3ème mandat pour Alpha Condé ? « Il faut l’en dissuader par tous les moyens», dit Alpha Barry

Alpha Barry, Débout la RépubliqueDans la journée de ce jeudi 16 juin 2016, Guineematin.com a reçu la visite de Monsieur Alpha Barry, leader du mouvement « Débout La République » (DLR). Au cours de cet entretien, plusieurs sujets ont été abordés, notamment le sens du mouvement Débout La République (DLR) et la situation sociopolitique de la Guinée.

 Guineematin.com : Bonjour, présentez-vous à nos lecteurs et téléspectateurs ?

Monsieur Alpha Barry : Je m’appelle Alpha BARRY, BAM pour les intimes. Je suis juriste de formation, diplômé en Droit des Affaires de l’Université Paris II Panthéon-Assas, complété par un Diplôme d’Etudes Supérieures en Economie du Développement des Pays du Sud, à l’Université Catholique de Louvain (UCL), en Belgique. Actuellement, je suis entrepreneur dans le domaine du consulting, du conseil en organisation et stratégies pour les Entreprises en vue de les accompagner dans leur croissance. Je suis heureux d’être là ce matin chez vous pour qu’on débatte un peu des sujets d’actualité qui intéressent notre cher pays.

Guineematin.com : C’est quoi ‘’DEBOUT LA RÉPUBLIQUE (DLR) ?

Monsieur Alpha Barry: DEBOUT LA RÉPUBLIQUE, à la base c’est un parti politique qui veut avoir une dynamique citoyenne derrière lui. Aujourd’hui nous avons beaucoup de partis politiques en Guinée, lorsque nous nous présentons à des gens comme étant un parti politique, on nous dit un parti politique encore parmi tant d’autres ? Il y en a qui  me disent qu’il y a 144 partis politiques. Alors, nous on a une approche un peu différente, nous voulons être d’abord un mouvement citoyen. Nous voulons créer une dynamique transversale de la jeunesse, des femmes guinéennes, des magistrats, de tous les partis politiques pour nous consacrer sur des questions essentielles qui touchent à la  nation Guinéenne. Et lorsque ces questions sont débattues au niveau des forums, des débats que nous allons organiser, l’application de ces idées va être une expression de la politique que nous allons mettre en place. Donc c’est une approche assez innovante qui n’existe pas encore chez nous. C’est pour cela on nous pose la question ‘’vous êtes un mouvement ou un parti ?’’  Pour nous, les deux se chevauchent. Derrière un parti, il y a un mouvement. Donc DLR répond à un besoin de renouveau politique chez nous. Nous ne sommes pas très satisfaits de la gouvernance politique de notre pays. Depuis 1958 nous sommes indépendants, mais aucun signe de développement n’est bon en Guinée. L’éducation ne fonctionne pas, nous n’avons pas de routes, ni d’électricité. La vieille classe politique a échoué de manière générale. Aujourd’hui, quelqu’un qui a géré ce pays peut se poser la question de savoir quel a été mon apport dans ce pays-là. Quel pan de l’économie ou quelle partie de l’économie structurelle ou d’infrastructure  est en train de fonctionner normalement ? Vous conviendrez qu’à ce niveau là, nous ne pouvons pas dire que nos hommes politiques ont posé des jalons d’un développement en Guinée.  Nous qui avons eu la chance, comme tant d’autres guinéens, d’être éduqué et d’avoir une expérience dans le privé, nous pensons qu’il faut s’intéresser à la chose publique. Ne pas seulement avoir à critiquer dans nos salons, dire que celui-ci a fait ceci ou cela. Mais nous qu’est-ce qu’on a fait pour changer ça ?  Donc c’est cette réflexion qui a emmené un groupe de jeunes, de femmes, très expérimentés à penser que nous allons jouer notre partition au sein de la scène publique.

Guineematin.com : Concrètement comment vous aller le faire ?

Monsieur Alpha Barry : Concrètement, il faut d’abord se constituer. Parce que pour faire la politique en Guinée, il  faut créer un parti politique.

Guineematin.com : l’avez-vous fait ou pas encore ?

Monsieur Alpha Barry : On est constitué. Nous avions un parti politique, nous avons fait un congrès et nous l’avons renommé ‘’DEBOUT LA REPUBLIQUE’’, parce que nous avons des partenaires qui vont nous accompagner, qui ont voulu avoir cette appellation, pour avoir un signal fort, que toute la Guinée doit se mettre débout parce que nos signaux sont alarmants. Donc nous l’avons fait, et maintenant nous cherchons à avoir une dynamique citoyenne derrière notre mouvement.

Guineematin.com : Donc l’appellation du mouvement répond au souhait des partenaires et non à un besoin local ?

Monsieur Alpha Barry : Non, ce n’est pas une imposition des partenaires. Je vous ai dit tout à l’heure que notre approche est de voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. Et on apporte une solution à ce qui ne marche pas. C’est ce qui nous spécifie d’ailleurs. Je vous ai parlé tout à l’heure des forums, des débats, nous voyons l’état des lieux. Et aujourd’hui nous pensons que le mouvement DLR peut apporter des solutions par un diagnostic clair de ce qui ne marche pas. Parce qu’en Guinée, on s’attache plus aux conséquences qu’aux causes, on essaie de penser aux effets.

