Dix adolescents portés disparus à Tombolia (Conakry) : enlèvement ou périlleux chemin de l’aventure ?

Il s’agit de dix (10) adolescents, dont l’âge varie entre 13 et 16 ans, qui sont portés disparus depuis la nuit du samedi 22 juin 2024, au quartier Tombolia, à Conakry. Les membres des familles des enfants pointent du doigt un certain Sékou. Selon eux, il est à l’origine de la disparition de ces enfants à qui il aurait promis le voyage pour l’Europe. Ces enfants ont réussi à dérober des téléphones et de l’argent de leurs parents avant de disparaître dans la nature, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les 10 enfants en question ont-ils été kidnappés ? Ont-ils pris le périlleux chemin de l’aventure ? Autant de questions qui taraudent les esprits et créent l’inquiétude dans les familles. Il s’agit de : Oumar Camara, Sékou Sylla, Ibrahima Camara, Mohamed Fofana, M’bemba Bangoura, Aboubacar Fofana et Famouyin Damaro Camara (tous âgés de 14 ans) ; Saïkou Baldé, âgé de 16 ans ; Cheick Ahmed IB Sylla, âgé de 15 ans ; Alseny Bangoura, âgé de 13 ans.

Mama Aïssata Keïta, membre de la famille, explique comment les faits se sont produits.

Mama Aïssata Keïta, membre de la famille

 « Ce sont nos enfants qui ont disparu. Comment est-ce qu’ils ont disparu ? C’est un de leur ami qui travaille au garage qui leur a dit qu’un jeune avec qui il travaille lui a dit de chercher ses amis, il va les aider à partir en Europe. Donc, ce petit est venu informer tous ses amis en leur disant qu’il a trouvé quelqu’un qui peut leurs aider à partir en Europe. Les enfants, sachant qu’ils n’ont pas d’argent, ont tous volé leurs parents. Le samedi, nous étions à une cérémonie d’un voisin, quand mon petit fils est venu me dire de lui prêter mon téléphone. Je lui ai dit non. Mais, il a insisté deux fois, finalement je lui ai donné le téléphone. Il est parti jouer avec. A 21 heures, j’ai demandé à ce qu’Ahmed m’envoie mon téléphone, mais les gens disaient qu’il a été chargé d’une commission. Malheureusement, j’ai constaté qu’il est parti à la maison. Il a pris mon argent de commerce que je gardais dans la caisse condamnée et certains ses habits pour partir. Un de nos locataires qui revend est également venue trouver que sa petite épargne qu’elle gardait à côté 1 million et quelques, plus deux téléphones, ont été pris également par son fils qui a également disparu. Certains ont pris des téléphones, d’autres de l’argent de leurs parents pour partir. Mais, on ne savait pas ce qui se tramait du tout. C’est lorsqu’on attendu notre voisin dire que Sékou a pris son téléphone, 300 000 GNF de sa femme et le téléphone d’un voisin pour partir, j’ai demandé ils sont partis où, il a dit qu’ils sont sortis pour l’aventure. Un de leur grand a dit qu’il va les aider à partir en Europe. Ils sont au nombre de 10. Donc, hier matin (dimanche, ndlr), nous sommes allés à la Brigade anti criminel pour faire une déclaration, malheureusement ils nous ont fait savoir que ce n’est pas de leur compétence. Nous sommes allés à Sonfonia, ils nous ont dit de donner de l’argent pour qu’il publie les images des enfants. Le matin, nous sommes partis voir le propriétaire du garage pour lui faire savoir qu’un de ses employés du nom de Sékou a envoyé nos enfants on ne sait où. Il a répondu qu’il ne sait rien de cette histoire et que ça fait trois jours aujourd’hui que ce jeune n’est pas venu au travail. C’est ce matin qu’on a su que c’est le nommé Sékou qui est parti avec les enfants. Et qu’il les envoie à un autre Grand, qui va les faire voyager pour l’Europe », raconte-t-elle.

Pour sa part, Foulématou Barry, mère du porté disparu M’bemba Bangoura, explique comment son fils a quitté la maison, tout en parlant de kidnapping.

