Des tirs entendus la nuit dernière à Kipé : des habitants du quartier expliquent

La journée ville-morte, appelée par l’opposition républicaine, a connu des affrontements violents entre jeunes et forces de l’ordre dans certains quartiers de Conakry. Dans la nuit de ce lundi 26 février 2018, des jeunes ont érigé des barricades à Kipé, dans la commune de Ratoma, entraînant l’intervention des forces de l’ordre. De nombreux coups de feu ont été entendus dans le quartier, a appris Guinematin.com, à travers un de ses reporters.

Mamoudou Keita

Mamoudou Keita, habitant du quartier, dit que des inconnus se sont regroupés le long de la route pour perturber la circulation. Il explique les agissements des jeunes par la colère qu’éprouvent les guinéens face à la gestion par le gouvernement de la crise dans le système éducatif. « Les jeunes et les parents ont marre du pouvoir d’Alpha Condé. Ça fait trois semaines que les enfants sont à la maison, ils ne vont pas à l’école. Les parents sont fâchés contre le gouvernement, les jeunes sont fâchés contre le gouvernement, parce qu’il n’a pris à temps ses responsabilités. Et puis, vers 22h les agents de sécurité sont venus encore. Jusqu’à minuit, ils ne faisaient que tirer. Ils ont frappé des gens, ils leur ont retiré les téléphones. Ils sont restés jusqu’à 4h du matin. On n’a pas pu dormir ici hier, c’était très chaud » a-t-il laissé entendre.

Ousmane Barry

Ousmane Barry, gérant d’une cafétéria, reconnait avoir vu des jeunes qu’il ne connaissait pas, ériger des barricades mais ces derniers ont été dispersés par les policiers. « Hier, de 19h à 21h on a vu des gens qu’on ne connait pas, venir ériger des barricades ici. Mais, un temps après, des policiers sont venus les disperser. Ils tiraient partout » a raconté monsieur Barry.

Ousmane Soumah

Pour sa part, Ousmane Soumah, un autre habitant du quartier déclare que c’est vers 20 heures que « des jeunes ont commencé le mouvement à partir du carrefour Dadia jusqu’à Africof à Kipé ici. Ils ont barré la route et brûlé des pneus, mis des ordures sur la chaussée, tout ça. Les gens sont venus les sensibiliser, mais ils n’ont pas accepté. Ces personnes là sont considérées comme des bandits. Si c’était la journée d’accord, mais la nuit ? Non, c’est des bandits ça. Les gendarmes sont venus dans plusieurs pick-up en tirant en l’air. Ils les ont dispersés. Jusqu’à 23h, ils étaient là en train de tirer ».

À en croire les intervenants, aucune boutique, ni magasin n’a été touché. Cependant, des passants été dépouillés de leurs biens à la fois par les jeunes et par les agents de forces de l’ordre.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Facebook Comments Box