Détournement des biens de feu Abdoulaye Sow ‘’Fadia’’ ? Souadou Sow accuse son oncle Habib et demande l’aide des autorités

Fille aînée de l’opérateur économique Abdoulaye Sow (décédé en 2016), Souadou Sow accuse son oncle paternel, Habib Sow, de vouloir détourner les biens (maisons, argent, entreprises…) laissés par son feu père. Dans un entretien accordé à Guineematin.com le weekend dernier, la jeune dame a dit que son oncle manœuvre, soudoie, menace, insulte et intimide toute personne qui se dresse contre lui dans sa volonté de s’accaparer de l’héritage de feu Abdoulaye Sow qui n’a laissé que des filles.

Les enfants de ce commerçant qui importait des motos et exportait de l’or ne comptent pas se laisser faire. C’est pourquoi ils poursuivent leur oncle en justice depuis 2019. Et, on apprend que la procédure est actuellement au niveau de la Cour Suprême pour cassation.

« Mon oncle Habib Sow doit comprendre que ce n’est pas parce qu’on veut lui faire du mal et nous aussi nous ne voulons pas qu’il nous fasse du mal. Tout ce qu’on veut, c’est qu’il nous remette ce qui nous appartient, ce qui appartient à notre père. Nous savons où sont les biens de notre père, nous connaissons où est l’entreprise de notre père. C’est ce que nous nous demandons », a notamment dit Souadou Sow.

Joint au téléphone par un journaliste de Guineematin.com hier, jeudi 24 mars 2022, monsieur Habib Sow n’a pas souhaité se prononcer sur ce dossier : « mon éducation ne me permet pas de le faire », a-t-il indiqué.

Ci-dessous, Guineematin.com vous propose le décryptage de l’interview de Souadou Sow :

Guineematin.com : Parlez-nous de votre père. Qui était-il et qu’est-ce qu’il faisait ?

Souadou Sow : Mon père s’appelle Abdoulaye Sow, un opérateur économique qui avait une société d’importation de motos. Il était commerçant et aussi exportateur d’or. C’était un grand commerçant connu de beaucoup de personnes et de beaucoup d’autres commerçants ici en Guinée. Il était originaire de Fadia, un district de la sous-préfecture de Sédouma, dans la préfecture de Dinguiraye. Il était le président des ressortissants de Dinguiraye. Mon papa, paix à son âme, est décédé le 22 février 2016. Il a laissé derrière lui deux épouses et neuf enfants vivants.

Guinneematin.com : Depuis qu’il est décédé, comment vit votre famille ?

Souadou Sow : Quand il est décédé, au début, on avait de l’espoir. C’est vrai que mon papa était décédé, mais il avait des frères. Il avait laissé des personnes auxquelles on pouvait croire, auprès desquelles on pouvait espérer avoir l’amour qu’il pouvait nous porter. C’est-à -dire ses frères qui nous ont vu grandir. Nous étions sous le même toit, dans la même maison.

Guineematin.com : comment s’appellent ses frères ?

Souadou Sow : L’aîné s’appelle monsieur Habib Sow,  le deuxième, Monsieur Mamadou Adama Sow qui a passé la plupart de son temps à N’Zérékoré et qui est venu à Conakry neuf jours avant le décès de mon papa.

Guineematin.com : Qu’en est-il aujourd’hui de la gestion des biens de votre feu père ?

Souadou Sow : Naturellement, lorsque mon papa est décédé, les gens sont venus nous conseiller, ils sont venus nous parler. Ceux qui ont eu un peu d’expérience là-dessus sont venus nous dire : écoutez, c’est vrai que votre papa est parti, c’est important de savoir qu’est-ce qu’il a laissé, qu’est-ce qu’il avait, combien d’enfants il a, combien d’épouses il a. Donc, vous devez poser ces questions-là à ses frères. Mais, à l’époque, je croyais que même s’il est décédé, tout va continuer comme avant. Mais, cela n’a pas été le cas, ça a été le contraire. Ça a été un cauchemar. Je croyais beaucoup à mon oncle Habib Sow, je l’aimais, je le prenais comme un père et il le savait.

