Kouankan (Macenta): l’ONG ADES forme les femmes réfugiées ivoiriennes en saponification

L’Association pour le développement économique et social (ADES) a organisé jeudi dernier, 17 février 2022, une formation en saponification à l’intention des femmes réfugiées du camp de Kouankan dans la préfecture de Macenta (en région forestière). Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet « favoriser l’autonomisation des femmes réfugiées de Kouankan par la mise en œuvre pérenne d’activités génératrices de revenus ». Un projet financé par l’ambassade des États-Unis en Guinée, à travers le fonds « Julia Taft », a appris un des correspondants de Guineematin.com dans la région de N’zérékoré.

Selon Moussa Mara, le directeur exécutif de l’ONG ADES, cette formation vise à accompagner les femmes réfugiées ivoiriennes du Camp Kouankan dans leurs efforts d’autonomisation.

Moussa Mara, Directeur exécutif de l’ONG ADES

« L’objectif de la présente formation, c’est de former les groupements de femmes réfugiées de Kouankan dans les activités génératrices de revenus, notamment la saponification et la teinture. Aussi, renforcer leur esprit d’entrepreneuriat et renforcer les capacités organisationnelles et institutionnelles des groupements que ces femmes-là dirigent » a dit Moussa Mara.

Pour madame Agathe Zoka, présidente des femmes réfugiées de Kouankan, cette formation est une opportunité pour se prendre en charge. Car, le HCR leur a coupé les vivres et ces femmes réfugiées ne comptent pas retourner en Côte d’Ivoire où elles ont laissé des histoires tristes et douloureuses.

Madame Agathe Zoka, présidente des femmes réfugiées de Kouankan

« Ce qui nous réunit aujourd’hui ici, c’est la formation en saponification pour les femmes en détresse. On a vu que quand le projet a été lancé, les hommes aussi se sont beaucoup intéressés. Ici c’est le Camp des réfugiés ivoiriens. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous ont choisi d’être rapatriés et beaucoup aussi ont bénéficié de la réinstallation sur le Canada, la France sur les Etats Unis par l’aide du HCR. Mais, aujourd’hui, le groupe qui reste ici, on nous a fait comprendre qu’il n’y a pas de réinstallation. Et, ces personnes-là sont pour la plupart des analphabètes. La plupart sont des femmes qui ont perdu leurs maris dans la guerre et qui n’ont même pas envie de retourner en Côte d’Ivoire. Parce que quand tu vas et que tu vois là où ils ont égorgé ton mari, tu ne vas jamais oublier cette histoire. Car, les choses passées se réveilleront en toi. Donc, ces femmes-là ont décidé de ne pas retourner en Côte d’Ivoire. Il y a même des hommes qui sont dans la même situation. Donc, ces personnes sont là, elles ne savent pas comment faire pour se nourrir. Le HCR a coupé la nourriture. Même pour nous assister ou voir même les véhicules du HCR dans le Camp, c’est totalement des problèmes. Ces femmes sont là, elles se prennent en charge en matière de nourriture, de santé. Elles vont même dans les champs pour faire des contrats afin de s’occuper de leurs familles. C’est pourquoi nous avons écrit vers les ambassades. Et, l’ambassade des Etats-Unis nous a acceptés à travers l’ONG ADES. Aujourd’hui, ils sont en train de réunir ceux-là pour les former en saponification pour qu’au moins, quand elles maîtrisent ce métier-là, elles puissent mettre quelque chose en place pour pouvoir se prendre en charge. Donc nous félicitons vraiment l’ambassade des États-Unis, à travers cette ONG qui est venue vers nous pour nous former. Et, je suis sûr toutes ces femmes-là, de la manière qu’elles sont attentives à ce métier-là, elles feront grand-chose. Et, après ces formations, nous allons fabriquer des savons Kabakoudou qui vont aller dans les marchés du Libéria, de la Côte d’Ivoire et certains pays d’Afrique de l’ouest », a indiqué Agathe Zoka.

De son côté, madame Rose Doré, l’une des bénéficiaires de la présente formation, se réjouit de l’accompagnement de l’ONG ADES.

madame Rose Doré, bénéficiaire

« On est très contente d’avoir ce projet qui va nous aider. Nous sommes des femmes réfugiées solides, on veut travailler, mais il n’y a pas moyen. Vraiment, ils n’ont qu’à nous aider avec tous les moyens », a-t-elle dit.

Au terme de cette formation, l’ONG ADES envisage de faire en sorte que ces groupements de femmes soient pérennes et qu’ils mènent des activités génératrices de revenus qui puissent les aider à être en mesure de s’insérer socialement et économiquement au sein de leur communauté. Et, aussi, avoir une visibilité pour qu’au-delà de ADES, que ces femmes puissent être connues par d’autres structures, par d’autres organisations nationales ou internationales qui vont les appuyer.

A noter que ce projet durera moins de 9 mois et plusieurs activités seront exécutés notamment les formations professionnelles (en saponification et teinture) et les formations en gestion (comptabilité simplifiée, comptabilité en marketing, budgétisation,…). Les femmes seront aussi formées en esprit d’entrepreneuriat et en structuration. Et, une mission des partenaires se rendra le 4 mars prochain pour toucher les réalités du terrain.

De retour de Kouankan, Foromo Gbouo LAMAH pour Guineematin.com

Tél : +224620166816/666890877

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