Nyenh : des citoyens accusent le tribunal de N’zérékoré d’injustice

Le lundi dernier, 05 mars 2018, une foule en provenance du village de Nyenh dans la sous-préfecture de Kobela, a envahi le tribunal de première instance de N’zérékoré.

Les habitants de la localité, massivement mobilisés, étaient venus accompagner le président du conseil de district de Nyenh et son adjoint, poursuivis pour rébellion entre autres, devant la juridiction. Mais selon les informations confiées au correspondant de Guineematin.com à N’zérékoré, ce problème trouve sa genèse dans un vieux conflit domanial.

Le District de Nyenh, dans la sous-préfecture de Kobela, est situé sur la nationale N’zérékoré-Macenta à 34 km du chef-lieu de la préfecture. En 1955, un citoyen de la localité décide d’octroyer une partie de ses terres au village. Le terrain a été mis sous la tutelle du conseil de district et les élèves du village ont été mobilisés pour y planter des caféiers. Depuis, le café produit sur les lieux était revendu et l’argent servait, nous dit-on, à des activités allant dans le sens du développement de la localité.

Tout se passait bien jusqu’en 2013, lorsque la famille Malamou, dont le père a octroyé le terrain en question au village, décide de le récupérer. Elle a porté plainte dans un premier temps dans la sous-préfecture de Kobela contre le conseil de district qui gérait le terrain. Mais la famille a perdu le procès, témoigne un habitant de la localité : « Quand le problème a été envoyé à la sous-préfecture, les autorités de la sous-préfecture ont convoqué toutes les parties, chacun s’est exprimé, et elles ont auditionné les témoins. Mais je vous assure qu’aucun de ses témoins ne l’a soutenu. C’est suite aux mensonges fabriqués par eux(Les plaignants) que la sous-préfecture (Kobela) a déclaré que M. Theodore Malamou n’a pas raison. Et que par conséquent, il doit ramener les cafés récoltés et rembourser les dépenses engagées par le village, comme convenu à la première assise à Nyenh. Donc, cette décision a été signée par les responsables de la sous-préfecture et le conseil de district en 2013 ».

« Quand elle a perdu le procès, la famille a décidé de faire une attestation de reconnaissance, qui disait qu’à compter de ce jour mercredi 9 janvier 2013, la plantation de caféiers faite par les élèves d’alors, est, et demeure la propriété exclusive du village de Nyenh. Cette déclaration a été signée par la famille Malamou en présence des témoins des deux parties », ajoute notre témoin.

Mais la famille ne baisse pourtant pas les bras dans cette affaire, malgré cette bataille perdue. Un an après, Agnès Hebelamou, épouse de Théodore Malamou, dépose une nouvelle plainte contre Tokpa Zuo Bienvenu Dramou, président du conseil de district et Paul Haba, son vice-président devant le tribunal de première instance de N’Zérékoré pour expropriation de domaine.

Selon une source judiciaire, la plaignante avait gagné le procès. Une ordonnance aurait été prise le 28 octobre 2014 par la juridiction et qui reconnaît la dame Agnès Hebelamou comme propriétaire du domaine litigieux.

Une décision jugée unilatérale et injuste par les habitants de Nyenh. Ces derniers ont décidé finalement de couper tous les caféiers et de transformer les lieux en terrain de football en 2016. La dame saisit alors une nouvelle fois le TPI de N’zérékoré pour rébellion, destruction de plants et menace de mort. « C’est après la destruction de cette plantation de caféiers en 2016, que la femme a porté plainte contre Tokpa Zuo Bienvenu Dramou, le chef du village et son adjoint Paul Haba pour rébellion, destruction de plants et menace de mort. C’est suite à cette plainte que le tribunal a envoyé un huissier de justice pour le constat sur le terrain. Et effectivement c’était vrai, l’huissier de justice a fait un procès-verbal le 19 octobre 2016 », explique un responsable du TPI de N’zérékoré.

Interpellés et auditionnés, Tokpa Zuo Bienvenu Dramou et Paul Haba ont été placés en détention et leur procès s’est ouvert. Mais en raison de la tension suscitée par leur incarcération, certaines autorités locales se sont impliquées pour demander à la justice d’accorder une liberté provisoire aux deux responsables du village. Ils ont été remis en liberté, mais placés sous contrôle judiciaire.

Après les élections locales du 04 février dernier, le tribunal de première instance de N’zérékoré a convoqué les deux hommes pour les situer sur leur sort, et le verdict était annoncé pour le 05 mars dernier. Ce jour-là, le président du conseil du district de Nyenh se sont fait accompagner par une foule de partisans venus de leur village pour se rendre au tribunal de N’zérékoré. Mais la juridiction a décidé de reporter encore au 12 mars, la publication de sa décision dans cette affaire.

De N’Zérékoré, Foromo Lamah pour Guineematin.com

Tél. : +224 620166816

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