Mais, tout a tourné au vinaigre, ça a été compliqué, ça a été très difficile. Parce que les problèmes ont vite commencé en famille. Mais, nous nous ne voulions pas que ça s’empire. À chaque fois, on essayait d’apaiser les problèmes, les soucis ; parce que les problèmes avec mes mamans et lui ont vite commencé en famille. Et, celles-là disaient qu’il fallait qu’on éclaircisse vraiment cela, mais il n’acceptait pas. Alors, les problèmes ont continué petit à petit jusqu’à un beau jour il est venu me présenter un document, une liste où sont mentionnés les biens de mon papa. Il me dit : c’est tout. Je lui ai répondu : c’est presque tout. Vous avez oublié quelques biens tels que les terrains à Coyah et le terrain de mille mètres carrés au carrefour Fadia. Il me dit : oui, c’est vrai, je vais écrire ça sur la liste. Mais, un dimanche, on m’appelle à la maison et ma petite sœur me dit : écoute Dian Souadou, Bappa (oncle) Habib est venu ici avec un document, un procès verbal où c’est mentionné qu’on a fait une réunion avec lui et un notaire, qu’ils ont procédé à la présentation des biens et qu’on l’a choisi comme administrateur. Donc, il m’a dit de signer ce document-là ; mais, je lui ai dit que je ne peux pas signer ce document, parce que ce qui est écrit dedans n’a jamais été fait. Ma maman, à son tour, lui a dit : écoute Habib, c’est vrai que mon mari est décédé, mais j’ai des frères dans ce cas là. Il fallait me mettre au courant, j’allais appeler un ou deux de mes frères au moins pour en parler. Et d’ailleurs, Monsieur Abdoulaye Sow a laissé une famille, nous vivons ensemble, pourquoi s’il y a réunion tu essaies de parler à ma coépouse à part et à moi à part ?

Pourquoi tu ne réunis pas tout le monde ? Il (Habib Sow) a dit : je fais à ma manière et une chose reste claire, il n’y a pas cet homme-là qui va savoir comment mon frère et moi travaillions. Lorsqu’il vivait, personne ne savait comment il était et ce n’est pas parce qu’il est décédé aujourd’hui que les  gens vont le savoir. Et, maman lui avait dit à l’époque que ce n’étaient pas des gens, ça. Ainsi, ma maman dit : s’il n’y a pas cela, je ne vais pas signer ce document-là. Ils se sont séparés sur ces mots ; et, ma marâtre aussi lui avait dit la même chose. Mais, c’est quelqu’un qui est stratège. Quand il commence à insulter à la maison, il dit qu’il a fait la mafia italienne, qu’il a la main dans le sac, il est riche, il a l’argent. Il est passé par tous les moins possibles, mes mamans sont parties à Dinguiraye, il a regroupé beaucoup de vieux sages du village ; et, après beaucoup de discussions et de complications, il a réussi à nous faire signer son fameux document, son fameux PV. Mes mamans ont signé ce document-là, on m’a appelé ici pour dire : écoute Souadou, c’est votre oncle, il dit qu’il veut travailler pour l’intérêt de tout le monde, pour l’intérêt de toute la famille et qu’il a des difficultés pour travailler sans que vous ne signiez ce document-là. Donc, acceptez tout ce qu’il vous dit…

Nous, on avait confiance en lui, on l’aimait, mais le fait qu’il soit venu avec un PV auparavant dans lequel il s’est autoproclamé administrateur a installé le doute.

Guineematin.com : Vous voulez dire un PV falsifié ?

