Réduction du nombre d’EPA en Guinée : « Elle s’explique par la gestion catastrophique des ressources financières »

Dr. Ansoumane, économiste

Le Premier ministre Bah Oury a annoncé la suppression de certains Etablissements publics à caractère administratif (EPA). Au nombre de 277 à date, cette politique économique vise à réduire le nombre d’EPA à un nombre largement inférieur, qui avoisinerait les 98. Il en a fait l’annonce depuis Kigali, capitale du Rwanda, où il participe au 11ème sommet de l’Africa CEA Forum. Pour comprendre le sens de cette mesure d’austérité, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Dr. Ansoumane Camara, économiste, consultant et universitaire, qui dénonce une mauvaise gestion.

De nombreux observateurs avertis parlent d’une gestion peu vertueuse de ces EPA pour justifier le bien-fondé de cette mesure du PM. Dr Ansoumane Camara, économiste consultant et universitaire, est de ceux-là.

« Cette décision s’explique par la gestion catastrophique des ressources financières. Ce gouvernement a un problème de gestion rationnelle des ressources publiques. Quand vous prenez le cas des EPA, la décision actuelle prise ou qui est sur le point d’être prise ne constitue qu’une des conséquences de la mauvaise gestion financière de l’autorité publique gouvernementale. Le problème des EPA, c’est beaucoup moins le nombre que leur efficacité. En fait, en réalité, ces EPA sont extrêmement mal gérés. Même si vous ramenez le nombre à 10 EPA, cela ne va pas régler le problème. Le véritable problème, c’est la gestion. D’abord, ces EPA ont des comptes domiciliés à la banque centrale et dans les banques secondaires qui sont extrêmement mal gérés, parce que la gestion se fait entre deux ou trois personnes. L’Etat d’un côté envoie des ressources sous formes de subventions et en retour l’Etat gagne très peu de choses en ce qui concerne la gestion de ces EPA. Donc au fond, c’est un problème tout simplement de gestion. Je crois que ce n’est pas le nombre le problème mais la gestion. Si les EPA sont soumises à des règles assez rigoureuses de gestion, le nombre ne devrait pas poser de problèmes. Au contraire, le nombre signifie qu’on va vers une certaine efficacité, parce que plus il y a des EPA, plus il y a de visibilité beaucoup plus claire. Aujourd’hui, l’Etat guinéen est confronté à un problème de ressources financières assez sérieuses, donc une solution rapide serait, pour eux, de fermer tout simplement un certain nombre d’EPA qui n’est pourtant pas la solution », estime Dr Ansoumane Camara.

 Quel va être le sort des employés des EPA qui vont être supprimés ?

Pour cet universitaire, ce aux autorités, qui mettent en place des politiques publiques en défaveur de leur population, de justifier leur choix. « Je crois que c’est à l’autorité publique gouvernementale de répondre à cette question, parce que ce sont eux qui décident de mettre beaucoup de gens au chômage, comme c’est le cas depuis pratiquement deux ans maintenant. Ils ont envoyé beaucoup de fonctionnaires à la retraite, mais le recrutement se fait encore attendre. Tous les jours, il y a des gens qui perdent leur emploi tout simplement à cause de la fermeture d’un certain nombre de sociétés qui rencontrent des difficultés. Alors, les politiques publiques qui ont permis de se retrouver dans cette situation, je crois qu’il faut poser la question aux autorités de ces politiques publiques. Parce que c’est tout simplement une mauvaise gestion macroéconomique », assène-t-il.

 Comment va l’économie guinéenne ?

L’universitaire Dr. Ansoumane Camara affirme que l’économie guinéenne connaît des difficultés majeures. « Aujourd’hui, le constat nous montre que l’Etat n’a pas de ressources financières suffisantes dans ses caisses, dû encore une fois à la mauvaise gestion financière. Ceci dit, si nous mettons en place des bonnes politiques macroéconomiques, notamment fiscales, avec les bons acteurs, on peut trouver de l’argent dans ce pays ».

Poursuivant, le consultant précise. « Face à une offre un peu malmenée, vous avez une demande qui ne va pas du tout relancer parce que les gens ont des difficultés à faire face à leurs besoins primaires, tout simplement parce que la politique macroéconomique mise en place ne favorise justement une relance de la demande tendant par exemple à une espèce de redistribution des revenus qui, malheureusement, n’est pas le cas. Donc, tout ceci a des causes assez profondes liées à la gestion macroéconomique actuelle. Je ne sais pas si l’inexpérience de nos acteurs aux affaires publiques ou si c’est tout simplement de la corruption, en tout cas il y a quelque chose qui ne marche pas assez bien. Et cela a aujourd’hui un impact assez sérieux sur le développement socio-économique de notre pays ».

Issiagha Barry pour Guineematin.com

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