Prélèvement de l’Etat sur la publicité des médias privés : la presse guinéenne menace

Au sortir d’une réunion extraordinaire, tenue ce vendredi 29 décembre 2017 au siège de l’URTELGUI à Nongo, les associations de la presse guinéenne ont vigoureusement protesté contre la décision du gouvernement de prélever sur la publicité obtenue par les médias privés, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui revient de Nongo.

Dans un communiqué du 14 décembre, le Gouvernement guinéen a décidé de ponctionner 10 pour cent des publicités des radios et télévisions privées ; et, 15 pour cent des publicités sur les sites web. Ainsi, le régime Alpha Condé veut récupérer tout gain des médias, que ce soit un spot publicitaire ou un communiqué.
Selon Moussa Iboun Conté, président à l’Association Guinéenne des Editeurs de la Presse Indépendante (AGEPI) estime que cette décision est dépourvue de tout fondement juridique. « Nous rejetons l’arrêté conjoint relatif aux tarifs des publicités. Pour nous, c’est un arrêté illégal qui n’a aucun fondement juridique », a-t-il dit.

Moussa Iboun Conté

Le président de l’AGEPI a expliqué qu’il n’y a aucun souci à se faire pour ce refus d’accepter cette décision parce que l’OGP n’est plus une structure de l’Etat, mais une structure privée. « Cet arrêté n’a aucun fondement juridique, ni dans la constitution, ni dans les lois organiques. Et, il est illégal parce que l’OGP a changé de statut pour devenir une société anonyme à responsabilité limitée comme nos médias privés. En tant qu’entité privée, il ne nous appartient pas à donner de l’argent à une autre entité privée. Donc, la base légale étant faussée, nous disons que nous n’allons pas le faire parce qu’il y a des voies de recours qui existent. Nous pouvons attaquer l’arrêté devant la chambre administrative de la Cour Suprême », a-t-il prévenu.

Revenant sur le paiement des redevances par les radios et télévisions, Moussa Iboun Conté a ajouté que les associations de presse privilégient encore le dialogue avec l’Etat parce que certaines radios ont payé, d’autres n’y arrivent pas et sont fermées. « Nous avons analyser la situation des redevances, certains radios ont payé, d’autres n’ont pas payé. Certaines sont fermées, d’autres sont fonctionnelles ; mais, nous avons dit que pour cette situation, nous privilégions le dialogue. Et, nous osons croire que l’idée de la journée nationale de la presse, projetée par le Président de la République à travers son conseiller personnel, Tibou Kamara, est une opportunité pour exposer nos différents problèmes », a-t-il estimé.

En outre, le président de l’AGEPI, qui faisait office de porte-parole des associations de presse à la rencontre a estimé que la réussite de la journée nationale de presse projetée par le Président Alpha Condé sera conditionnée par leur écoute. « Nous allons conditionner notre participation à la journée nationale de la presse à un certain nombre de paramètres comme par exemple la suspension de l’opération actuelle de fermeture des radios déclenchée par les pouvoirs publics. Si ça continue, les radios et les télévisions privées, y compris la presse écrite et la presse en ligne, ne vont pas participer à cette journée nationale projetée par le Président de la République », a-t-il ajouté, tout en annonçant la mise en place d’une commission qui va travailler sur un document qui comportera tous les problèmes que les médias rencontrent ces derniers temps.

A suivre !

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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