Mésentente entre la Mairie et la préfecture de Kindia: « On n’exclut pas la voie judiciaire », dit le maire

 Mairie_Kindia-1-650x389Dans une interview accordée à Guineematin.com, ce dimanche 17 avril 2016 à son domicile, à Kaporo rails, le Président de la délégation spéciale de la commune urbaine de Kindia, monsieur Abdoulaye Bah est revenu sur le problème qui l’oppose aux autorités de sa préfecture, notamment sur la manne financière payée par RUSAL au titre de la redevance 2014 payé en 2016.  En attendant la version vidéo, nous vous livrons l’intégralité de cette interview en écrit.

Guineematin.com : Bonjour monsieur !

Abdoulaye Bah : Bonjour !

Guineematin.com : Merci d’avoir accepté de recevoir Guineematin.com et de répondre à nos questions. Pour commencer, veillez vous présentez à nos lecteurs et téléspectateurs ?

Abdoulaye Bah : Je m’appelle Abdoulaye Bah, Président de la délégation spéciale de la commune urbaine de Kindia.

Guineematin.com : Vous dites Président de la délégation spéciale de Kindia et actuellement il y a des petits problèmes voir même des problèmes s’il faut le dire dans cette commune que vous gérez. Dites-nous un peu ce que vous en savez ?

Abdoulaye Bah : Oui ! Il y a des problèmes. Je ne crois pas à ce que ça soit un petit problème mais l’avenir nous édifiera sur la situation. Effectivement, nous avons découvert à Kindia que la redevance minière de Débélé est perçue par la préfecture qui est une circonscription territoriale et est partagée par la même préfecture. Donc, par les différents préfets qui se sont succédé à la tête de la préfecture de Kindia alors que le code minier stipule clairement en ses articles 130 et 160 et suivant que c’est une redevance minière destinée aux collectivités locales pour le développement économique, social et culturel. Nous avons incidenté tout simplement en dénonçant la pratique et en attirant l’attention de ceux-là qui font ce partage à l’insu des bénéficiaires qui sont les communes urbaines et rurales de Kindia. De n’est pas touché à l’argent parce qu’il n’est plus question de se partager cet argent qui revient de plein droit aux communes rurales et urbaines de Kindia.

Guineematin.com : A combien s’élève ce montant qui doit revenir à la commune urbaine de Kindia ?

Abdoulaye Bah : Cette année, le 24 février 2016 Rusal/Débélé, donc le CBK a émis un chèque dont le montant s’élève à Trois cent vingt quatre mille zéro quatre vingt dix dollars (324.090 dollars). Ce qui équivaut à Deux milliards huit cent soixante seize mille zéro quarante quatre cent quatre vingt huit francs Guinéens (2.876.040.488 GNF). Voilà le montant relatif à la redevance de 2014. Je ne sais pas pourquoi ils payent toujours en retard mais, la préfecture a perçu ce montant.

Guineematin.com : Et comment le partage de cet argent s’est fait au niveau de Kindia ?

Abdoulaye-Bah-maire-de-Kindia-Détournement-des-deux-milliards-de-francs-guinéens-à-Kindia-révèle-le-maire-300x225Abdoulaye Bah : D’abord, lorsque le chèque est venu, la manière dont le chèque a été reçu à Kindia nous avait interpellés. Nous avons senti qu’il y a des velléités, des volontés cachées pour continuer les mêmes pratiques qui ne datent pas d’aujourd’hui. Je rappelle que c’est depuis 2005 que cette taxe minière a été instaurée au niveau de Kindia pour que les neufs communes rurales et la commune urbaine de Kindia puissent bénéficier et pour les aider à développer localement les collectivités. Donc, nous avons remarqué lors de cette cérémonie, qu’il y avait des idées derrière la tête de ces gens qui ont le chèque. Et, nous étions aux aguets, nous étions sur le qui vive pour voir comment est-ce qu’ils comptaient procéder. Malheureusement pour eux, ils n’ont pas changé la pratique et ont juste tardé à rassembler les gens pour nous informés.

