Mariama Diaby, candidate libre au baccalauréat unique de la session 2024 à Matoto, en Sciences mathématiques, a voulu continuer à affronter les épreuves, après avoir accouché à l’aube. Armée d’un grand courage, elle va se rendre à l’école quelques heures après. Mais, malgré sa détermination, elle finit par céder, après avoir ressenti des douleurs. Dans une interview accordée à un reporter de Guineematin.com, la candidate a raconté ce qu’elle a vécu et demandé aux autorités de se pencher sur son cas.
Les faits ont eu lieu dans la commune de Tombolia, quand la jeune dame de 23 ans, déterminée à se faire évaluer malgré les circonstances, s’est présentée dans son centre, l’école primaire d’ENTAG marché. Après avoir accouché le même jour à 6 heures du matin ce, malgré l’épuisement post-accouchement, Mariama Diaby confie qu’elle ne pouvait pas « laisser cet examen derrière » elle, après « tous les efforts que j’ai fournis tout au long de l’année ».
Interrogée par notre reporter, Mariama Diaby est revenue sur les circonstances de cet acte. « Le premier jour du bac, malgré l’état avancé de ma grossesse, je me suis débrouillée pour y aller. Le deuxième jour aussi, un dimanche, je suis allée et j’ai pu m’en sortir, sans problèmes. Le lendemain lundi, c’était notre jour de repos. Maintenant, c’est dans la nuit du lundi à mardi, 25 juin aux environs de 4 heures que j’ai commencé à ressentir la douleur. À 6 heures 30 minutes, j’ai accouché au centre de santé de Dabompa. Mais ça n’a pas été facile puisque c’est par césarienne que j’ai accouché. Comme je me sentais de mieux en mieux, j’ai décidé d’aller continuer le bac surtout que ce jour, c’était notre matière de spécialité (Mathématiques). Les médecins et mon mari m’ont dit de laisser tomber pour me reposer. J’ai dit non. Finalement, mon mari m’a mis dans une voiture pour m’accompagner à la maison afin de me préparer pour le centre. À 9 heures déjà j’étais au centre. Après l’accouchement, j’avais laissé mon bébé avec son papa au centre de santé pour des fins de vaccination. Après tout, c’est lui qui m’a emmené le bébé au centre. On l’a ensuite confié aux agents de sécurité du centre, et il ne pleurait pas », dit-elle.
Mais, les choses ne vont pas se passer comme la candidate aurait souhaité. « Une heure 30 minutes après le lancement de l’épreuve de Maths, je ne pouvais plus continuer. J’ai commencé à avoir froid. Donc, je n’ai pas pu supporter. Les surveillants ont fait appel au délégué. Celui-ci m’a demandé si je pouvais m’efforcer à terminer même dans son bureau, j’ai dit non. Entre-temps je ne pouvais même plus m’asseoir. C’est ainsi qu’ils ont fait appel à mon époux qui est venu me chercher pour aller à l’hôpital. Une fois à l’hôpital, on m’a administré quelques injections puis on m’a dit de rentrer me reposer à la maison, tout en évitant trop de mouvement. Donc, le lendemain qui était le dernier jour du bac, mercredi, je n’ai pas pu aller puisque ça n’allait toujours pas. C’est l’Économie et la Chimie que j’ai ratées, le dernier jour. En ce qui concerne l’épreuve de Mathématiques, je l’ai faite jusqu’à un certain niveau avant d’abandonner. Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, le bébé et moi nous nous portons bien », a-t-elle expliqué.
Malgré tout, Mariama Diaby a exprimé sa détermination à poursuivre ses études et appelé les autorités éducatives à lui apporter leur soutien. « Ce n’est pas la première fois que je passe le bac. Donc cette année, j’ai décidé, quelle que soit la circonstance, de refaire et de décrocher. Mais malgré les efforts, je n’ai pas pu valider toutes les épreuves. Je demande aux autorités d’examiner mon cas et de m’aider. Parce que là, c’est indépendamment de ma volonté. J’ai fait de mon mieux. Pour le reste, je prie Dieu de m’aider », a-t-elle lancé.
Pour sa part, Fatoumata Diaby, grand-mère maternelle du nouveau-né, plaide la cause de sa fille qui déborde d’amour pour les études.
« C’est moi-même qui ai accompagné ma fille au centre de santé ce jour. Après l’accouchement, elle a insisté qu’il faut qu’elle aille au centre d’examen pour continuer. Elle nous a dit que la matière du jour était cruciale. Donc, moi je l’ai accompagnée à la maison et son mari est resté au centre de santé pour la vaccination de l’enfant. Franchement, elle n’était pas bien portante mais puisqu’elle a insisté d’aller pour avoir passé toute l’année à réviser pour ça. Puisqu’elle a fait deux fois sans succès, j’ai dit donc de la laisser aller. J’invite donc les autorités éducatives du pays à nous aider. Si elle va reprendre les épreuves ou voir dans quelle mesure ils peuvent nous aider dans ce sens ».
À noter que toutes nos tentatives pour joindre le département de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation sur la situation de cette jeune dame sont restées vaines. Le département entendra-t-il le cri de cœur de cette nourrice qui en était à sa 3ème tentative au baccalauréat ?
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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