Projets de la banque mondiale en Guinée : formation des différentes unités de gestion

Organisé à l’intention des unités de coordination des projets financés par la Banque mondiale en Guinée et l’agence guinéenne d’évaluation environnementale, un atelier de vulgarisation et de renforcement de capacité sur le cadre environnemental et social de la Banque mondiale a été lancé ce lundi, 30 mai 2022, à Conakry. Le coup d’envoi de cette rencontre d’échanges et de partage d’expériences a été donné par Nestor Coffi, le représentant-résident de la Banque mondiale en Guinée. Les travaux vont s’étendre sur deux jours et doivent permettre aux différents participants de s’approprier du cadre environnemental et social de la Banque mondiale pour l’intégrer et l’utiliser dans leurs différents travaux, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le cadre environnemental et social de la Banque mondiale est le résultat de la mise à jour des ‘’politiques de sauvegarde environnementale et sociale’’ élaborées progressivement et employées par cette institution de Bretton Woods depuis les années 80. Il ne remplace pas immédiatement et totalement les politiques de sauvegarde encore en vigueur (avec lesquelles d’ailleurs il doit parallèlement s’appliquer jusqu’à la clôture du dernier projet les appliquant) ; mais, de par sa conception, le cadre environnemental et social de la Banque mondiale se veut systématique, moderne et harmonisé. Et, il vient « s’appliquer aux nouveaux projets d’investissement depuis fin 2018 ; renforcer les protections pour les personnes et l’environnement, promouvoir le renforcement des capacités et des institutions et l’appropriation par les pays ; améliorer l’efficacité aussi bien des pays que la Banque mondiale ; consolider les politiques environnementales et sociales de la Banque mondiale et les harmonise avec celles des autres institutions de développement ; permettre des avancées importantes pour la Banque mondiale dans les domaines tels que : la transparence, l’éthique de responsabilité, la non-discrimination et la participation du public ».

Selon le représentant-résident de la Banque mondiale en Guinée, Nestor Coffi, le cadre environnemental et social est un programme développé par le groupe de la Banque mondiale (depuis quelques années) et mis à la disposition des pays partenaires. Et, cet atelier de deux jours qui a été entamé ce lundi à Conakry devrait permettre aux unités de coordination des projets financés par la Banque mondiale en Guinée et l’agence guinéenne d’évaluation environnementale de s’approprier de ce nouvel instrument. Mais, cette rencontre est aussi une opportunité pour ces acteurs d’échanger sur les normes environnementales et sociales pour s’assurer d’une bonne adéquation entre ce qui est envisagé en termes de développement et les aspects environnementaux et sociaux qui vont avec.

Nestor Coffi, Représentant Résident de la Banque mondiale en Guinée

« Il y a eu une large consultation à travers le monde pour arriver à produire ce nouveau cadre environnemental et social. Maintenant que le cadre a été adopté, il est important de faire en sorte que les acteurs puissent se l’approprier… Très souvent, lorsque nous préparons de nouveaux programmes de développement, les aspects environnementaux et sociaux sont présentés comme des obstacles, des points de blocage… Mais, les aspects environnementaux et sociaux ne devraient être un obstacle au développement. Au contraire, nous faisons du développement pour que le développement soit en harmonie avec notre cadre environnemental et social. Il n’y aurait pas de développement si ce qui est prévu est en contradiction avec nos valeurs sociales et environnementales… Donc, pour nous, ce ne sont pas des exigences de normes que le groupe de la banque mondiale impose aux pays pour les empêcher d’accéder aux financements. Au contraire, ces normes soutiennent en réalité les normes nationales. Et, vous les cadres nationaux, votre responsabilité c’est de vous assurer qu’il y a une bonne adéquation, une bonne compréhension de ce programme. Vous êtes aussi des ambassadeurs. Nous voyons en vous des porteurs de messages. Notre ambition au niveau de la banque mondiale c’est de soutenir et multiplier ces formations, mais que vous puissiez les répercuter auprès de vos collègues… Au niveau de la Banque mondiale, nous voyons la gestion environnementale et sociale comme un élément catalyseur de développement », a expliqué Nestor Coffi.

Au-delà de l’accompagnement et de la formation, la Banque mondiale est disposée à aider la Guinée à disposer de ressources financières et techniques pour accompagner l’ensemble des efforts du pays en matière environnementale et sociale. Et, pour Mamady Kobélé Keïta, spécialiste environnement-Banque mondiale-bureau de Conakry, le présent cadre environnemental et social ne vient pas remplacer la réglementation nationale.

