Incarcération des mineurs avec de « grands bandits » à Kankan : « nous préparons des bandits de demain », déplore le ministre de la justice

En visite dans les entités de justice de la préfecture de Kankan, le ministre de la justice garde des sceaux, Moriba Alain Koné, s’est rendu à la maison centrale pour s’enquérir des conditions de détention dans cette prison de Kankan. Et, sur place, il a été profondément consterné de voir des mineurs âgés de moins de 15 ans incarcérés dans les mêmes cales avec de « grands bandits ». Il a particulièrement a été touché par la situation d’un orphelin de 13 ans qui a été adopté dans cette prison par « un bandit de grand chemin qui est condamné ». Cet enfant est en prison pour le vol présumé de 700 000 francs guinéens. Et, il n’a pas encore a été jugé. Le ministre de la justice a ordonné sa mise en liberté, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Kankan.

Visiblement très attristé de constaté cette incarcération mixte (enfants et majeurs ensemble), le ministre Moriba Alain Koné a laissé entendre qu’il faut « humaniser » la justice. Il assure qu’en laissant les enfants à la portée des bandits de grand chemin, « nous préparons les bandits de demain ». Et, pour résoudre ce problème, le ministre de la justice a appelé à trouver des moyens et des mesures alternatives pour que les enfants ne se retrouvent pas dans les mêmes lieux de détention que les grands criminels.

« J’ai fait un constat mitigé partout où je suis passé. J’ai trouvé ici, par exemple, des enfants en conflits avec la loi entretenus par des bandits de grands chemins. Ce qui veut dire forcément que nous préparons des bandits de demain. C’est pourquoi, dès mon arrivée, j’ai dit qu’il fallait humaniser la justice, humaniser nos maisons centrales… Je ne dis pas que cet enfant n’est pas en conflit avec la loi, mais on peut le récupérer afin qu’il rende service au pays. C’est un enfant qui était à l’école, sa mère est décédée, son père l’a abandonné ; et, donc, il n y a personne pour lui. Il se trouve être en conflit avec la loi pour une somme de 700000 francs. Ce qui est triste, cet enfant n’est pas jugé et il n’a que 13 ans. Il n’est pas le seul dans ces situations pareilles en Guinée. Et d’ailleurs, ce qui m’a choqué, il semble être pris en charge par un bandit de grand chemin qui est condamné et qui a fait de lui un allié éventuel. Ce qui est très dangereux pour le futur de cet enfant. Je vois en cet enfant plusieurs enfants dans la même catégorie. Je crois qu’il faut trouver des moyens et des mesures alternatives pour que les enfants ne se retrouvent pas dans les mêmes lieux de détention que les grands criminels. Même si un enfant est reproché d’avoir commis une infraction, il faudrait trouver un lieu de détention comme les femmes qui se trouvent dans un autre milieu, nous allons travailler sur ça », a dit Moriba Alain Koné.

A noter qu’après la ville de Kankan, le ministre de la justice et sa délégation ont pris la direction de la préfecture de Siguiri.

De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

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