Guineematin.com : Depuis quand le mouvement a été créé et qu’est-ce que vous avez réussi à faire depuis ?

Monsieur Alpha Barry : Le mouvement a été créé depuis environ un an. Et nous publions des textes,  nous sommes dans les réflexions et nous avons quelques représentants un peu partout dans le pays pour remonter les informations. Nos représentants sont à Conakry, Dabola, Pita, Dalaba,  Mamou, en Haute Guinée, puis nous avons un à Macenta et un à Guékédou. Nous faisons un état des lieus de la situation parce que nous voulons être crédibles pour ne pas faire la politique seulement qu’à Conakry.

Guineematin.com : Mais est-ce que vous pouvez nous donner des exemples, des constats que vous faits qui sont quand même différents des autres partis politiques ?

Monsieur Alpha Barry : Ecoutez, nous on prend par exemple le système politique guinéen, pourquoi nos institutions ne fonctionnent pas ? On dit la Cour de Compte, le Conseil Economique et Social, la Cour Suprême avant. Pourquoi elles sont dépendantes de l’exécutif ? Parce que l’exécutif les nommes et elles tirent toute leur fonctionnement de l’exécutif.

Alors nous dans nos propositions, pour que ces institutions puissent jouer leur partition, il faut les distendre de l’exécutif, il faut les rendre plus indépendantes. Et cela va passer par les reformes de notre système politique.

Guineematin.com : Concrètement au niveau de ces institutions, comment les détacher ?

Monsieur Alpha Barry : Il faut les détacher par la loi, il faut dire par exemple que l’exécutif n’a rien avoir dans la nomination et ils sont inamovibles par exemple. On leur donne par exemple un mandat de 9 ans qui n’est pas renouvelable.  On leur donne la capacité de mieux se former pour pouvoir faire le travail pour lequel ils sont en face.

Guineematin.com : Est-ce que concrètement vous avez fait un diagnostic de toutes ces institutions, ou bien vous venez juste de commencer?

Monsieur Alpha Barry : Nous sommes en train de le  faire. C’est un travail de longue  haleine.

Guineematin.com : Est-ce que vous avez des propositions sur la table ? Si oui, au niveau de la Cour Constitutionnelle vous avez proposé quoi ?

Monsieur Alpha Barry : La Cour Constitutionnelle par exemple, est-ce que parmi ses membres, on a des constitutionnalistes ? Notre diagnostic a révélé que la plupart des membres ont été coptés pour pouvoir, si vous voulez, un jour servir à l’exécutif. Il fallait proposer une candidature et donner la sélection à un organisme indépendant.

 Guineematin.com : A votre avis c’est quoi la priorité aujourd’hui?

Monsieur Alpha Barry : La priorité  aujourd’hui, il faut qu’il y ait la paix et le développement social. S’il n’y a pas un développement social, il n’y aura pas de paix. La priorité aujourd’hui, il faut que le Président de la République, comme tout  se ramène à lui, apaise les tensions sociales et politiques en Guinée.

Guineematin.com : En faisant quoi ?

Monsieur Alpha Barry : c’est très simple. Il doit se mettre au-dessus de la mêlée et appeler monsieur Cellou Dalein Diallo qui représente quand même 40% de l’électorat pour qu’ensemble ils parlent des problèmes de ce pays. Ces deux personnes sont aujourd’hui incontournables dans cette République. Mais le leadership revient au président de la République d’en faire un discours, s’adresser à la nation pour faire d’abord son mea-culpa pour tous ses discours ethniques. Prendre de la hauteur, faire une table-ronde avec tous les acteurs politiques et toutes les institutions pour dire vraiment, j’ai changé et que je veux que ça fonctionne.

Guineematin.com : Et, s’il est intéressé  par le troisième mandat ?

Monsieur Alpha Barry :Il faut l’en dissuader. Au Benin Bony Yayi était intéressé  pour le 3ème mandat on l’a dissuadé. J’ose croire qu’Alpha Condé veut noyer le poisson en parlant de 3ème mandat pour cacher le désastre économique, l’insécurité, l’impunité, la pauvreté, le chômage dans lequel vie notre jeunesse. Il faut le dissuader par tous les moyens nécessaires comme le disait Malcom X.

Guineematin.com : Votre dernier mot

Monsieur Alpha Barry : Nous invitons à tous ceux qui sont épris de justice, de paix, et de développement à nous rejoindre. Nous adressons à l’opposition et à la mouvance, que nous devons ensemble voire comment mettre ce pays sur les rails.  Nous remercions la presse pour son accompagnement. Surtout, nous voulons insister sur le fait que tout développement est possible si nous faisons ensemble avec des hommes d’honneur, qui  prennent la responsabilité de travailler pour ce pays avec dignité et fierté.

Je vous remercie

Interview décryptée par Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 654 416 922/ 664 413 227 

 

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