Souadou Sow : Au début, ce n’était pas un PV falsifié. Le premier PV qu’il nous a présenté, c’était un PV où étaient listés les biens appartenant à mon papa. Ils nous ont demandé la confirmation pour qu’il soit administrateur. On n’avait pas le choix, car il y avait de la pression. Quand vous ne faites pas ça, on va vous laisser, on ne va pas vous assister. Nous, on ne voulait pas quand même perdre cette famille là. Cette famille représentait tout pour nous. C’est cette famille qu’on a connue, on a grandi avec eux, on ne voulait pas du tout la perdre. Donc, c’est ça qui nous a poussé, avec tout ce qu’on a connu comme les pièges, d’accepter quand-même de signer ce PV où il est mentionné qu’il est administrateur. Mais, d’ailleurs, un administrateur, on peut le révoquer à tout moment. Donc, on croyait que quand on signe ce document il y aura la paix, la joie allait revenir dans la famille et que c’était la seule préoccupation de mon oncle, son objectif. Et, quand il obtenait ça, ce serait la paix. Mais, d’ailleurs, il avait promis de donner la huitième part aux mamans, c’est-à-dire 375 millions à chacune. Je lui avais demandé à l’époque si tous les biens de mon papa évalués la huitième part donnait seulement 375 millions à chacune de mes mamans. Je lui ai dit : est-ce que vous pouvez dire ça devant les amis de mon papa ? Il me dit que c’est lui qui a décidé ainsi, on a qu’à accepter. L’objectif, ce n’était pas seulement d’avoir de l’argent, l’héritage de mon père, parce qu’il a travaillé dur pour avoir ce qu’il a eu aujourd’hui. Moi, personnellement, il m’a appris à travailler. Il m’a montré que seul le travail paie. Et moi, personnellement, là où je suis assise, je travaille bien. Je travaille dur pour avoir ce que j’ai aujourd’hui, pour venir en aide à mes sœurs et frères. Donc, sur ces mots que le document a été signé. Mais, tout a empiré, tout a été difficile, tout ce qui était facile est devenu compliqué et ça empirait de jour en jour. C’était très compliqué, parce qu’il nous insultait, il nous harcelait, il nous diffamait. Mais, un oncle reste un oncle, surtout chez nous la communauté peule. Parce que quand on apprend qu’il y a une peule en justice avec son oncle, ce qui voudrait dire qu’elle était au mur. Nous étions passés par tous les moyens pour ne pas en arriver là, mais on n’avait pas le choix.

Guineematin.com : Après ces incompréhensions, qu’est ce qui s’est passé ?

Souadou Sow : Après ces incompréhensions, ces difficultés, ces injures, ces complications-là, on n’a pas eu le choix si ce n’est d’aller en justice.

Guineematin.com : Et qui a porté plainte ?

Souadou Sow : Nous, les héritiers de Monsieur Abdoulaye Sow.

Guineematin.com : Donc, tous les enfants de feu Abdoulaye Sow ? 

Souadou Sow : Tous les enfants de M. Abdoulaye Sow, excepté les enfants de ma marâtre. Parce qu’à l’époque, j’avais convaincu ma tante d’accepter que je défende la cause et l’intérêt de tous les enfants de M. Abdoulaye Sow. Parce que tout le monde souffre dans cette maison, alors que mon père a travaillé dur, il s’est battu comme un lion pour avoir ce qu’il a aujourd’hui. Donc, naturellement on ne peut pas laisser ça, parce que nous sommes des femmes. Mais, le problème est que ma marâtre est un peu familiarisée avec mon papa. Elle, ils ont réussi à l’intimider un peu pour ne pas qu’on aille en justice. Ainsi, elle n’osait pas. Donc, au début, elle n’avait pas accepté. Parce que si elle avait accepté au début, on allait directement attaquer ce jugement d’hérédité en justice, parce qu’il n’avait pas été signé par nous. Le jugement d’hérédité que nous nous avions signé et celui qu’on avait retrouvé en justice, c’était tout à fait différent. Nous, on a signé pour qu’il soit administrateur. Mais, en première instance, on se retrouve avec un jugement d’hérédité où il est administrateur, mais aussi copropriétaire de l’entreprise de mon père. On pouvait attaquer naturellement ce jugement d’hérédité ; mais, le fait que ma marâtre n’était pas avec nous, c’était un peu compliqué. Parce qu’il faut le faire en commun accord avec tous les héritiers. Elle ne l’a pas accepté, elle est partie dans le camp de mon oncle. Mais, elle s’est retrouvée, elle a compris que c’était une peine perdue. Elle souffrait plus que nous qui étions partis en justice avec tous les problèmes que vous pouvez imaginer. Finalement, elle nous a rejoints en première instance. Lorsqu’on est parti, après deux mois, le verdict est tombé.

Guineematin.com : Vous êtes partis en justice à quel moment ?

Souadou Sow : On est parti en justice en 2019. Et, vous savez, mon papa est décédé en 2016. Donc, on a attendu trois ans pour voir s’il y aurait une solution. Donc, après le procès en première instance, ils nous ont dit que ce sont les biens qui sont à l’intérieur du pays, tel que la maison où nous sommes où toute la famille est, qui nous appartiennent. Mais, ils ont omis les biens les plus importants, à savoir le centre commercial à Madina, la station de Selouma, l’usine d’eau, le centre commercial à Kobala, la société elle-même.

