Conakry : les points de lecture baignent entre déficit de livres et faible fréquentation

Des élèves au point de lecture de Kipé

Installés en 2017 dans le cadre de la célébration de l’événement “Conakry capitale mondiale du libre”, les points de lecture de la capitale guinéenne sont aujourd’hui confrontés à de nombreuses difficultés. Au nombre de ces difficultés se trouvent le manque de livres et la faible fréquentation, surtout pendant cette période de vacances, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Au point de lecture de Kipé, les livres en lien avec la littérature africaine sont plus sollicités durant l’année scolaire. Mais, peu de documents de ce genre y sont disponibles. Les gestionnaires des lieux, Amadou Oury Diallo, font parfois recours aux livres électroniques pour satisfaire à la demande des lecteurs.

“Ici (à Kipé), on reçoit des élèves pendant les cours. Parce qu’à la fermeture des écoles, il y a beaucoup d’élèves qui partent en vacances. Mais au cours de l’année, il y a beaucoup d’élèves qui étudient dans les écoles environnantes qui viennent chercher des livres pour lire. Surtout sur la littérature africaine, parce que ce sont des programmes enseignés dans les classes. Tels que les livres de Thierno Monenembo, Camara Laye, Amadou Kourouma. Mais des fois on est en manque de ces livres-là, les élèves peuvent venir nous demander ce genre de livres, alors que nous sommes dans l’incapacité de les satisfaire. Parce qu’il n’y a pas assez de livres ici. Cependant, on se débrouille pas mal, parfois même on saisit ces livres électroniquement afin de pouvoir satisfaire tout le monde”, a-t-il expliqué Amadou Oury Diallo, l’assistant du gestionnaire du point de lecture de Kipé.

L’accès aux points de lecture est gratuit. Mais la fréquentation n’est pas aussi grande. Ce sont généralement des élèves qui y vont pour quelques séances de lecture.

“Quand tu veux venir [au point de lecture], tout ce que tu as à faire, c’est de t’inscrire sur la liste des présents, c’est gratuit pour tout le monde. Et ici, on n’offre pas que de la lecture, on donne aussi des cours. Durant l’année scolaire, il y a des élèves qui viennent avec des exercices qui sont difficiles pour eux et qu’ils n’arrivent pas à traiter, ils demandent de leur venir en aide, on les aide, et certains parmi eux s’en sortent très bien. Donc, on demande aux personnes de bonne volonté, au gouvernement ou certaines ONGs de bien vouloir nous aider à avoir plus de livres. Parce que quand on parle de bibliothèque ou de point de lecture, on parle de livres. Et s’il n’y en a pas assez, cela cause problème. Alors il faut au moins avoir un exemplaire de chaque livre”, a-t-il dit.

Directeur des Éditions Plumes Inspirées et gestionnaire du point de lecture de Landreah (un quartier de la commune de Dixinn), Dr Soumaré Ousmane, déplore le manque d’intérêt des jeunes à la lecture. Et, il invite les parents à jouer leur rôle.

Dr Ousmane Soumaré gestionnaire du point de lecture de Landreah

“Tout d’abord, il faut préciser que la gestion des points de lecture est basée uniquement sur du bénévolat. Notre point de lecture reçoit principalement les écoliers des deux collèges qui nous entourent (collèges 1 et 2 de Donka) et le lycée Donka. Par voie de conséquence, nous connaissons une affluence durant l’année scolaire, et pendant les vacances on reçoit très peu de lecteurs. La seule difficulté à laquelle nous faisons face est le désintéressement de la culture du côté de la jeunesse. Avec l’expérience, nous avons constaté que la culture de la lecture est quelque chose qui se développe depuis le très bas âge. Donc, notre message irait à l’endroit des parents qui ont un rôle crucial dans le développement de la culture et de la lecture chez leurs enfants. Ils doivent pousser les tout-petits dans cette voie”, a-t-il indiqué.

De leur côté, les élèves n’ont pas manqué de rappeler l’importance de la lecture. Mamadou Tahirou Bah est un élève qui passe pour la 10ème l’année prochaine.

Mamadou Tahirou Bah, élève

“La lecture est la nourriture de l’esprit. Donc on a besoin de la lecture, moi je ne peux pas passer toute une journée sans lire, je dois apprendre quelques choses chaque jour avant de dormir. La lecture m’apporte beaucoup de choses, je m’exprime bien et comme j’aime beaucoup l’histoire, j’apprends énormément car, je dois connaître mon histoire et celle de mes ancêtres. Alors, le conseil que j’ai à donner, c’est d’aimer la lecture. La lecture nous aide, elle nous apporte beaucoup de choses dans la vie quotidienne et professionnelle”, déclare-t-il.

Même son de cloche pour Tiguidanké Sylla qui doit également faire le BEPC l’année prochaine.

Tiguidanké Sylla, élève

“Pour mieux s’exprimer en public, on doit s’adonner à la lecture. La lecture nous aide à nous améliorer et elle nous permet également d’apprendre des choses nouvelles”, dit-elle.

Mariama Barry pour Guineematin.com

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