Mamady Kobélé Keïta, spécialiste environnement-Banque mondiale-bureau de Conakry

« Nous avons mis un nouvel outil (le cadre environnemental et social) en place depuis trois ou quatre ans maintenant. C’est ce qui est en train de prendre son envole ; et, donc, il fallait organiser une session de vulgarisation de cet outil pour permettre aux équipes qui travaillent sur les projets financés à travers la banque mondiale de mieux l’utiliser… On souhaite qu’ils aient une bonne appropriation de ce document. Parce que l’objectif n’est pas de remplacer la réglementation nationale, mais c’est pour que les deux plateformes travaillent ensemble. On va renforcer ce qu’ils ont ; et, eux-aussi, ils vont comprendre ce que nous avons comme exigences. Donc, je souhaite qu’ils puissent comprendre le contenu du cadre et qu’ils puissent l’utiliser comme il le faut dans leurs travaux respectifs. Mais, que nous aussi, qu’on puisse s’intégrer dans l’arsenal juridique de la Guinée en termes d’environnement », a-t-il indiqué.

Le groupe de la  banque mondiale est déterminé à aider les pays à réduire la pauvreté et à promouvoir une prospérité partagée d’une manière durable. Et, pour y arriver, tous les aspects de la viabilité sociale et environnementale doivent être pris en compte. Ainsi, protéger l’environnement et les populations vulnérables et pauvres reste au cœur de la vision de tous ces projets.

Et, selon Aziz Lagnaoui, Spécialiste en chef environnement, ressources naturelles et économie bleue, par ailleurs chargé de la mise en œuvre du cadre environnemental et social, cet atelier de Conakry est une manière de familiariser, démystifier le concept, définir les aspects et s’assurer de la mise en place un plan d’action pour pouvoir travailler ensemble et accompagner tous les secteurs dans le cadre du développement durable du gouvernement de la Guinée.

Aziz Lagnaoui, Spécialiste en chef environnement, ressources naturelles et économie bleue, par ailleurs chargé de la mise en œuvre du cadre environnemental et social de la Banque mondiale

« L’idée c’est de divulguer un peu notre cadre environnemental et social, et travailler avec les agences d’exécution des projets que la banque mondiale finances pour s’assurer que les questions relatives à l’environnement et au social sont bien redressées. Donc, c’est une première interaction avec les collègues guinéennes. Et, l’idée c’est de familiariser, démystifier le concept, définir les aspects et de s’assurer qu’on mette en place un plan d’action pour pouvoir travailler ensemble et pouvoir accompagner tous les secteurs dans le cadre du développement durable du gouvernement de la Guinée. Donc, dans ces échanges, nous allons surtout familiariser les collègues avec le nouveau cadre environnemental et social, mais on va aussi identifier un certain nombre d’actions pour pouvoir suivre les secteurs spécifiques. Par exemple, la prochaine session sera plutôt réservée au secteur de l’agriculture, celle d’après sera le secteur eau et assainissement. Parce qu’on a un certain nombre de projets, mais aussi des projets qui sont en préparation ; et, c’est bon d’anticiper et de préparer tous les aspects qui sont nécessaires pour la bonne exécution et la mise en œuvre de ces projets », a dit Aziz Lagnaoui.

Spécialiste de sauvegarde sociale du projet développement de l’agriculture commerciale en Guinée et participante à cet atelier, Mama Aïssata Soumah, considère cette rencontre d’échange sur le cadre environnemental et social comme « un plus » dans la mise en œuvre de leurs activités.

Mama Aïssata Soumah, Spécialiste de sauvegarde sociale du projet développement de l’agriculture commerciale en Guinée

« Ça nous rapportera un plus dans la mise en œuvre de nos activités. Parce qu’il faut le rappeler, avant, les gens n’étaient pas trop conscients sur les aspects environnementaux et sociaux. Mais, avec la vulgarisation de ces documents sur le cadre environnemental et social, avec le concours de la banque mondiale et d’autres acteurs, il faut avouer que beaucoup commencent à prendre conscience de l’impact de l’environnement dans les différents projets financés par les bailleurs, mais aussi par l’Etat guinéen », a-t-elle indiqué.

A rappeler que les politiques environnementales et sociales de la Banque mondiale permettent de veiller à ce que les populations et l’environnement soient protégés des effets néfastes potentiels des projets d’investissement. Ces politiques améliorent aussi les résultats et l’efficacité des projets. De surcroît, l’appui au renforcement de la capacité des Etats à appliquer les politiques sociales et environnementales renforce la viabilité et l’impact même des projets ne faisant pas partie du portefeuille de la Banque mondiale.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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