Comme indiqué dans une de nos précédentes dépêches, un train minéralier de la société Rusal Friguia a déraillé et est tombé jeudi dernier, 11 juillet 2024, au quartier Kaporo-rails, dans la commune de Ratoma (Conakry). Cet accident s’est produit tôt dans la matinée, n’a heureusement pas fait de victime. Très critiquée ces derniers temps, notamment pour le vieillissement et le manque d’entretien de ses locomotives et ses installations, un porte parole de la société Rusal a juré que cet accident n’a pas été causé par une défaillance de ses installations ferroviaires. Joint au téléphone par un journaliste de Guineematin.com hier, vendredi, Alpha Abdoulaye Foula Barry, le superviseur de l’exploitation chemin de fer Rusal Friguia, a plutôt mis en cause les ordures et un amas de terre drainés sur les rails par les eaux de ruissellement.
Cet énième accident d’un train de Rusal dans la capitale guinéenne a relancé le débat sur la fiabilité des installations ferroviaires de cette société minière en Guinée. Mais, à en croire le superviseur de l’exploitation chemin de fer de ladite société, ce ne sont pas les installations de Rusal qui sont en cause dans cet accident. Alpha Abdoulaye Foula Barry pointe du doigt les ordures drainées sur les rails par les eaux de ruissellement qui résultent de la forte pluie qui s’est abattue sur Conakry dans la nuit du mercredi au jeudi.
« On nous a appelés hier à 7 heures pour dire qu’une tête de la locomotive est tombée, la CC6. Mais vous savez, dans le règlement général de l’exploitation du chemin de fer, on a des endroits qu’on appelle les passages à niveau. Ces passages à niveau, c’est là où se rencontrent la route normale et le chemin de fer. Donc, il y a des passages à niveau réglementaires et des passages à niveau que les gens (la population riveraine des rails) ont eux-mêmes créé : des passages clandestins. Ainsi, au niveau de Kaporo, la population a créé un passage à niveau clandestin. Et à côté, ils jettent des ordures partout. Le caniveau qui se trouve entre les rails et la route principale est bouché. Donc, tout ce qui vient comme ordures, saletés et terre se dirigent automatiquement sur les rails. La nuit du 10 au 11 juillet, il y a eu une forte pluie sur Conakry. Donc, des ordures et de la terre se sont déversées sur les rails. Et tout cela était submergé par l’eau. Donc le train est venu, à la sortie de la courbe, il y avait beaucoup d’eau et de la terre sur les rails, il a déraillé », a-t-il expliqué.
Le déraillement de ce train minéralier n’a fait aucune victime. Rusal cherche encore à relever sa locomotive qui est à terre. Une locomotive qui pèse 95 tonnes.
« Heureusement il n’y a pas eu de dégâts matériels du côté de la population. Mais de notre côté, il y a eu des dégâts, parce que notre locomotive est à terre. On n’a pas d’abord fait l’expertise, on cherche encore à relever le côté qui se trouve au sol. Vous savez, c’est une grande locomotive de 95 tonnes qui est à terre comme ça », a précisé Alpha Abdoulaye Foula Barry.
Selon les informations, la société Rusal inspecte régulièrement ses rails. Et pour cette activité, elle dispose d’un « train de service » qui travaille du lundi au vendredi sur la voie.
« On ne peut pas mettre les installations de Rusal en cause, du moment où nous avons un train spécial qu’on appelle train service qui sort du lundi au vendredi de 7 heures30’ jusqu’à 18 heures. Mais comme à Conakry la circulation n’est pas facile, il n’est pas facile de donner une heure exacte du retour du train. Mais ce qui reste clair, le train de service sort chaque matin à 7 heures30’ de l’usine pour inspecter toute la voie ferrée de Fria à Conakry. Chaque fois nous envoyons aussi des experts pour faire des expertises sur les voies. On a aussi une équipe ferroviaire au port de Conakry qui visite chaque jour et on fait les rapports chaque matin pour voir ce qui marche et ce qui ne marche pas, pour trouver une solution adéquate. Donc, ce ne sont pas les installations de Rusal qui sont en cause », a rassuré le superviseur, Alpha Abdoulaye Foula Barry.
Dans les conditions normales, aucune construction ne doit être réalisée à moins de 25 mètres de part et d’autre de la voie ferrée. Ceci, pour prévenir entre autres l’ensablement des rails. Un ensablement, comme celui d’hier jeudi, susceptible de faire dérailler le train et causer des accidents aux conséquences imprévisibles.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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