Décès d’Alhassane Bangoura en détention : « la juge d’instruction a demandé 8 millions… »

Le décès récent du citoyen Alhassane Bangoura à la maison centrale de Conakry a provoqué une forte indignation et des manifestations de colère au quartier Yattayah, dans la commune de Ratoma. Alors qu’il est présenté comme un malfaiteur, ses avocats soutiennent le contraire et dénoncent la forte somme réclamée pour sa mise en liberté sous caution. Ils l’ont fait à travers une conférence de presse animée dans la journée d’hier, jeudi 24 mars 2022.

La mort en détention d’Alhassane Bangoura avait suscité la colère des jeunes de Yattaya. Ils avaient organisé une manifestation de rue, dispersée à coups de gaz lacrymogène par les forces de sécurité. Le défunt était accusé du vol d’un poste téléviseur. Mis aux arrêts, il avait été placé sous mandat de dépôt à la maison centrale avant d’y trouver la mort

Me Sékou Koïta, avocat d’Alhassane Bangoura, a commencé par dénoncer l’attitude de la juge d’instruction en charge du dossier qui a demandé une caution « excessive » pour sa libération. « Demander de l’argent pour une mise en liberté provisoire n’est pas illégal. On appelle ça la caution. C’est aussi une garantie. Si vous n’avez pas d’avocat, pas de domicile identifié, le juge d’instruction peut dire de payer une caution qui va être votre garantie. Là où le bât blesse c’est qu’il s’agit d’une caution de télé, une procédure où vous avez un avocat, où vous avez un domicile identifié. Par conséquent, une affaire dans laquelle il n’était pas nécessaire de demander une caution. Mais, nous avons accepté le principe de payer la caution. Personnellement, j’ai discuté avec la juge d’instruction pour lui dire, accepter ma demande de mise en liberté, elle m’a dit de demander à la famille. Je lui ai dit depuis quand on négocie avec la famille quand il y a un avocat. La caution doit être discutée avec l’avocat que je suis. Elle m’a dit que le frère du défunt a décidé de payer dix (10) millions de francs guinéens. J’ai rigolé en lui disant mais on parle de vol de télé là. Vous avez accepté à la famille de payer dix millions ? Je lui ai dit qu’on ne peut pas payer dix millions mais de me proposer une caution raisonnable. Elle a dit 8 millions GNF. J’ai dit non ; 5 millions GNF, j’ai dit non. On a fait une contre proposition de 3 millions GNF… Le jour de son décès, on nous dit que c’est ce jour (14 mars 2022) qu’on devait le mettre à notre disposition, c’est-à-dire le libérer. Mais Dieu a rendu la justice autrement. C’est comme cela que je qualifie sa mort », estime l’avocat.

En outre, maître Koita a cherché à disculper son client avant d’indiquer sa détermination à faire la lumière dans cette affaire. Ce qui pourrait laver l’honneur du défunt. « Feu Alhassane Bangoura, contrairement à ce qu’on a fait croire, n’était pas un voyou. Comme on a voulu le faire croire, il n’était pas un délinquant. Au contraire, c’était quelqu’un qui était utile à sa famille mais aussi pour le quartier… En tant que professionnel du Droit, ce que nous pouvons faire, nous savons que c’est devant la justice et nous sommes déterminés à faire triompher la vérité dans cette affaire… Aujourd’hui, je suis avec sa famille, mais ça ne plaira à personne d’avoir en mémoire que son père est mort en prison pour un vol de télé qui n’a pas été prouvé. Donc vous imaginez la douleur, le déshonneur qu’on a mis sur sa personne », a laissé entendre Sékou Koïta.

Aux dernières nouvelles, le corps du défunt est entre les mains du service dédié à Ignace Deen pour une autopsie. Les avocats disent attendre ces résultats pour savoir effectivement de quoi est décédé Alhassane Bangoura.

Djaziratou Sow et Mamadou Yahya Pétel Diallo pour Guineematin.com

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