Economie : des perspectives « sombres » pour l’Afrique subsaharienne, selon le FMI…

C’est du moins le constat qui s’est dégagé d’une conférence économique animée hier, lundi 12 juin 2017 à la Banque centrale par le Représentant du Fonds monétaire international en Guinée, José Sulemane, portant sur les «Perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne : faire redémarrer la croissance ».

Placé sous la présidence du gouverneur de la Banque centrale, Dr. Louncény Nabé, l’évènement a enregistré la présence de nombreux cadres et acteurs, issus de l’Assemblée nationale, des institutions bancaires et financières nationales et internationale, du monde universitaire, de la société civile guinéenne et du syndicat, a constaté Guineematin.com, à travers un de ses journalistes.

En ouvrant la cérémonie, le patron de la Banque centrale après avoir souligné l’importance du thème qui consiste à redémarrer la croissance dans la région, a mis un accent sur les perspectives préoccupantes de détérioration de la croissance. « Ce qui interpelle tous les acteurs à se mettre à l’œuvre pour proposer de mesures politiques et monétaires capables de relever le défi », a insisté Dr Nabé.

Le conférencier, dans son exposé a montré les perspectives sombres qui menacent l’économie des pays d’Afrique subsaharienne. « Après la période de 20 ans de croissance (1996-2016) dans la région, c’est la chute de la croissance dans les pays riches en ressources naturelles ». Les raisons toujours selon lui, depuis 2000, le taux d’inflation est en hausse avec une moyenne de 10%, la dépréciation du taux de change et l’apparition des marchés parallèles qui ont eu pour conséquences en 2016, une chute de la croissance à 1, 4% en moyenne, dans les 2/3 des pays concernés représentant 83% du PIB de la région.

Même si la projection est fixée en 2017 à 2,6%, grâce aux mesures incitatives initiées par des pays comme le Nigeria, l’un des trois plus grands pôles d’activités du continent, l’avenir économique reste préoccupant dans la région.
Parmi les causes de cette débâcle économique en Afrique subsaharienne, il ressort entre autres, la fragilité de la dynamique de croissance, la chute du prix des matières premières (le pétrole notamment), la sécheresse dans certaines parties du continent, l’insécurité entretenue par des groupes djihadistes, voir la rébellion et des tensions sociales (RD Congo, Congo Brazzaville,…), les conflits près et post électoraux mais également et surtout le caractère insuffisant des ajustements opérés par les pouvoirs publics, dans bon nombre des pays de la région.

Se voulant très pragmatique, le mozambicain qui a traîné sa bosse un peu partout à travers le monde économique et financier, a déploré l’aggravation du taux de chômage, la pauvreté, la perte du pouvoir d’achat des populations, comme quelques unes des conséquences d’un tel assombrissement économique.

De passage, les facteurs affectant les données macroéconomiques comme la gestion de la dette publique, le taux de déficit budgétaire, l’inflation, le système financier et bancaire, l’impact des dérapages de la dette intérieure, la tendance des matières premières,…en somme toutes les données affectant les finances publiques et la monnaie ont été abordés.

Pour le cas de la Guinée, le modérateur, Elhadj Abdoulaye Diallo, Secrétaire général de la Banque centrale, a souligné que le prix du fer, du diamant et de l’or (trois des ressources sur les quelles le pays compte) ne connaîtra pas une amélioration « significative » avant 2020.

Cependant, tout n’est pas perdu, selon M. José Suleman. « Pour mettre en valeur son potentiel économique, la région devra mener des politiques saines et avisées qui lui permettront de faire redémarrer le moteur de la croissance ».

Dans cet élan, au moins quatre éléments sont indispensables : la mobilisation des recettes intérieures, la préservation de la stabilité financière et la qualification des dépenses publiques et l’amélioration du climat des affaires.

En attendant, la contribution de l’économie informelle estimée à 35% du PIB en Guinée par le FMI et 60 % par les statisticiens guinéens, n’est pas à négliger. Le secteur qui constitue un véritable réservoir d’emplois appelle une attention soutenue des décideurs pour sa restructuration et sa transformation en secteur formel.

Dans les débats, Dr Lanciné Condé, directeur national de l’économie, Dr Manga Fodé Touré, Directeur général de la BICIGUI, Dr Facinet Conté, Recteur de l’université Mahatma Ghandi, Bakary Sylla, Chef de cabinet du ministère des finances, Rachidi B.Radji, le représentant de la Banque mondiale en Guinée, des représentants de l’AFD, H. Michel Kamano, Président de la commission économique et financière au Parlement, Abdourahmane Sanoh, Président de la PCUD, Karamoko Camara, Madikaba Camara, tous des anciens ministres des finances, Ibrahima Ahmed Barry, Président du Rjeg (réseau des journalistes économiques de Guinée), se sont relayés au micro et enrichir les débats.

Des interventions qui ont mis en relief le choix du financement des infrastructures et des objectifs de développement durable soit par le déficit public, soit par l’endettement ou par la mise en place de politiques économiques attractives.

En conclusion, Dr Louncény Nabé, se disant satisfait du niveau des débats a indiqué que le développement c’est à la fois la démocratie et l’électricité. Le banquier partage l’idée que la banque aille au delà de sa mission traditionnelle de stabiliser la monnaie, elle doit participer au développement de l’agriculture et de l’industrie, deux secteurs stabilisants de l’économie, porteurs de croissance et créateurs d’emplois et de richesse.

Parlant de la Guinée, Dr Nabé expliquera que le pays est sur le point de se tirer d’affaire. Sur le plan énergétique, après Kaléta, le barrage Souapiti est annoncé et dans deux ans, c’est presque tout le pays qui sera électrifié.
Pour ce technocrate, le chemin du développement pour la Guinée doit nécessairement passer par la transformation et la diversification de son économie, mais avant, « il faut une reconversion des mentalités avec un accent particulier sur la formation et l’éducation du citoyen en vue d’une meilleure qualification des ressources humaines du pays », a-t-il plaidé.

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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