Campus France. Après en avoir eu besoin, j’ai demandé à un ami de le vendre. Quelqu’un d’autre l’a acheté et un mois plus tard, j’ai été arrêté et informé de la situation. J’ai affirmé que le téléphone que j’avais vendu n’était pas volé car je faisais confiance à celui qui me l’avait vendu. Ensuite, un gendarme m’a arrêté. Je me suis rendu à la gendarmerie. Aujourd’hui, je regrette d’avoir acheté ce téléphone. Si j’avais su qu’il provenait d’un délit ou d’un crime, je ne l’aurais jamais acheté », a-t-il dit.

Sékou Djibril Sylla, mécanicien et chauffeur, s’est également retrouvé impliqué dans cette affaire après avoir acheté l’un des téléphones volés lors de l’attaque. Dans son explication, il a réfuté les accusations portées contre lui et a donné sa version des faits : « Je ne reconnais pas les faits. Je suis allé à Matoto où j’ai rencontré des gens de Bordeaux. J’avais un téléphone Samsung défectueux que je devais remplacer. En échange, ils m’ont donné 160 000 francs et un autre téléphone. Lorsqu’ils m’ont remis le téléphone, il était éteint. Une fois chez moi, j’ai réalisé qu’il était endommagé. Le lendemain matin, je l’ai ramené mais Wizi n’était pas là. Je suis reparti et le lendemain matin, Wizi était encore absent, comme l’a indiqué le coordinateur des Bordelais. Plus tard, des gendarmes sont venus me chercher. Si j’avais su que le téléphone était volé, je ne l’aurais même pas regardé », a-t-il fait savoir.

Le troisième accusé à comparaître, Mohamed Camara, animateur de boîte de nuit, nie également les accusations portées contre lui. Il explique comment il s’est retrouvé impliqué : « Je ne reconnais pas les faits. Un jour, mon patron m’a demandé de réparer les ampoules dans la boîte de nuit où je travaille en tant que DJ. Arrivé à Matoto, j’ai rencontré Wizi. Il m’a remis un téléphone en disant que sa mère était malade et qu’il se rendait à Kindia. J’ai pris le téléphone en attendant Alseny Keïta pour le lui montrer. Avant même de le lui remettre, Wizi est arrivé et je les ai laissés tous les deux au bord de la route avant de repartir. Si je suis libéré, je suis prêt à aider le tribunal à arrêter Wizi. Je ne vais pas souffrir en prison pour quelqu’un. Maintenant, peu importe ce qui se passe, je ne vais plus aider qui que ce soit, quelle que soit l’urgence », a-t-il dit.

Après la clôture des débats, l’avocat de la partie civile a plaidé pour que les accusés soient reconnus coupables et condamnés solidairement à 500 millions de francs guinéens pour tout préjudice causé à sa cliente, Madame Fatoumata Baldé.

Dans ses réquisitions, le ministère public a demandé d’abord une condamnation à deux ans de prison contre Naby Camara, Ibrahima Cherif et Morlaye Yansané, tous en fuite, ainsi qu’un mandat d’arrêt à leur encontre. Pour Mohamed Camara, le ministère public a déclaré qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour le condamner. Il a requis une peine de trois ans de prison et une amende de 1 million de francs guinéens pour Alsény Keita. En ce qui concerne Sékou Djibril Sylla, le ministère public a demandé au tribunal de le condamner à deux ans de prison et de payer une amende de 500 000 francs guinéens. Le ministère public a également demandé que Alseny Sayon Camara alias Wizi, considéré comme le cerveau de l’attaque, soit condamné à vingt ans de réclusion criminelle et qu’un mandat d’arrêt soit délivré contre lui.

Dans ses plaidoiries, l’avocat des trois accusés présents à la barre a demandé le renvoi de ses clients pour non-constitution de délit. Après les réquisitions du ministère public et les plaidoiries de la défense, le président du tribunal a renvoyé le dossier au 30 mai pour rendre sa décision.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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