Foulématou Barry, mère de Mbemba Bangoura

« C’est le matin du samedi qu’un de ses amis est venu le chercher, en disant qu’ils vont jouer au ballon. Il a croisé son papa qui lui a dit de prendre sa tenue pour aller au garage. Je lui ai dit de les laisser jouer un peu vu qu’il joue avec ses amis du garage. Je suis allée au marché, à mon retour je les ai trouvés à la maison, leur demandant s’ils avaient fini de jouer. Mais, j’ai vu deux sacs de couleur noir et jaune sur la terrasse. Je lui ai donné son petit déjeuner, il est resté jusque dans la soirée. On a eu une petite dispute lui et moi, et j’ai informé son père qui avait décidé de le ramener lundi à Kindia pour qu’il reste là-bas. Mais, il m’a présenté ses excuses, et reconnu ses erreurs, puis je lui ai prodigué des conseils. Après, il m’a demandé si j’ai une aiguille, je lui ai dit non. Il m’a dit ensuite de lui prêter mon téléphone. Et depuis que je le lui ai donné, il est sorti, je n’ai plus revu les sacs. Et depuis lors, je n’ai aucune nouvelle de lui. Nous avons appris par rumeurs qu’ils sont partis à l’aventure. Nous avons appris qu’il y a un jeune au garage où il travaille qui leur a dit les faire voyager pour l’Europe. Mais, nous ne croyons pas à cette version. Nous pensons que c’est un kidnapping. Sinon, si tu veux faire voyager les enfants d’autrui, tu informes les parents d’abord au préalable »

De son côté, Alhassane Sylla, ami des enfants disparus, a apporté son témoignage sur ce qu’il sait de cette affaire.

« Un jour, nous étions dans la cour noire quand Papa nous a dit de partir à l’aventure. Et ça nous a tous pris la tête, mais il y avait une dame qui a entendu notre conversation, qui a fait un retour à la maman de Papa, qui nous a dit de ne plus mettre pied dans sa cour, ni d’aller chercher son fils et qu’elle ne veut plus nous voir derrière son fils. Car nous voulons partir alors que nous n’avons même pas l’âge de l’aventure. Toujours, mes amis tenaient à faire ce voyage, mais moi je ne voulais pas partir. Mais Bemba et Papa ont dit qu’ils ont un grand qui peut nous faire voyager. M’bemba a présenté ce grand à tout le monde et ils connaissent chez lui. Le jour de leur départ, ils sont venus prendre le téléphone de leurs parents. Ils m’ont demandé si je vais partir avec eux. Je leur ai dit que je n’ai rien avec moi que je vais envoyer. J’ai un ami, Ibou, qui m’a dit de partir avec eux qu’il peut me donner 2 millions GNF. Mais, comme il n’a pas pu me les donner, je les ai quittés le même samedi. Je suis rentré me coucher. Il avait dit qu’ils vont aller jusqu’au niveau du grand pont. Arrivés là-bas, ils vont s’embarquer pour Kindia et continuer le trajet. Ils avaient dit qu’ils partaient en France. Car leur grand Sékou a dit qu’il peut les envoyer jusque là-bas », a fait savoir Alhassane Sylla, ami des enfants disparus.

Quant à Ansoumane Damaro Camara, père du garçon Famouyin Damaro Camara, il dit que son fils a pris 1 million 205 mille GNF de sa mère avant de quitter la maison le samedi, à 23 heures.

Ansoumane Damaro Camara, parent

« L’acte s’est passé le samedi dernier, dans les environs de 23h, puisque moi je suis revenu du travail vers 22h, mais en ce moment, mes enfants étaient encore à la maison. C’est mon fils même qui était parti puiser de l’eau avec laquelle je me suis lavé. On était assis à la maison et on a entendu que des enfants ont disparu. Automatiquement, j’ai appelé mon fils pour lui demander s’il était dedans. Il a dit que non. Ainsi, son grand frère est venu dire à sa maman de ne pas le libérer, parce que c’est son groupe qui est parti, il peut se cacher et aller les rejoindre. Mais malheureusement, moi je n’étais pas au courant de ce qui se passait au moment il avait averti sa maman. Et sa maman n’a pas pris l’avertissement au sérieux. Donc, l’enfant a attendu, quand je suis rentré dans la douche pour me laver, pour prendre l’argent de sa maman, la somme d’1 million 205 mille GNF et sortir. En partant, il a dit ceci à sa maman : il faut faire un sacrifice, il y a mes collègues qui vont en aventure, je pars les rejoindre. Quand je suis revenu de la toilette, on a cherché partout à Tombolia, impossible de les retrouver. Directement j’ai déplacé un taxi pour aller à Coyah à 50 mille GNF, à Coyah aussi j’ai déplacé un autre taxi pour aller au barrage du pont KK pour faire une déclaration. Je suis arrivé là-bas à 00h et j’y ai même passé la nuit. Les agents qui étaient sur les lieux m’ont vraiment considéré parce que depuis que je me suis présenté à eux et je leur ai expliqué le problème ils ont commencé à fouiller les véhicules qui passaient. De 00h à 9h du matin ils fouillaient tous les véhicules qui passaient là-bas. Malheureusement, on n’a pas pu retrouver les enfants », a-t-il laissé entendre.

 Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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