Guineematin.com : et à votre avis, ça a été fait intentionnellement ?

Souadou Sow : bien-sûr ! Cela a été fait intentionnellement, parce que moi mon oncle est venu me trouver assise à Madina, il y avait beaucoup de gens, il s’est mis à insulter les parents de ma maman. Et, c’est ce jour-là qu’il a dit : ces enfants qui sont nés devant moi, ces filles-là qu’est ce qu’elles peuvent faire contre moi ? Je vais leur montrer qu’en Guinée c’est l’argent qui commande.

Il avait aussi dit ce jour-là à ses amis que « la justice va leur donner les biens dont je n’ai pas besoin, ceux dont j’ai besoin ils ne les verront pas de leurs yeux ». Moi, il m’a dit personnellement : « tu n’indexeras pas ces biens, à plus forte raison les hériter ». J’ai ces audios-là. Le verdict sort, une journée après, je vois la même chose. Ce sont les biens dont il n’a pas besoin qui ont été énumérés dans le verdict.

Guineematin.com : Vous pensez qu’il a utilisé l’argent de votre papa pour influencer la justice ?

Souadou Sow : Oui, il a utilisé l’argent pour ça. Et, il le dit à qui veut l’entendre : « en Guinée, c’est l’argent qui commande ». Donc, le verdict a été ce qu’il avait dit, parce que c’est quelqu’un aussi qui est trop bavard.

Guineematin.com : avez-vous interjeté appel suite à ce verdict ?

Souadou Sow : On a interjeté appel, on est parti au niveau de la Cour d’appel. Et, au niveau de la Cour d’appel, il vient dire aussi : « je vais leur montrer qu’en Guinée, c’est l’argent qui travaille ». Ce qui sous-entend que parce qu’en Guinée, tout est permis quand on a de l’argent, qu’on peut payer les décisions de justice. Aujourd’hui, j’ai ces audios-là, ces preuves-là où il dit : « je suis prêts à financer jusqu’à ce qu’il reste un franc et je vais utiliser cet un franc pour encore chercher de l’argent que je vais financer à nouveau. Même si tous mes parents vont mourir, je suis prêts, mais ces gens-là je vais les combattre frontalement et en secret ». Les preuves de ces propos existent, parce que j’ai ces audios-là dans mon téléphone.

Guineematin.com : Que s’est-il finalement passé à la Cour d’Appel ?

Souadou Sow : Quand on a interjeté appel au niveau de la Cour d’appel, on a attendu aussi un bon moment. Parce que là, je vous signale que nous sommes en justice depuis 3 ans. Donc, là aussi, après les débats, le verdict sort, la Cour d’appel se base sur son fameux jugement d’hérédité pour nous dire que les biens qu’ils nous ont remis en première instance sont restés intacts. Les biens qui ont été omis en première instance vont maintenant être partagés en trois et seulement le tiers (⅓) va revenir aux héritiers. Et, là où le bât blesse, j’ai les titres fonciers de ces biens là.

Guineematin.com : Est-ce que vous avez les preuves que ces biens appartiennent à votre papa ? 

Souadou Sow : Ces biens appartiennent à mon père. J’ai un document où c’est mentionné que ledit immeuble est la propriété de monsieur Abdoulaye Sow. Je suis partie au niveau de la conservation foncière où j’ai retrouvé les originaux. Ces domaines-là appartiennent seulement à monsieur Abdoulaye Sow, il n’est pas associé à quelqu’un d’autre.

Guineematin.com : Et la société ?

Souadou Sow : J’ai le RCCM qui date de 2006. Cette société appartient seulement à monsieur Abdoulaye Sow, elle a été créée en 2006. C’est la date de création de cet établissement-là. Voici le RCCM original, voici les titres fonciers. Je suis partie à la Conservation foncière faire des oppositions pour cela. Et, je vais vous montrer ce document là, on m’a donné les accusés de réception de fait, parce que là quand vous partez faire les oppositions, ils vont voir qui vous êtes pour faire ces oppositions. N’importe qui ne peut pas le faire. Alors, je suis la fille de monsieur Abdoulaye Sow, j’ai apporté la carte d’identité de mon papa et ma carte d’identité, ils ont constaté les faits et j’ai fait les oppositions, beaucoup d’autres oppositions. J’ai payé les frais et on m’a donné les accusés de réception. Et là, maintenant, je suis confiante sur ce niveau-là, personne ne peut faire une mutation. Et, ils n’ont pas aussi contredit le fait que ces domaines-là appartiennent à mon papa. On a ces titres fonciers-là. A la Cour d’appel, ils ont vu tous ces documents-là, mais avec toutes ces preuves, ils ont quand-même accepté de partager les biens de monsieur Abdoulaye Sow entre ses héritiers et ses frères. Alors que ces derniers ne sont pas héritiers.

