Procès du 28 septembre 2009 : Me Malick Diakité charge les manifestants et demande l’acquittement de Cécé Raphaël Haba

Cécé Raphael Haba

La phase des plaidoiries se poursuit au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, où se déroule  le procès du massacre et des viols du 28 septembre 2009 (157 morts et une centaine de femmes violées, selon les Nations Unies). Ce mercredi, 29 mai 2024, c’est Me Malick Diakité, avocat de Cécé Raphaël Haba, un des accusés dans ce dossier, qui a ouvert le bal au compte de cette journée pour les avocats de la défense. Dans sa longue plaidoirie, il a plutôt pointé du doigt les manifestants qui, selon lui, ont lancé un défi à l’Etat. Il estime que son client est innocent et demande son acquittement, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Me Malick Diakité a rappelé au tribunal que l’arrivée du CNDD, la junte qui a pris le pouvoir au lendemain de la mort du président Lansana Conté, a mis fin à une pagaille qui régnait au sommet de l’Etat à l’époque, le 23 décembre 2008.

Me Malick Diakité, avocat de Cécé Raphaël Haba

« L’arrivée du CNDD a mis fin à une pagaille qui s’était installée au sein du pouvoir de la deuxième République. Le président Lansana Conté, physiquement diminué et malade, ne gouvernait plus. Son entourage en profitait pour lui faire signer des décrets et de ce qu’on a appelé des contres décrets. La Guinée allait droit dans le mur, elle naviguait sans capitaine. L’armée ne rassurait pas non plus à cette époque. A la fin du règne de Lansana Conté, il y avait des remous, des revendications portées par certains militaires qui avaient plus d’influence que leurs supérieurs, on pourra nommer Claude Pivi. Alors on n’est pas étonné qu’à la prise du pouvoir, qu’il y ait de chaudes disputes sur le choix de la personne qui allait être à la tête du pays. Le CNDD a hérité d’une armée indisciplinée et incontrôlable, c’est une vérité, nous savons comment c’était. Mais, le massacre du 28 septembre n’a pas été préparé par une réunion entre les chefs militaires », soutient-il.

Sur le demande de requalification des faits en crimes contre l’humanité, soulevée par le parquet, comme la plupart de ses confrères, Me Malick Diakité se dit surpris et fait savoir que l’Etat a tout fait pour empêcher la tenue de la manifestation du 28 septembre. Il est allé jusqu’à charger les manifestants. « Sur la requalification des faits, je ne sais pas ce que je peux dire, mais nous sommes surpris d’entendre des plaidoiries et un réquisitoire qui portent sur une infraction qui n’a pas fait l’objet de débats. Je m’excuse, mais le ministère public et la partie civile sont hors-jeu, hors sujet. Ici, vous saurez que faire. On ne peut pas tenir compte de ce qu’ils ont dit, vous ne pouvez tenir compte que de la plaidoirie des avocats parce que nous estimons que la partie civile et le ministère public n’ont pas requis. On dit que le massacre a été préparé par certains des accusés, mais soyons sérieux et soyons de bonne foi, celui qui planifie fait tout pour accomplir son projet et ne mène pas des actions pour empêcher la réalisation du projet. Pourtant, l’Etat a tout fait pour empêcher la manifestation en faisant un communiqué pour interdire toute manifestation, en casernant les militaires, en fermant le stade le 11 septembre, et le président a appelé un des leaders des forces vives de la nation. Reconnaissons que les manifestants ont lancé un défi à l’Etat. Le jour du massacre, Cécé Raphaël a demandé la permission à Toumba d’aller à côté de sa femme, qui peut organiser un massacre et faire une grâce matinée ? Ça n’a pas de sens. Ceux qui ne voulaient pas de massacre, de barbarie et viol et de violence, sont assis devant vous, mais les vrais acteurs ne sont pas là », a-t-il déclaré.

Pour terminer, Me Malick Diakité fait savoir que la justice guinéenne a fait une victime de plus dans ce procès. Il s’agit de Cécé Raphaël Haba dont il demande l’acquittement. « La justice guinéenne a fait une victime de plus dans ce procès. Cette victime, c’est Cécé Raphaël Haba. Son cas est triste mais en même temps révoltant, inadmissible et inconcevable. Mais avant de laisser exploser ma colère, parlons de quelque chose qui est très curieux, c’est le prononcé de l’affaire, ministère public contre Cécé Raphaël Haba, mais pourquoi son nom vient en première position ? Je ne comprends pas pourquoi le pool des juges d’instruction met son nom en premier. Il est victime de la phase sombre de la justice, je ne le souhaite à personne. La matinée du 28 septembre, il est venu voir Toumba et lui a demandé la permission d’aller voir sa femme, Toumba accepte et lui remet 400 000 GNF et pendant deux jours il était entre la maison et l’hôpital, il ne savait même pas ce qui se passait. C’est en prison qu’il a eu tous les détails grâce à Marcel. L’instruction a supprimé 14 ans de liberté pour ce Monsieur. Cécé Raphaël Haba est innocent. M. le président, rendez à Cécé Raphaël Haba la justice qu’on a éloigné de lui. Réparez l’injustice qu’on a fait subir à cet homme en l’acquittant »

Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

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