D’habitude, quand le chèque arrive selon mes informations, une semaine après la réception, le montant est partagé en catimini à la préfecture de Kindia avec la complicité de l’équipe sortante de la commune urbaine de Kindia. Cette année, il a fallut un mois et demi pour pouvoir nous appeler pour nous informer du partage qu’ils ont fait. Donc, cela a été fait et on a été appelé il y a deux semaines pour nous dicter les chiffres qu’ils ont choisis en fonction de chaque structure et organisme habilité selon eux à recevoir l’argent. Comment cela a été fait ? D’abord, premièrement je précise que la préfecture n’a rien à faire dans cet argent. Comme Siguiri, comme CBG Kamsar, c’est un montant destiné exclusivement selon le code minier au développement social, économique et culturel des collectivités où se trouvent les compagnies minières. C’est clair.

Avant de répondre à la question, je rappelle que selon les articles 134, 135, 136 et 137 de la constitution guinéenne, en son titre XIII portant sur l’organisation territoriale, stipule qu’en Guinée nous avons deux types de structures étatiques. Premièrement, nous avons les circonscriptions territoriales qui sont  les préfectures et les sous préfectures qui sont les représentants de l’Etat à l’intérieur du pays.  Egalement, vous avez les collectivités locales qui sont crées par la constitution pour qu’elles prennent en charge le développement de leurs localités. Donc, les communes urbaines pour les grandes villes comme Kindia, Labé ou bien à N’zérékoré et les communes rurales. A Kindia, il y en a neuf : Bangouya, Molota, Samaya, Madina Oula, Damakaliya, Friguiagbé et j’en passe. Donc, c’est de l’argent destiné aux collectivités locales, je précise bien.

Je disais que c’est important de prendre les dispositions légales parce qu’il ne faut pas parler dans le vide. Nous, nous sommes des intellectuels. On n’a aussi aucun complexe de dire que nous sommes des intellectuels. On n’a fait que ça. Ceux qui ont fait le commerce ont fait le commerce donc ils peuvent monter des milliards. Ceux qui ont fait le métier peuvent monter des armoires ou des lits ou réparer des voitures. Nous qui avons été à l’école par la grâce de Dieu et par l’effort de nos parents, si on nous taxe d’être intellectuels, c’est tampis pour eux. Mais, nous allons utiliser le savoir à bon échéant pour dire ce qui est et ce qui doit être. Par conséquent, je disais que nous avons des dispositions légales qui régissent le fonctionnement de l’Etat Guinéen et de la vie des Guinéens. Donc, les collectivités locales sont prévues dans le chapitre XIII de la constitution guinéenne, dans les articles que j’ai cité où il est dit qu’il y a des circonscriptions territoriales qui sont les préfectures et les sous préfectures. Il y a aussi des collectivités locales qui sont les communes urbaines et les communes rurales. Donc, pour les taxes, il est stipulé clairement dans le code minier que les redevances que les compagnies minières donnent aux collectivités sont destinées exclusivement à leur développement économique, pas aux préfectures, ni aux sous préfectures. Alors, à Kindia, nous sommes entrain de mettre fin à l’implication systématique de la préfecture dans cet argent qui ne lui concerne pas. Il y a une dizaine d’années que cet argent est partagé entre les personnes qui n’ont pas le droit même de le sentir. Nous luttons ici pour un droit, c’est le principe éthique que nous défendons. Maintenant que le montant de 2014, reçu en 2016 a été partagé comme suit et on a été mis devant un fait accompli, voici une préfecture qui perçoit un chèque, qui met en place une équipe technique au lieu d’une équipe éthique.

Quand il est question d’argent public, j’aurais voulu plutôt une équipe éthique pour pouvoir diviser l’argent. Donc, premièrement, on partage l’argent qui ne leur appartient pas. Deuxièmement, l’équipe qui a été choisie pour le partage n’a pas fait appel aux bénéficiaires qui sont les membres de la commune mais également la clé de répartition nous ai étrangère. On ne sait pas sur quelle base et pourquoi nous avoir exclu, nous bénéficiaires. C’est ça la vraie question. C’est des questions juridiques et je les ai posés au Préfet. Il a été incapable de me répondre parce que ce n’est fondé sur rien. Voilà donc, on nous a mis devant un fait accompli mais je rappelle que la plupart de mes papas ou des mes oncles des communes rurales n’ont pas compris malheureusement ce que Dieu m’a permis de comprendre. Il faut le savoir pour comprendre qu’effectivement la préfecture n’a rien à faire de cet argent. Donc, ça été repartit comme suit : ce qu’on nous a appelé et on nous a dit, sans nous remettre une fiche  de répartition. C’est scandaleux, on prend les gens comme des enfantins, c’est grave. On partage l’argent qui n’appartient pas à la préfecture et on ne nous donne aucun  document pour dire voilà la preuve, vous avez une fiche. Moi, j’ai eu la chance d’avoir été capable d’écouter bien et de noter vite. C’est pourquoi, j’ai réussi à avoir les chiffres que je vais vous communiquer. Donc, ça frôle vraiment l’insolence parce qu’on ne peut pas appeler des responsables politiques locaux et leur dire qu’on a partagé l’argent sans leur remettre un papier. C’est du camouflage.

