Avoir un bon mari ou un emploi pour être indépendantes ? Ce qu’en disent des femmes et filles de N’Zérékoré

Rachelle Théa, apprentie couturière

L’une des questions qui tourmente l’esprit des jeunes filles en âge de se marier est de savoir s’il faut avoir, pour son foyer, un mari qui intervient et satisfait tous ses besoins, ou s’il faut avoir son propre emploi pour une certaine indépendance. La question fait débat dans un contexte de difficultés économiques inédites. À cette question, des jeunes filles et femmes de N’zérékoré, interrogées par un des correspondants de Guineematin.com, ont donné leurs avis. Même si elles sont unanimes que la femme doit avoir un emploi pour subvenir à ses besoins, elles n’écartent pas la thèse d’avoir un mari qui s’occupe de tout, ou presque.

Rencontrée à l’université de N’Zérékoré, Oumou Hawa Baldé, enseignante de profession, préfère être financièrement indépendante dans un foyer et appelle les autres femmes à prendre leur vie en main.

Oumou Hawa Baldé, enseignante

« Moi, je préfère tout d’abord être financièrement indépendante. J’ai toujours envie d’être une femme battante, qui préfère travailler. Quand on travaille dans un couple, on s’entraide à partir de ce qu’on fait, et là, c’est mieux. Tu peux être avec un homme qui a tout et qui fait tout pour toi, et tu préfères être à la maison. Mais quand ce tout que tu vises là finit un jour, ça ne sera pas facile. Pour moi, il faut avoir un emploi pour travailler et s’entraider. Un couple doit vivre pour ça, parce que c’est l’union des deux. Pour ceux ou celles qui pensent que si une femme a un emploi et qui est salariée, n’a plus de respect ou de considération majeure pour son mari, je dirai que chaque femme a son caractère personnel. Mais, je ne vois pas que ça soit à cause de son emploi qu’il faut manquer de respect et de la soumission à son mari. Toutes les femmes ne sont pas pareilles. Mon conseil pour celles qui pensent que le mieux c’est d’avoir un mari Alpha Oméga, qui leur fait tout, est de les appeler à changer cette idée et de prendre leur vie en main. Cela ne veut pas forcément dire qu’il faut étudier pour avoir un emploi. Tout le monde n’a pas sa chance dans les études. Elles peuvent apprendre un métier ou entreprendre quelque chose pour aider leur mari et apporter son grain de sel dans le foyer », conseille la jeune enseignante, Oumou Hawa Baldé.

Même son de cloche chez Rose Bamba qui conseille aussi la gent féminine à ne pas dépendre des hommes.

Rose Bamba, enseignante contractuelle

« Pour moi, je pense qu’on ne doit pas dépendre des hommes quel que soit l’amour qui nous lie, parce que rien ne demeure constant et perpétuel. Tout peut arriver et tout peut changer à tout moment. Raison pour laquelle, nous les femmes, nous devons aussi nous battre pour faire quelque chose. Nous ne devons pas nous focaliser ou compter juste sur le geste de notre mari pour avoir les bras croisés et être fières de ça. D’une part, nous femmes, nous devons faire quelque chose pour nous-mêmes, pour nos enfants et même pour nos maris. Alors pour moi, il est mieux et nécessaire d’avoir un emploi. Je n’admets pas cette idée qui fait croire que lorsqu’une femme a un emploi et qui prend son salaire, n’a plus de respect, de soumission ou de considération majeure pour son mari. Une femme bien éduquée, qui a un emploi, peut bien sûr avoir le respect et la soumission à son mari pour cause des enfants. L’orgueil pour la femme dans une telle situation, c’est quand le mari même ne travaille pas ou s’il ne fait rien. Parce que certaines femmes peuvent se permettre de dire que mon mari ne fait rien, c’est moi qui fais tout. Mais, si les deux travaillent, sortent le matin chacun pour son boulot et se retrouver le soir, je ne pense pas à ce que la femme ait de l’orgueil. C’est pourquoi je demande à mes camarades de se battre. Tout le monde doit se battre, parce même si l’homme a tout et qui fait tout pour soi, un jour, ça peut dérailler », a-t-elle laissé entendre.

Pour sa part, Rachelle Théa, apprentie couturière, domiciliée au quartier Horoya Jamaïque, appelle et encourage toutes les femmes à travailler pour ne pas se voir un jour trahie et humiliée par l’homme.

« Je sais qu’il n’est pas exclu pour nous les femmes d’avoir un bon mari qui s’occupe bien de nous. Mais je me dis que le premier mari d’une femme, c’est son emploi ou son métier. Vous pouvez bien commencer une vie amoureuse avec un homme, mais par la suite, il peut être capable de te trahir ou de t’humilier à cause du fait que c’est lui qui fait tout. Le désir de toute femme est d’avoir un bon mari. Mais la version de la vie actuelle n’est pas rassurante. Donc, mieux vaut avoir aussi un emploi ou un métier qui t’aide à te soutenir, à t’occuper de tes enfants et même de tes parents. Pour moi, en le faisant, on peut avoir de la valeur aux yeux des hommes. Mais quand on dit que c’est son mari qui doit faire tout et ne compter que sur lui, l’homme peut facilement se foutre de toi. Que toutes les femmes aient un boulot et le courage de travailler », a lancé la jeune Rachelle Théa.

De N’Zérékoré, Jean David Loua pour Guineematin.com

Tél. : (+224) 620 58 60 02

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