Guineematin.com : Avec toutes ces preuves montrées à la Cour d’Appel, les juges ont décidé de partager les biens de monsieur Abdoulaye Sow en trois parties ?

Souadou Sow : Ils ont décidé de partager les biens de notre papa en trois parties ; et, seulement le tiers est revenu aux héritiers. Et là, il se base sur son fameux procès verbal pour dire qu’il y a eu un procès verbal signé par les héritiers de monsieur Abdoulaye Sow qui sont copropriétaires de l’entreprise.

Guineematin.com : Mais, est-ce que vous avez signé ce procès verbal ?

Souadou Sow : On ne l’a jamais signé, on s’est retrouvé avec ce procès verbal-là en justice en première instance.

Guineematin.com : Après ce procès à la Cour d’Appel, quelle a été la suite dans cette procédure ?

Souadou Sow : On ne l’a pas accepté naturellement. On s’est pourvu en cassation, parce qu’on ne peut pas accepter que les biens de monsieur Abdoulaye Sow soient partagés en trois parties. Parce que je vous signale qu’ils ont leurs biens, ils ont leurs étages, ils ont leurs voitures, ils ont leurs terrains, ils ont leurs enfants, ils ont leurs familles. Ces biens-là ne vont pas être partagés. Les biens qui vont être partagés en trois sont seulement les biens de monsieur Abdoulaye Sow où on en a les documents. On a toutes les preuves que ces biens-là appartiennent à monsieur Abdoulaye Sow. Donc, on ne va pas accepter. On s’est pourvu en cassation et le dossier a fait plus de deux ans là-bas. Et, je pense que le verdict va bientôt tomber et on va connaître notre sort.

Guineematin.com : Est-ce que vous avez pris contact avec les juges de la Cour suprême pour leur expliquer toutes ces péripéties ?

Souadou Sow : On nous a fait comprendre qu’à la Cour suprême, ils se basent sur les jugements qui ont été faits. Est-ce qu’ils ont dit le droit ? Est-ce qu’ils ont fait les choses comme ça se doit ? Et, naturellement, cela n’a pas été fait. Ils ont fait du n’importe quoi et mon oncle nous a dit qu’il a de l’argent pour payer les magistrats et qu’il va continuer à payer. La preuve, c’est qu’aujourd’hui il est administrateur, il gère tous les biens de mon papa, on n’a droit absolument à rien. Même la dépense pour manger, le minimum vital, on ne gagne pas de ses mains. On se débrouille et vous savez, en Guinée, quand on se débrouille, c’est très compliqué. Tout ce qu’il est en train de payer aujourd’hui, c’est la scolarité des tout-petits. Tout récemment, ma sœur vient d’obtenir une bourse d’études pour faire son Master en Tunisie, on lui a adressé un courrier avec son avocat, ils ont catégoriquement refusé. Ils nous ont répondu qu’ils n’ont pas d’argent, que les choses ne marchent pas. Mais, à côté, il est en train de construire des immeubles. Il est en finalisation d’un étage R+4 où chaque étage a deux appartements à Dixinn, à côté de chez nous. Il construit pour des tierces personnes au village pour qu’ils ne parlent pas. Il a construit au minimum à trois personnes depuis que mon papa est décédé. Ils ont construit  plus de cinq ou six maisons. Ils ont de l’argent, mon papa a laissé de l’argent. On est en train de parler de plusieurs millions de dollars-là.

Guineematin.com : Jusqu’où vous êtes prêts à aller avec votre oncle pour réclamer vos biens ?

Souadou Sow : On est prêt à aller jusqu’au bout. Qu’est ce que je veux dire ? Jusqu’au niveau des plus hautes instances de la justice guinéenne.