Guineematin.com : Donc il n’y a aucun papier qui atteste comment ils ont partagé cet argent ?

Abdoulaye Bah : Aucun document n’a été remis aux responsables des dix communes rurales et urbaines pour dire voici comment l’argent a été partagé. C’était une dictée, comme en mathématique, comme pour dire un plus un est égal à deux. C’est très grave ce qui se passe à Kindia. On nous a dicté ça, j’ai réussi à noter parce que moi, j’ai été à l’école. Ça peut choquer certains qui pensent qu’aller à l’école c’est être arrogant mais ce n’est nullement être arrogant. On va à l’école pour apprendre et quand on apprend, il faut bien restituer. Alors, moi j’ai réussi à bien noter ce qui nous a été caché. Et j’étais le seul parmi les dix maires à pouvoir être capable de noter. C’est pourquoi aujourd’hui, j’ai une base me permettant de pouvoir contester, dénoncer et attirer l’attention des populations sur leurs dus, mais aussi aux autorités nationales pour dire que ce qui se passe à Kindia n’est pas normal.

Voilà ce qu’ils nous ont dit : qu’ils ont attribués à une structure qui s’appelle Comité de Prévision Suivi et Evaluation Appui et Conseil (CPSEAC). Les mots d’abord les trahissent. C’est tellement nombreux et compliqués. Alors, à cette structure, ils comptent attribuer deux cent quarante trois millions huit cent trois milles zéro vingt quatre francs (243.803.024 GNF). On ne connait pas le personnel et on ne les a pas vus. On vous dit seulement, nous avons attribué à une structure inconnue et sans qu’on sache qui sont les travailleurs, qui est le responsable, quels sont les chantiers quels sont les besoins ? Une structure fantoche, artificiellement créée  pour pouvoir voler de l’argent.

 Deuxième clé, c’est le fonctionnement de la Préfecture de Kindia 10%. Ce qui fait deux cent quatre vingt sept millions six cent quatre mille zéro quarante huit francs (287.604.048 GNF). La préfecture n’a droit à aucun franc de cet argent et elle se taille 10% pour son fonctionnement. C’est plus grave encore hein ! La préfecture de Kindia, comme je le dis est une circonscription territoriale. Donc une branche de l’organisation de l’Etat à l’intérieur de la Guinée. Par conséquent, son budget de fonctionnement provient du MATD (ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation) qui provient de l’assemblée nationale. Voici donc, comment ils se trahissent, ils se compliquent la vie et ils se disent que l’Etat à Kindia est financé par une entreprise privé. C’est ce qui est grave. Ça frôle la mafia, une entreprise privée ne peut pas financer les services de l’Etat. C’est dangereux. Donc, 10% c’est ce qu’ils ont dit et c’est très grave. Ils vont nous expliqué sur quelle base légale ils se sont permis de financer l’Etat avec l’argent du privé. Ils sont dans les fit de l’Etat, de la loi.

Troisièmement clé, c’est le fonctionnement du CPD qui est le Conseil Préfectoral de Développement, quatre vingt dix millions de francs (90.000.000 GNF). Nous connaissons juste le président et qui est aussi contesté. C’est Docteur Mama Dramé, ex-maire de Kindia. On lui donne quatre vingt dix millions pour un service qui n’a pas de personnel, qui n’a pas d’infrastructures et qui n’a aucune structure représentative. Nous ne voyons qu’un président. J’ai exigé aussi qu’on nous montre le personnel, les infrastructures pour que nous puissions acter ce montant. On est contre personne, mais on ne peut pas nous berner comme ça, face à face.

Quatrième clé, c’est l’appui aux services déconcentrés que sont le Service Préfectoral de Développement (SPD) et le Service Technique de Développement (STP), soixante dix millions de francs (70.000.000 GNF). C’est encore dans la même préfecture, ce sont les mêmes personnes, les mêmes structures. C’est très grave.

Guineematin.com : Donc tout revient à la préfecture ?

