Sylla Lamine à Guineematin : « la photographie ne disparaîtra jamais »

Lamine SyllaLa journée mondiale de la photographie sera célébrée demain, dimanche 19 août 2018. Une célébration qui intervient à un moment où la photographie traverse une période difficile, marquée par une concurrence rude du numérique.

Pour parler des difficultés rencontrées dans le secteur, un reporter de Guineematin.com s’est entretenu, ce samedi 18 août 2018, avec Lamine Sylla, président de l’Union des Photographes Professionnels de Guinée (UPPG).

Guineematin.com : demain, c’est la journée mondiale de la photographie, un métier qui fait face à une rude concurrence du numérique aujourd’hui. Vous qui dirigez l’Union des Photographes Professionnels de Guinée, dites-nous comment se porte ce secteur dans notre pays ?

Sylla Lamine : en tant que premier responsable de l’association, la photographie aujourd’hui a connu un peu de ralenti par rapport aux clients. Les clients d’hier et ceux d’aujourd’hui sont différents, puisqu’avant, on invitait les photographes pour faire des séances de photos dans les familles, les baptêmes ainsi de suite. Mais aujourd’hui, il y en a même qui disent que je préfère mon appareil photo que d’aller inviter un photographe. Nous qui évoluons dans ce métier, nous connaissons aujourd’hui des ralentissements vis-à-vis des clients de ce secteur dans le pays. Ça joue sur notre vie quotidienne. Mais, j’avoue que ça ne nous décourage pas. Puisque c’est un métier, c’est une profession. On tient à relever les défis, puisque la profession reste toujours avec nous. C’est juste un moment le temps nous permet de s’adapter à cette nouvelle technologie. Quand les clients vont se rendre compte que ce que les photographes d’aujourd’hui font est différent des photographes d’hier, ils vont revenir. Il y a certains qui reviennent pour scanner les fichiers qui se trouvent dans leurs téléphones. De toutes les façons, les clients reviennent vers nous. Si nous les photographes sommes capables de produire les photos et les remettre dans le temps réel, les clients ont besoin d’archiver les photos ou soit dans leurs maisons ou leurs bureau. C’est vrai que le métier est au ralenti. Mais, il y a de ces choses, il faut que les clients nous reviennent.

Guineematin.com : on sait quand même que les photographes sont beaucoup moins sollicités aujourd’hui dans notre pays. On les voit juste à l’occasion des cérémonies. Est-ce que la photographie nourrit son homme de nos jours en Guinée ?

Lamine SyllaSylla Lamine : bien sûr que la photographie nourrit ses hommes aujourd’hui. C’est pourquoi au passage, quelqu’un l’a dit que, quand on dit photographe professionnel, c’est celui qui vit de la photographie. Et ceux qui vivent de la photographie, nourrissent leurs familles à partir de ce métier. Il est vrai qu’il y a certains qui exercent d’autres filiales pour pouvoir augmenter leur rentabilité économique, c’est-à-dire pour subvenir au besoin de leurs familles. Quelque que soit le niveau ou la nature du métier, vous allez toujours revenir dans la photographie. Je peux même témoigner, il y a certains photographes même qui font autre chose. Certains ont travaillé dans les bureaux, mais ils reviennent toujours faire de la photographie. C’est un métier une fois que tu commences, il n’est pas facile d’abandonner. Ils ont eu l’amour du métier et certains ont gardé leurs appareils avec eux pour d’éventuelles opportunités.

Guineematin.com : combien de membres compte l’Union des photographes de Guinée et quel est son niveau d’implantation à travers le pays. ?

Sylla Lamine : en tant que président de l’union, créée il y a de cela un an, le 16 Août 2017, nous avons fait le congrès de l’association. L’association a enregistré jusque maintenant, 400 photographes après identification. Ces 400 photographes sont repartis dans un premier temps dans les 5 communes de Conakry. Puisqu’on a dit d’abord de commencer par la capitale, plus la préfecture de Dubréka. Dans ces 6 communes se trouvent nos antennes. Nous sommes en contact avec certains photographes à l’intérieur du pays : Boké, Kamsar, Fria, Siguiri, Kankan et nous comptons installer nos antennes dans ces différentes régions pour pouvoir couvrir notre cher pays la Guinée.

Guineematin.com : votre association a-t-elle des liens avec d’autres organisations similaires au d’autres structures quelconque en Guinée où à l’étranger ?

Sylla Lamine : nous sommes en contact avec le ministère de la culture et à travers eux nous sommes en collaboration avec l’ONACIG (Office National du Cinéma de Guinée) qui est la direction chargée des arts et réglementations. Mais nous sommes toujours à la recherche de ces départements et directions qui s’intéressent à l’art et à la photographie.

Guineematin.com : est-ce que vous senti une diminution du nombre de photographes ? Des gens qui décident d’abandonner la photographie au profit d’autres choses ?

Sylla Lamine : Oui. Vu qu’il y a peu de clients qui sollicitent d’aller couvrir des évènements. Mais, c’est jute un temps et ça va passer. Il n’y a pas de rentabilité économique considérable, mais on s’y fait. Si non il y a des gens qui démissionnent. Bien qu’il n’y a pas de moyens, mais avec l’organisation que nous avons mise en place dans les communes et certaines régions, cela nous permettra de faire une coordination pour nous permettre de communiquer ensemble et d’être au courant de toutes les opportunités ou formations qui se présenteront à nous, pour qu’on puisse déléguer des personnes concernées par la formation.

Guineematin.com : quelles sont les périodes pendant lesquelles vos activités marchent bien ?

Sylla Lamine : de préférence, c’est pendant la saison sèche. Puisque les photographes marchent déjà avec les appareils si c’est pendant les saisons sèches. Mais, c’est difficile de travailler sous la pluie avec les appareils. Pendant la saison pluvieuse, nos activités ne marchent pas. Nous avons peu de temps et nous ne pouvons pas nous déplacer sous la pluie pour aller assister aux évènements.

Guineematin.com : avec la concurrence du numérique et tous les problèmes que vous rencontrez aujourd’hui, est-ce qu’on peut dire que le métier de la photographie risque de disparaitre en Guinée ?

Sylla Lamine : La photographie ne disparaîtra jamais en Guinée. Avant nous, il y’a eu des photographes et après nous, il y’en aura. Avant, on parlait des appareils numériques, mais aussi il y a des cartes mémoires. Avec la révolution numérique, la photographie ne peut pas disparaître. Nous sommes obligés de s’adapter au temps. Quand la photographie disparait, comment allons-nous communiquer ? Le moyen de communication le plus utilisé, c’est l’image. Même si tu écris 1 000 pages, mais si tu mets des photos, ton écrit restera flou et votre publication restera incomplète. L’image parle beaucoup plus que l’écrit. L’image vaut 1 000 mots. Donc, la photographie ne disparaîtra jamais. La photo immortalise le temps.

Propos recueillis par Mohamed Doré pour Guineematin.com

Tél. (00224) 622 07 93 59

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