Chérif Bah sur le discours d’Alpha Condé : « il ne donne aucune orientation sur les actions à mener »

Ibrahima Cherif Bah, vice-président de l'UFDG et membre de l'ANAD

L’adresse à la nation du président Alpha Condé, tenue dans la nuit du lundi 05 mars 2018, continue d’être commentée par nos compatriotes, tous préoccupés par la crise sociopolitique actuelle. Joint au téléphone ce mercredi matin par un reporter de Guineematin.com, Elhadj Ibrahima Chérif Bah, un des vice-présidents de l’UFDG, pense que cette sortie « ne comporte aucune annonce réelle ».

Pour Elhadj Ibrahima Chérif Bah « en dehors de la fête de l’indépendance et du nouvel an, quand un chef d’Etat pend la parole pour s’adresser aux citoyens, il annonce quelque chose de nouveau. Mais, on n’a rien vu. On a plutôt entendu un simple énoncé de principes généraux et vagues, qui ne donne aucune orientation précise sur les actions à mener ».

Par ailleurs, monsieur Bah regrette « qu’il n’y ait rien face à la grève dans l’éducation qui est une crie majeure. Il n’y a rien également sur la crise postélectorale engendrée par une fraude massive que le pouvoir a organisé. Et, Actuellement ils sont entrain de trainer pour corriger les résultats déjà proclamés. Donc, rien de tout cela n’a connu une orientation ».

Dans son discours, le président Condé a évoqué toutes les violences et les victimes qu’elles ont engendrées en Guinée. L’ancien gouverneur de la Banque Centrale sous le règne de feu général Lansana Conté « trouve cela très vague. Nous savons tous que l’Histoire de la Guinée est émaillée de violences depuis 60 ans, avec des violations des droits de l’Homme, des tueries de masse. Quand il parle de violences, est-ce qu’il parle de la guerre des Kinsi dans les années 1950 ? Est-ce qu’il parle des milliers de morts au camp de concentration de la période Sékoutouréenne dont les victimes ne sont pas encore soulagées aujourd’hui? Ou bien il parle des morts de 2006 et 2007 sous l’ère Conté ? Parle-t-il des massacres du temps de Dadis au stade du 28 septembre en 2009 ? Ou alors des crimes qui se sont passés sous son régime depuis 2011 ? Il faut qu’il soit très précis », estime ce proche de Cellou Dalein.

Selon Elhadj Ibrahima Chérif Bah, l’idéal aurait été que le président Alpha Condé « prenne des mesures contre les violences commises sous son régime pour sanctionner, pour punir les auteurs. Il y a un accord politique entre l’opposition et le gouvernement. Un accord selon lequel les auteurs de crimes, dont le nombre augmente de jour en jour, seraient retrouvés, jugés et condamnés. Il ne l’a pas fait. Alors, qu’il parle surtout de ces crimes là. Déjà on est à 90 morts rien que pour Conakry. Il y a aussi les crimes de Galapaye, de Saoro, de Zogota, de Womey et d’autres. Ça ne se regrette pas monsieur le président, il faut plutôt prendre des mesures pour juger et punir les coupables. C’est ce qu’on attend de lui. Le peule martyr de Guinée attend ça de lui ».

En outre, le vice-président du principal parti de l’opposition condamne les propos tenus par Sékou Souapé Kourouma du RPG qui aurait affirmé disposer d’hommes pouvant accompagner Alpha Condé pour un 3ème mandat.

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tel 628 17 99 17

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