Abdoulaye Bah : Tout revient à la préfecture. Ça, ce sont des postes inventés pour pouvoir berner les gens mais cette fois-ci c’est eux qui tombent dans leur propre piège parce que nous n’allons pas laissé passer. Nous sommes capables de voir cela.

Et puis la cinquième clé, c’est les actions d’investissement préfectoral, deux cent millions de francs (200.000.000 GNF).

Guineematin.com : Encore la préfecture ?

Encore la préfecture. La préfecture n’investit pas, elle est gardien de la légalité. Ils (les responsables de la préfecture : ndlr) sont là pour faire respecter la loi. Si la commune pose un acte qui est contraire à la loi, on rappel  la commune à l’ordre. Donc, c’est sont les communes qui sont chargées du développement social et économique, pas la préfecture. L’administration ne développe pas, ce sont les collectivités locales qui sont les politiques de développement. Ce n’est pas le fonctionnaire. Il est au service du politique. Il faut le rappeler en Guinée, les fonctionnaires sont les politiciens, il faut que cela cesse. C’est les politiciens qui sont responsables devant la population et devant Dieu et par conséquent, c’est eux qui doivent prendre des initiatives qui se traduisent en mesure, en programme qu’on appelle dans le langage courant des politiques. Donc, ici aussi deux cent millions de francs (200.000.000 GNF), action développement pour la préfecture.

Selon mes calculs, pour ces 5 premières clés, huit cent quatre vingt onze millions quatre cent sept milles zéro soixante douze francs (891.087.072 GNF) revient de facto, illégalement à la préfecture de Kindia qui est dirigée par monsieur Mohamed Deen Camara. Donc, voilà les problèmes, l’argent destiné aux pauvres communes qui retourne à une administration publique censée faire respecter tout simplement la loi dans Kaindia.

La sixième clé, c’est l’appui à la gendarmerie dix millions de francs (10.000.000 GNF). La septième clé, c’est l’appui à la police, dix millions de francs (10.000.000 GNF). La huitième clé, c’est l’appui aux médias : Sabou FM, Kania Zic, radio rurale. Vos confrères de Kindia, chacun aura cinq millions de francs (5.000.000 GNF). Ce qui fait donc quinze millions de francs (15.000.000 GNF). Tout ça c’est pour les berner, pour qu’ils se taisent, pour qu’ils ferment la bouche sur les agissements  grave de nos propres frères qui sont à la tête de l’administration à Kindia. Voilà donc, la huitième clé. On n’a pas à partager l’argent public comme les petits pains. Les médias, si on veut les aider, on demande leur besoin. Quels sont vos besoins en logistiques ? Et après on achète et on leur donne. Mais on ne donne pas l’argent public à quelqu’un, c’est interdit. Un média, quelque soit sa performance, même la RTG, on ne donne pas l’argent mais on fait l’inventaire des besoins et le ministère de la communication achète et équipe. A Kindia, on est entrain de créer un problème parce qu’on prend l’argent public pour donner à des entreprises médiatiques privées.

La neuvième clé donc, c’est pour les sous préfectures de Kindia. Il y en a 9 à Kindia. Chacune, selon leur répartition dix millions de francs (10.000.000 GNF). C’est qui fait au total quatre vingt dix millions de francs (90.000.000 GNF). Ce qui est encore grave puisque la sous préfecture est une circonscription territoriale comme la préfecture. Elles n’ont pas droit à cet argent. Et, ils disent dans leur explication que cinq millions des dix c’est pour l’investissement et les cinq autres millions c’est pour le fonctionnement. Comment voulez-vous qu’une sous préfecture puisse investir, elle n’en a pas d’abord le droit, et qu’elle puisse avoir cinq millions pour son fonctionnement ?  C’est interdit et même si c’était le cas, on ne peut pas investir et faire fonctionner avec dix millions. C’est fantaisiste.

La dixième clé, c’est sont  les collectivités locales impactées, c’est –à-dire les collectivités proches de la zone d’extraction de la bauxite que sont Friguiagbé et Mambia. Friguiabgé  cette année est prétendue recevoir six cent trente cinq millions sept cent quatre vingt dix huit milles six cent quarante neuf francs guinéens (635.798.649 GNF). Et puis, Mambia 40% du même montant, quarante cent vingt trois millions huit cent soixante cinq milles sept cent soixante six francs (423.865.766 GNF). Les deux collectivités locales à la périphérie de Kindia font un milliard cinquante neuf millions six cent soixante quatre milles quatre cent quinze francs (1.059. 664.415 GNF).

