Elhadj Mamadou Saïdou Diallo : « l’enfant est un trésor à ne pas abandonner »

Dans la société guinéenne, l’éducation des enfants a toujours été un combat de tous les jours dans les familles. Elle se fait généralement sur la base des principes et règles religieux. Et, les parents s’y emploient depuis le bas âge et suivent les enfants jusqu’à ce qu’ils deviennent des adultes responsables (des mariés). Ils leur apprennent la conduite sociale, les valeurs morales et culturelles et la foi en Dieu. Cela ne se passe pas comme dans une salle de classe ou par un cours magistral, mais c’est un exercice de chaque instant de la vie en famille. C’est un boulot de longue haleine qu’il faut mener avec dextérité et patience.

Mais, ces dernières années, certains parents (en majorité des jeunes) ont souvent tendance à se lasser et ils sont visiblement tentés d’abandonner leurs enfants à leur propre sort. Les envoyer à l’école pour toute la journée est un bon débarras et un puissant alibi pour se dédouaner de leur éventuel manque d’éducation.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com cette semaine, Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, grand imam de la mosquée de Bambéto, est revenu sur l’importance d’éduquer les enfants en famille. Ce guide religieux musulman assure que l’enfant est le plus important trésor que Dieu offre à l’Homme. Et, c’est une obligation religieuse et morale pour chaque parent d’inculquer une bonne éducation à ses enfants.

Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, grand imam de la mosquée de Bambeto

« Il est de notre devoir, de notre obligation d’éduquer nos enfants selon les principes de la religion musulmane. Parmi les trésors que Dieu nous a offerts, le plus important est le fils. Quand il nous donne un ou des enfants, il est de notre obligation de les éduquer conformément aux principes et règles islamiques. C’est pourquoi nos parents et grands s’occupaient particulièrement de l’éducation des enfants. D’abord, à l’âge de 7 ans, on le scolarise en arabe, c’est-à-dire on lui apprend à lire le Coran, à écrire et à prier jusqu’à ce qu’il ait 10 ans ou plus… Dans le même temps, on lui apprend également les bonnes manières de vivre avec les gens. On lui apprend les bonnes pratiques de l’islam. On lui apprend à manger en lui montrant comment s’asseoir pour manger. On lui dit la position qu’il doit occuper par rapport au récipient, de regarder dans le récipient, mettre sa main devant et surtout se taire quand on mange… L’enfant est un trésor à ne pas abandonner », a indiqué Elhadj Mamadou Saïdou Diallo.

Dans cette société à majorité musulmane, l’éducation des enfants n’a pas toujours été la même tout le temps. Ces pratiques n’ont pas pu subsister au temps ; et, certaines de celles qui ont résisté au temps ont perdu de leurs valeurs au fil des générations. Elhadj Mamadou Saïdou Diallo en a conscience de cette réalité et il estime que certaines difficultés rencontrées aujourd’hui dans les familles sont justement dues à la modernisation à outrance des choses.

« Dans la vie de nos jours, il y a un changement dans la vie de la société. Après l’éducation de base qui consiste notamment à apprendre à l’enfant à lire le Coran et à prier, ses parents doivent lui donner en mariage lorsqu’il aura l’âge de se marier. Mais avant, il y a une étape de vie pour l’enfant au cours de laquelle il apprend à être responsable, père de famille. Et donc, à vivre dans la société et gérer sa propre famille. On lui donne ces enseignements au moment de sa circoncision (initiation à la vie pratique). Au cours de cette période, on lui dit la conduite qu’il doit adopter, parce qu’il est désormais mature. C’est à ce moment précis qu’on lui donne des vêtements dans les temps anciens, parce qu’à l’époque il n’y avait pas suffisamment de vêtements. C’est ainsi qu’on dit dans un langage courtois que l’intéressé a eu des vêtements ou bien il est initié. C’est pendant cette période qu’on lui explique comment est-ce qu’il va vivre avec sa ou ses futures épouses, comment se comporter à l’égard de ses parents et ceux des autres, ainsi de suite. Tout cela, je dois dire, c’est sur la base de l’islam que nos parents et arrières parents ont bien voulu pratiquer et qu’on a hérité. En ce qui concerne le mariage, au temps de nos parents et arrières parents, on ne demandait ni à la fille, ni au garçon pour les mettre ensemble. Ils se voyaient et ils se pliaient à la volonté, à la décision de leurs parents qu’ils respectaient à la lettre. Et, tout se passait bien par après. Mais, de nos jours, c’est tout le contraire. Aujourd’hui, ce sont les garçons et les filles qui savent avec qui ils vont se marier. C’est pourquoi il n’est pas facile de gérer les choses, parce qu’il faut avoir l’avis de la fille ou du garçon pour faire leur mariage », a expliqué Elhadj Mamadou Saïdou Diallo.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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