Guineematin.com : Aujourd’hui, il y a le Conseil supérieur de la magistrature qui est déjà mis en place et il y a le président de la Transition qui a promis que la justice sera la boussole pour tout le monde. Est-ce que vous avez un appel, une atteinte envers les autorités ?

Souadou Sow : Tenez-vous bien, on a écrit au président de la République, le Colonel Mamady Doumbouya, il y a de cela plus de deux mois. On a déposé l’écrit à la présidence, on a l’accusé de réception ici. On a écrit au ministre de la Justice, on a écrit au Premier ministre, on a écrit à beaucoup de hauts cadres ici en Guinée. Pour le moment, nous sommes à l’écoute, parce que je vois qu’il y a beaucoup de problèmes. Il y a de sérieux problèmes ; mais, nous ne sommes pas les seuls à avoir des petits soucis, des complications. Donc, nous sommes actuellement en attente.

Guineematin.com : Qu’est-ce que vous attendez de ces autorités-là ?

Souadou Sow : le Président, son Excellence Colonel Mamady Doumbouya, nous a dit que la justice sera la boussole. Et, lorsqu’on a entendu ça, on a encore eu de l’espoir. Peut-être quand on aura la chance de le rencontrer, il va nous rétablir dans nos droits. Parce qu’on ne demande pas trop, on ne demande pas beaucoup. Nous demandons seulement ce qui nous appartient, pas ce qui appartient à quelqu’un d’autre. On a toutes les preuves de ce qui nous appartient et nous sommes majeurs. Actuellement, moi, je gère mon propre établissement, je travaille à mon compte, c’est grâce à ce que je gagne, le peu que je gagne, que je me débrouille avec ma sœur et mes deux mamans pour subvenir aux besoins des tout-petits. Actuellement, si on récupère ce qui nous appartient, on ne va pas chercher d’administrateur. Et, d’ailleurs, je vous signale que ma tante nous a rejoints, elle a compris. Elle me dit : « Souadou, écoute ! Des fois, quand ton oncle vient dans mon appartement, c’est là-bas qu’ils échangent. J’ai bien compris que sa force aujourd’hui, c’est parce qu’on l’avait choisi comme administrateur. C’est pour cela qu’il est parti falsifier pour dire qu’il est maintenant associé. Ce qu’on va faire maintenant, c’est de le révoquer »… On va faire une réunion devant un notaire pour le remplacer comme c’est nous qui l’avions choisi comme administrateur.

Guineematin.com : Et qu’est-ce que vous attendez pour le révoquer ? 

Souadou Sow : On a fait cela. On est parti devant un notaire, on a fait une réunion entre nous les héritiers. On a fait un PV qui a été signé par tous les héritiers et qui a été homologué à la justice de paix de Dinguiraye. Parce que Dinguiraye c’est chez nous, c’est là-bas que mon papa a été enterré. On est parti homologuer tout ça, on a récupéré tous les documents, le jugement d’hérédité, la lettre de non appel et de non opposition. Et, lorsqu’on a tout obtenu, on a signifié ces actes-là à mon oncle. Parce qu’en justice, il faut informer la partie adverse. Ce n’est plus lui l’administrateur des biens de Monsieur Abdoulaye Sow, mes frères et sœurs m’ont choisi, moi. Maintenant, ce n’est pas la peine de chercher quelqu’un d’autre, nous allons nous-mêmes administrer ce qui nous appartient. Mais, lorsqu’on lui a signifié cela, il a dit : non, qu’on ne peut pas l’enlever. Que lui seul reste et demeure administrateur des biens de monsieur Abdoulaye Sow qu’on ne peut pas l’enlever. Et, nous sommes toutes des filles, qu’on se prend pour qui ? Qu’une chose reste claire que nous verrons qui il est et de quel bois il se chauffe. Il est parti en tierce opposition à la justice de paix de Dinguiraye pour attaquer notre jugement d’hérédité. Il y a eu à nouveau un autre jugement. Fort malheureusement, le juge de la justice de paix de Dinguiraye a accepté sa tierce opposition, il a annulé notre jugement d’hérédité qui a été fait là-bas et a confirmé, lui, son jugement d’hérédité. Ce qui veut dire que notre jugement d’hérédité ne compte pas. Maintenant, un administrateur qui ne fait pas de compte rendu, il est administrateur plus de six mois, il n’a jamais fait de contrôle.