Guineematin.com : Après que vous ayez dénoncé cela, à quel niveau se situe actuellement le problème et quels sont les forces que vous disposez pour renverser cette tendance parce qu’on a l’impression que c’est une nébuleuse qui est là et qui est entrain de tourner ?

Abdoulaye Bah : Très bonne question. Mais, je voudrais d’abord finir la répartition, c’est très important.

La onzième clé porte sur les huit autres collectivités. Chacune est censée recevoir cent millions de francs (100.000.000 GNF). Voici comment ils ont repartis l’argent des collectivités sans nous appelé et nous dire sur quelle base, on ne connaît pas. Depuis une semaine j’ai exigé qu’on me montre donc la base légale, impossible.

Oui ! Nous contestons, nous protestons, nous exigeons que cela cesse à Kindia. La première démarche, d’abord j’ai protesté au près du Préfet, je lui ai rencontré personnellement. J’ai attiré son attention sur le fait que la pratique qu’ils sont entrain de faire perdurer à Kindia n’est pas légale. Ils n’ont qu’à cesser. Il ne m’a pas entendu. Et la première sortie, ce sont les médias que vous êtes. Si les médias n’existaient pas, je ne pense pas que les personnes comme nous qui voudraient changer les pratiques nocives pouvaient avoir du poids. Alors, j’ai appelé les médias pour informer de ce qui s’est passé à Kindia. J’ai rappelé que la redevance minière comme à Siguiri, à CBG, à Dinguiraye comme à Kindia revient de plein droit aux collectivités. Deuxièmement, l’argent qui a été repartit a été repartit par une structure qui n’est pas censé même sentir l’argent à plus forte raison la partager. Troisièmement, l’équipe qui a été constituée pour partager l’argent nous a exclus, nous les ayant droit. Et quatrièmement, nous ne connaissons pas sur quelle base légale, sur quelle loi ou ordonnance, ces montants colossaux ont été partagés. Nous aurions voulu plutôt avoir une équipe éthique au lieu d’une équipe technique. Il est question d’argent, il n’est pas question de technique. Donc, voilà la première démarche, la contestation à travers la communication, donc les médias que vous êtes.

Deuxième démarche, on a eu un incident le mercredi dernier. Nous avons été invité par le préfet Mohamed Deen Camara pour pouvoir échanger. Ils ont voulu me taxer d’insolent à son égard et d’avoir qualifié Friguiagbé et Mambia de hameaux. Tout ça, c’est une fuite en avant. Ce n’est pas ça la question principale. C’est plutôt l’argent destiné aux collectivités, destiné à Mambia, Friguiabgé  pour le développement qui est la question principale.

La troisième voie c’est d’écrire aux autorités, au gouverneur et même au préfet. Nous allons l’écrire de façon officielle et après l’Etat national à Conakry. Et on exclu pas la voie judiciaire pour finir parce qu’il est question de justice sociale. Par conséquent, nous sommes dans un état de droit. S’il y a des fonctionnaires qui sont censé servir la population mais qui se servent de la population, il faut que nous citoyens guinéens, nous soyons tout à fait conscients que ce qu’ils font n’est pas légal et on peut aussi saisir les juridictions pour qu’elles puissent connaître l’affaire.

Guineematin.com : Et quelles sont les forces que vous avez, est-ce que vous avez le soutien des populations de Kindia ?

Abdoulaye Bah : Eh oui ! Les forces aujourd’hui à Kindia, allez-y à Kindia ou appelez quelqu’un à Kindia. Kindia est mobilisé  autour de cette affaire. Il n’y a jamais eu une effervescence, une mobilisation, un engagement, une force sociale comme celle qui est dû à cette affaire. Pourquoi ? Il y avait trois catégories de personnes à Kindia lorsque j’ai saisi les médias. Il y avait des gens qui  ignoraient que Débélé payait la redevance à Kindia, catégorie un. Deuxième catégorie, certains savaient mais ils ne savaient pas comment l’argent était repartit. La catégorie trois savait que l’argent venait, cet argent était partagé par la préfecture de Kindia mais ils étaient impuissants. Donc, aujourd’hui à Kindia, la mobilisation est totale autour de cette affaire et autour de ma personne pour que nous allons jusqu’au bout. Il faut préciser ici qu’il est question de défendre le droit. Nous défendons le droit à la population de Kindia, aux collectivités d’avoir son argent. Avant l’argent lui-même, nous défendons que la préfecture soit extirpée de cette affaire de redevance parce que la loi l’interdit. Ils sont entrain de confisquer l’argent destiné à la population.

