Près de deux semaines après sa mort, le sergent Jean Emmanuel Haba, tué le 19 juin dernier dans une attaque terroriste à Kidal, au Mali, a regagné sa dernière demeure. Ce soldat, qui était en service à la 3ème région militaire de Kankan, a été inhumé hier, vendredi 1er juillet 2022, à N’Zérékoré. Ses proches, ses collègues ainsi que les autorités locales se sont mobilisés pour lui rendre un hommage, rapporte le correspondant de Guineematin.com à N’Zérékoré.
Le symposium organisé en l’honneur du défunt a été marqué par le témoignage du capitaine Jean Loua, témoin oculaire de la mort du sergent Jean Emmanuel Haba. Il est revenu sur les derniers instants qu’ils ont vécus ensemble.
« Le 19 juin 2022, nous sommes sortis pour envoyer la nourriture de nos amis. Arrivés à l’aéroport de Kidal, je lui ai dit : mon homonyme, vous savez qu’on doit aller en congé en Guinée, comme nous sommes sortis aujourd’hui, nous devons beaucoup travailler, parce que nous devons aller voir nos familles. Quand je lui ai dit ça, il s’est mis à rire.
A ce moment-là, on était dans la voiture. Lorsqu’on est arrivés dans la zone qu’on devait contrôler, il m’a dit : doyen, laissez-moi descendre, je vais contrôler. J’ai voulu qu’il prenne la machine détectrice des mines (explosifs), mais il m’a dit non. C’est ainsi que j’ai ouvert le véhicule, il est descendu. Quand il est descendu, il est parti vers là où il devait contrôler. Quelques minutes après, j’ai entendu une explosion d’une mine. Il est monté sur une bombe, qui a explosé. Il a trouvé la mort là-bas », a expliqué le capitaine Jean Loua.
Un témoignage qui a provoqué une vive émotion au sein de l’assistance. La famille du sergent Jean Emmanuel Haba pleure la mort d’un grand fils, tandis que ses collaborateurs regrettent la perte d’un bon agent. « Le sergent Jean Emmanuel Haba a été un soldat discipliné, obéissant, travailleur, courageux, faisant preuve d’adhésion parfaite à l’institution et doté du sens du travail bien fait », a déclaré l’Adjudant Aly Gaoussou Camara, chargé des ressources humaines de la 3ème région militaire de Kankan.
Choqué par la disparition tragique de son grand frère, le caporal-chef Salifou Haba, en service à Gaoual, lui, est revenu sur leur dernière conversation. « Je devais envoyer de l’argent pour qu’il m’achète des tenues. Donc, au cours de notre dernière conversation, il m’a dit : jeune frère, d’ici le 25 juin, je serai Bamako pour l’achat de tes tenues, et le 28 juin, je serai en Guinée. Il m’a dit aussi qu’il a demandé à sa femme de se tresser très bien pour qu’on aille l’accueillir à l’aéroport. Malheureusement, c’est son corps que nous sommes allés chercher à l’aéroport.
Je suis très choqué par sa mort. J’ai même eu du mal à le croire. Il était très cher pour moi, on faisait tout ensemble. Chaque matin, c’est lui qui me réveillait. Même le jour de l’événement (son décès), on a eu une longue conversation à 6 heures du matin. Et à 12 heures, on m’a annoncé sa mort. J’étais très dépassé par cette situation. On a été recrutés le même jour. Nous sommes rentrés le même jour au camp. Et si j’entends qu’il est parti à jamais, je ne peux que demander à Dieu de lui pardonner tous ses péchés », a dit le caporal-chef Salifou Haba, jeune frère du défunt.
Après les hommages qui lui ont été rendus, le sergent Jean Emmanuel Haba a été décoré à titre posthume par les autorités militaires. Né en 1994 à N’Zérékoré, il a intégré les Forces armées guinéennes (FAG), le 1er janvier 2013. Le 20 janvier 2021, il a été retenu au sein du bataillon Gangan 7 pour se rendre au Mali au compte de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Il laisse derrière lui une veuve et trois enfants dont une fille.
De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com
Tél : +224620166816/666890877