Guineematin.com : Vous voulez dire que le juge de paix de Dinguiraye a joué le jeu de votre oncle ?

Souadou Sow : Naturellement, il l’a fait.

Guineematin.com : Et, qu’est-ce que vous comptez faire par rapport à cet acte ?

Souadou Sow : Notre premier souci aujourd’hui, c’est d’obtenir cette cassation au niveau de la Cour suprême. Parce que lorsque le juge de paix de Dinguiraye avait annulé le jugement d’hérédité que nous avons fait et a confirmé le jugement d’hérédité de notre oncle, on a interjeté appel à la Cour d’appel de Kankan. Alors, notre seul souci c’est comment avoir la cassation au niveau de la Cour suprême pour revenir au niveau de la Cour d’appel et reprendre les débats.

Guineematin.com : Est-ce que vous avez un avocat pour vous conseiller ?

Souadou Sow : On a notre avocat, on a nos conseillers juridiques, en l’occurrence Me Almamy Traoré. C’est notre avocat depuis que les problèmes ont commencé. Il était avec deux autres avocats au début, mais nous n’avons pas les moyens, on arrive difficilement à survivre. Comment on va aller chercher deux avocats ? Et lui, il est toujours prêt, parce que vous savez en justice, il faut qu’il y ait les petits moyens avec les frais d’huissier. Mais, à chaque fois, quand il y a des problèmes à la maison, on ne peut absolument rien si ce n’est de faire intervenir les huissiers pour venir faire les constats. On a plus de 20 constats qui ont été faits par des huissiers. Mon oncle n’a peur de personne, il a de l’argent. Il dit qu’il fait ce qu’il veut. Au début, il a commencé d’abord par intimider ceux qui pouvaient parler. Il s’est mis à insulter. Et, vous savez, certains ont peur des injures et ils vont dire que c’est la même famille.

Guineematin.com : avez-vous un dernier mot ?

Souadou Sow : Je lance un appel en premier lieu à monsieur Habib Sow, mon oncle. Il doit comprendre que ce n’est pas parce qu’on veut lui faire du mal et nous aussi nous ne voulons pas qu’il nous fasse du mal. Tout ce qu’on veut de lui aujourd’hui, c’est qu’il nous remette ce qui nous appartient, ce qui appartient à notre père. Nous savons où sont les biens de notre père, nous connaissons où est l’entreprise de notre père. C’est ce que nous nous demandons.

Et, de l’autre côté, je lance un appel solennel au CNRD, au président de la République, Son excellence le Colonel Mamadi Doumbouya, à l’opinion nationale et internationale, aux organisations de défense des droits des femmes et des enfants de nous venir en aide. Nous ne sommes pas les seuls, beaucoup d’autres personnes ont les mêmes problèmes aujourd’hui. Nous souffrons aujourd’hui, je souffre, mes sœurs, mes mamans, les gens qui nous soutiennent souffrent. Aujourd’hui, je lance un appel aux amis et collaborateurs de monsieur Abdoulaye Sow, il est très bien connu, c’est un commerçant importateur de motos de marque Léopard et Fadia de la Chine et d’exportateur d’Or, de nous venir en aide. Nous souffrons aujourd’hui. Moi, je suis mariée, j’ai trois enfants, je vis avec mon mari. Dans la maison où je suis, mon oncle a engagé une procédure d’expulsion contre mon mari, parce que moi il ne peut pas m’expulser. Et, cette procédure est au niveau de la Cour d’Appel de Conakry.

Aujourd’hui, nous n’arrivons pas à avoir le minimum vital, à manger. Alors que monsieur Abdoulaye Sow a durement travaillé, tous les gens qui l’ont côtoyé, tous les gens qui l’ont connu savent que monsieur Abdoulaye Sow était un vrai battant. Il a travaillé comme un lion, il ne dormait pas. il se réveillait tôt parce que moi il m’appelait des fois dans son appartement pour lire les messages des Chinois. Il se levait à 5 heures, il rentrait tard. Il a durement travaillé pour avoir ce qu’il a eu aujourd’hui. Donc, il a largement travaillé pour que ses enfants puissent avoir une très bonne éducation. Et, aujourd’hui, après son décès, ses enfants n’arrivent pas à manger. C’est désolant. Nous demandons à tout le monde de nous venir en aide.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 622 67 36 81

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