Guineematin.com : A part la population, est-ce que vous avez aussi le soutien du personnel de la mairie de Kindia ?

Abdoulaye Bah : A la mairie, c’est des fonctionnaires. Ils ont peur pour leur poste et ils ont peur pour leur salaire. Donc, il est difficile qu’ils s’affichent mais de manière anonyme, j’ai le soutien total de la majorité écrasante des cadres parce que eux, ils le savaient mais ils étaient impuissants face à cette pratique mais ils ne peuvent pas s’afficher. Seul un homme politique ou de la société civile que vous êtes peut dénoncer.   Mais à Kindia, ils ne l’ont pas fait. Moi, homme politique, j’ai dénoncé et effectivement j’ai du soutien au niveau des cadres de la commune, au niveau même de certains cadres de la préfecture mais également au niveau d’autres cadres de Kindia : les enseignants, la sécurité, la justice. Tous ces gens savaient ce qui se passe mais ils n’ont pas une position officielle. La police ne peut pas manifester sur cela, la gendarmerie encore moyens et la justice, il faut qu’elle soit saisie. Maintenant, j’ai eu le courage de dire ce qui ne va pas, nous avons des anonymes qui sortent des bois pour dire oui nous savions, bravo, félicitation. Donc, il y a la population qui sort et qui parle dans les radios pour dire que ce que j’ai fait est très bien et qu’il me soutienne mais également des cadres qui, aujourd’hui parlent de manière visible et qui soutiennent la démarche mais aussi une catégorie anonyme qui, pour des raisons statutaires ne peuvent pas s’afficher parce que c’est un acte foncièrement politique. Seul un politicien ou un sociétaire peut dénoncer des pareils agissements de nos fonctionnaires en Guinée.

Guineematin.com : Est-ce que vous ne craignez pas d’être lâché par ces soutiens au cas où se problème perdurait ?

Abdoulaye Bah : Ecoutez, d’abord je ne crains pas parce que ce que je fais rentre en droite ligne dans mes activités de politicien, je l’assume. En agissant, en m’engageant, en dénonçant, en contestant, j’assume la démarche. Je n’ai pas peur, je n’ai que Dieu. Mon support est Dieu, je respire Dieu comme je respire l’air. Je n’ai pas un marabout qui peut m’aider à être à la mairie ou à être ailleurs. Je suis venu à la mairie sans aucune aide sauf mon parti et de Dieu. Il faut que ça soit clair donc je ne crains pas d’être lâché pour la simple raison que je dénonce une pratique nuisible pour la population. Par conséquent, je réclame que le droit des populations de Kindia soit rétabli. Donc, c’est ça le combat commun, c’est un combat pour le principe. Une structure qui n’est pas habilitée à toucher l’argent d’une autre structure doit absolument quitter. Autrement, elle aura des problèmes. Je ne règle de compte à personne donc je ne crains pas d’être lâché par les personnes dans son ensemble et je me sens absolument renforcé et solidifié. Mais notre support, c’est Dieu.

Guineematin.com : Un dernier mot ?

Abdoulaye Bah : Le dernier message est que j’attire l’attention des uns et des autres, je sollicite que les forces patriotiques guinéennes se lèvent. On ne peut pas rester, être résigner face aux agissements de nos propres frères. Les cadres guinéens sont nos propres frères et sœurs. S’il y a parmi eux, pas tous il faut le préciser. Il y en a des cadres compétents, patriotes, excellents dans ce pays. Mais, si parmi eux, il y a des gens qui continuent à faire perdurer des pratiques, il faut que nous nous donnions les mains pour mettre fin à ces pratiques puisque nous serons tous victimes. Donc, j’appelle à une prise de conscience générale, à une prise de position saine, légitime et légale. On est contre personne, mais on est contre toutes les pratiques qui causent du tord aux populations de la Guinée. Nous luttons pour les principes, pas contre les personnes parce que c’est une différence qu’il faut préciser. Quand à vous les médias, nous comptons sur vous parce que vous êtes la voix des sans voix.

Guineematin.com : merci monsieur Bah

Abdoulaye Bah : Merci.

Interview réalisée et décryptée par Mamadou Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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