Dr Diao Baldé : « la Guinée ne peut pas faire un recensement général de la population cette année »

Dr. Diao Baldé, Président de l'UGN, membre de l'ANAD

Le débat continue autour du recensement général de la population, annoncé la semaine dernière par le gouvernement. Dr Diao Baldé, président du parti UGN (Union pour la Guinée nouvelle), a abordé cette question dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce mardi 1er février 2022. Ce leader politique a fait des observations pertinentes à l’attention des autorités de la Transition.

Si certains acteurs politiques saluent l’idée du président de la Transition, Colonel Mamadi Doumbouya, de procéder à un recensement général de la population, tel n’est pas le cas de Dr Diao Baldé. Le président du parti UGN (Union pour la Guinée nouvelle) souligne que la Guinée ne doit et ne peut pas mener une telle opération cette année. Selon lui, il faut attendre 2024 pour faire un nouveau recensement général de la population et de l’habitat, puisque le dernier en date a eu lieu en 2014.

«  Le recensement général, c’est pour une période de 10 ans. Ce sont des standards à l’image de la sous-région. Parce qu’il ne faut pas oublier que la Guinée, dans le domaine des statistiques, fait partie d’un réseau sous régional et même international qui doit procéder au recensement presqu’au même moment. Et nous sommes aussi en collaboration avec Afrik Stats, la Banque mondiale, le PNUD à travers le FNUAP, qui est une instance spécialisée dans le domaine de la population. Donc tout ça, c’est réglementé. Aujourd’hui, les 10 ans ne sont pas écoulés. Donc, nos dirigeants ne peuvent pas le faire. Ensuite, ils n’en ont pas la compétence.

Ce sont des recensements qui sont accompagnés par toutes les institutions et qui permettent à l’Etat et les institutions de formuler les politiques de développement (…). Chaque année, c’est admis qu’il y a un accroissement de la population. C’est pourquoi la périodicité est de 10 ans. Donc, au niveau des villages, des secteurs, ils vont délimiter les zones de démembrement (ZD). C’est l’ensemble des ZD qui va constituer la cartographie. Et c’est maintenant qu’il faut le faire puisque c’est à partir de cela que l’enquête se réalise pour avoir les données en 2024 », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, cet expert en développement local précise qu’il ne revient pas au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation de piloter un tel recensement, mais plutôt au ministère en charge du Plan. « On a suivi la communication du ministre de l’Administration du territoire sur le recensement général de la population et de l’habitat. Il a insisté sur la fourniture de la carte biométrique de tous ceux qui ont eu l’âge de 18 ans. C’est une mauvaise communication, parce que le ministère de l’Administration du territoire n’a pas les compétences, ni les prérogatives de réaliser un tel recensement.

Ça reste dans les prérogatives du ministère du Plan, de l’Economie et des Finances qui a en son sein, l’institut national des statistiques (INS), qui est habilitée à faire ce travail, parce que ça nécessite des compétences et des ressources. Et l’INS, c’est l’institut spécialisé dans ce domaine. Ils ont les équipements et le personnel formé et ils ont les prérogatives. Il y a même la loi sur la statistique qui se trouve dans leurs prérogatives. Donc, le ministère de l’Administration n’a pas cette prérogative et n’a pas du tout les compétences requises pour réaliser une telle activité », a dit Dr Diao Baldé.

Ce responsable politique préconise aussi de dissocier le recensement général de la population et de l’habitat à l’établissement du fichier électoral. Pour lui, l’association des deux opérations ne favorise pas l’obtention d’un fichier qui reflète le corps électoral.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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