Massacre du 28 septembre : « Le capitaine Dadis Camara a voulu effacer l’opposition démocratique par ces méthodes machiavéliques »

Me Amadou Kamano, avocat de la partie civile

Les plaidoiries des Conseils de la partie civile se poursuivent ce lundi, 20 mai 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. Et, c’est Me Amadou Kamano qui vient de faire son exposé devant cette juridiction de première instance. Cet avocat a accusé le capitaine Moussa Dadis Camara d’avoir bâti son pouvoir sur le fétichisme. Il a aussi présenté l’ex-président de la junte militaire du CNDD comme “ l’organisateur, le planificateur et le bénéficiaire principal de ce massacre et de ces crimes crapuleux” qui a fait plus de 157 morts et plus d’une centaine de femmes violées. Et de ce point de vue, il estime que le capitaine Dadis Camara tombe sur le coup de la loi pénale et il doit être retenu dans les liens de la culpabilité pour “crimes contre l’humanité”.

« Le pouvoir du capitaine Moussa Dadis Camara et le CNDD était fondé sur le fétichisme. Selon Aboubacar Diakité alias Toumba, presque tous les membres du CNDD ont scellé un pacte de non trahison devant un féticheur avant d’entrer en fonction. Beaucoup de bérets rouges de la garde présidentielle arboraient des cauris sur leur tête et en tenue militaire. On peut citer parmi ceux-là le capitaine Marcel Guilavogui, Colonel Claude Pivi, Joseph Makambo. Le capitaine Moussa Dadis Camara lui-même avait son féticheur spécial qui s’appelait Foromo. Or, tout pouvoir assis sur le fétichisme est fragile… Le capitaine Moussa Dadis Camara est l’organisateur, le planificateur, celui qui a fait le suivi de l’exécution, mais aussi le bénéficiaire principal de ce massacre et de ces crimes crapuleux. Le capitaine Dadis Camara a tout simplement voulu donner des leçons à ceux-là qui s’intéressent au pouvoir. Il faut mater les opposants, endeuiller leurs familles, piller leurs économies, effrayer, réduire au silence, voire même effacer complètement l’opposition démocratique par ces méthodes machiavéliques… L’ordre d’aller mater les manifestants civils non armés dans le stade fermé vient du capitaine Moussa Dadis Camara. C’est d’ailleurs ce qui justifie l’énervement du capitaine Dadis le matin qui voit que le commandant Toumba n’était pas allé sur les lieux. Et lui-même (le capitaine Dadis Camara) voulait y aller avec des troupes… Et donc, en sa qualité de chef militaire ou une personne faisant effectivement fonction de chef militaire, il est commandant en chef des forces armées, le capitaine Moussa Dadis Camara tombe sur le coup de la loi pénale sur les crimes contre l’humanité », a dit Me Amadou Kamano.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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