Imbroglio gambien : la CEDEAO menace de tirer sur Yahya Jammeh

Yahya Jammeh, ex président gambien

yahya-jammeh-avionQuatre chefs d’Etat Ouest-africains sont délégués pour rencontrer le dictateur qui trône sur la Gambie depuis 22 ans. La présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf (qui est la présidente en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) les présidents du Nigéria, Muhammadu Buhari, de la Sierra-léonais, Ernest Bai Koroma et du Ghana, John Dramani Mahama sont chargés de convaincre Yahyah Jammeh de laisser le pouvoir à Adama Barrow.

De façon moins diplomatique, Marcel de Souza, le président de la Commission de la CEDEAO, a prévenu que « l’option militaire est envisageable », ajoutant que le message porté ce mardi par les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest à Yahya Jammeh est simple : « Adama Barrow est le président élu, un point un trait ».

Mais pour qui connaît Eladji Docteur Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh sait que le décrocher du pouvoir n’est pas la plus facile des choses. Majoritaire dans l’armée et contrôlant la Gambie comme un chef du village depuis le 22 juillet 1994, ce dictateur va-t-il lâcher le pouvoir, ayant déjà la certitude qu’on le punira sans aucune pitié ?

L’opération de la CEDEAO risque d’ailleurs d’apparaître comme manipulée par les occidentaux et pourrait raidir la position du Babili Mansa qui demandera à « son peuple » de se lever pour lutter contre les envahisseurs.

Sans doute que si on opère par la force, plusieurs têtes pourraient tomber avant celle du Mansa. Et si on parvient à verser le sang de Yahya pour « récupérer » le fauteuil présidentiel, comment parviendra-t-on à contrôler les milliers de soldats « loyalistes » qui resteront fidèles à Jammeh ? Et, qui peut jurer que les citoyens civils qui respirent et votent (au minimum 40 pour cent des Gambiens) Jammeh pourront se retrouver dans le régime Barrow, qu’ils considéreront comme une marionnette de l’occident, via le voisin Sénégal…

Déjà incompétente face aux terroristes (Boko Haram et autres djihadistes, Nord Mali…) en perpétuelle conquête de bas-arrière, la CEDEAO pourrait commettre une très grave bêtise, si elle met ses menaces à exécution, en tirant sur le petit dictateur qui ne manque ni d’expérience (22 ans au pouvoir, quand même), ni de méchanceté dans tout ce qui peut faire mal à son peuple et à ses voisins. Les maquisards de la Casamance pourraient être réveillés contre le pouvoir de Sall et la stabilité de la Gambie ne sera pas certaine avec le régime d’Adama Barrow, acquis en enjambant les cadavres de ses compatriotes…

Bref, mieux vaut négocier et garantir une sortie honorable au dictateur que de le pousser à enfoncer son éternel sabre sur le pauvre peuple gambien. Au pire des cas, la Gambie gagnerait même à reprendre son vote dans l’espoir de le chasser par les urnes que de tuer inutilement des innocents.

En Guinée, nous avons perdu des centaines de nos compatriotes en 2007, cent cinquante sept autres Guinéens, selon l’ONU, au stade du 28 septembre, en 2009… Les militants de l’opposition continuent d’être tués à balles réelles parce que le « premier président démocratiquement élu » n’ose toujours pas affronter ses opposants dans les élections locales. Adama Barrow n’apportera pas le paradis en Gambie. Alors, son avènement au pouvoir ne doit pas entraîner un bain de sang…

Nouhou Baldé

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