Me Hamidou Barry sur les crimes du 28 septembre : « après avoir commis l’acte sexuel (sur une dame)… les militaires ont repassé ses fesses »

Comme annoncé précédemment, la phase des plaidoiries et réquisitions a démarré ce lundi, 13 mai 2024, dans le procès du massacre du 28 septembre 2009 qui se tient devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry). Et, c’est Me Hamidou Barry qui fait son grand oral devant cette juridiction de première instance. Il a promis d’articuler sa plaidoirie autour de trois points. Il estime que les événements du 28 septembre ne sont pas l’œuvre des seuls accusés qui sont à la barre. Et il s’emploie à accabler la junte militaire du CNDD qui était au pouvoir à l’époque et qui était dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara. Il dénonce notamment les cas de tuerie, de viol, de blessures et de corruption qui ont marqué le 28 septembre 2009 et les jours suivants. Il a livré un témoignage sur une femme qui a été violée par des militaires qui lui ont ensuite repassé les fesses avec un fer chaud. « Ses fesses sont devenues albinos », a dit l’avocat avec beaucoup d’émotions.

Guineematin.com vous propose ci-dessous un court extrait de la plaidoirie de Me Hamidou Barry.

« L’intérêt de ce procès pour moi, c’est de connaître ce qu’il s’est réellement passé dans le dossier du 28 septembre. C’est vrai que nous n’avons pas tout appris, mais nous avons quand-même appris, nous avons compris ce qu’il s’est passé dans l’affaire du 28 septembre 2009 et les jours qui ont suivi… L’intérêt de ce procès, c’est de nous conduire à la réconciliation nationale. Il n’y a aucun Guinéen à écraser ou à écarter, il n’y a aucune région à éliminer ou à écarter… Pour celui qui réfléchit, il y a eu le 28 septembre 2009 parce qu’on n’a pas jugé les massacres de janvier et février 2007. Les évènements du 28 septembre 2009 sont les conséquences logiques de ce qui s’est passé en Guinée depuis 1958. Parce qu’à mon avis, l’Etat guinéen a été défaillant depuis 1958. Les systèmes ont échoué. Ce sont les agents de l’Etat, les moyens de l’Etat, l’argent de l’Etat qu’on utilise pour tuer la population. Et, ce sont les pauvres qu’on tue le plus souvent. L’Etat doit arrêter cela… L’affaire du 28 septembre 2009, c’est l’affaire la plus claire. Tout ce qui s’est passé lors des événements du 28 septembre 2009, est-ce que ce sont nos onze compatriotes-là seulement ? A mon avis, ce n’est pas eux seulement, il y en a d’autres. Mais, chacun ira avec sa conscience. Au stade (…), il y a eu une fusillade expresse, à bout portant, on a arrogé à balles réelles et à rafale… Mais ce qui m’a touché, qui m’a fait mal et qui révolté l’opinion nationale et internationale, c’est l’affaire [le viol] des femmes. J’ai assisté une dame, après avoir commis l’acte sexuel (le viol) sur elle, ils (les militaires) l’ont prise et l’ont envoyée au camp Alpha Yaya où ils ont repassé ses fesses avec un fer chaud. Ses fesses sont devenues albinos… Je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie. Il y a eu des blessés graves, des destructions de biens sur l’axe [Hamdallaye-Kagbelen]. Ce qui s’est passé au camp Koundara, c’est des tortures. Tuer, violer, blesser et jeter les gens dans l’océan ne suffisaient pas, il fallait aussi la corruption. Il fallait arracher les petits sous de la vendeuse de tomate pour libérer son enfant, c’est écœurant », a indiqué Me Hamidou Barry.

Nous y reviendrons !

En attendant, Guineematin.com vous propose de cliquer sur ce lien pour suivre en direct ce procès :

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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