« Les non-dits et les non-sus » de Hadja Rabiatou Sérah Diallo : dédicace d’un livre qui fait de nombreuses révélations !

« Au conseil économique et social, je n’avais même pas une bicyclette ! Et, c’est quand la junte a pris le pouvoir qu’on nous a demandé de déposer les véhicules. J’ai dit je n’ai pas de véhicule et je n’ai pas de logement à déposer. Je n’ai absolument rien », a révélé Hadja Rabiatou Serah Diallo qui jure avoir souffert du régime d’Alpha Condé pour s’être opposée « dans le silence » au troisième mandat…

Le livre intitulé « Les non-dits et les non-sus » coécrit par Hadja Rabiatou Sérah Diallo, ancienne présidente du Conseil national de la transition (CNT) sous le CNDD, et Mamadou Aliou Diallo, a été présenté et dédicacé à Conakry. La cérémonie s’est tenue dans la journée d’hier, samedi 16 juillet 2022, au Centre International de Recherche et de Documentation (CIRD). Elle a connu la présence du président de l’actuel président du CNT et de plusieurs anciens collaborateurs, amis et proches de l’auteure, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans cet ouvrage de 86 pages, Hadja Rabiatou Sérah Diallo vient répondre à une série de questions et de critiques à son encontre durant sa gestion à la tête des différentes institutions qu’elle a gérées en Guinée, notamment le CNT sous la junte militaire du CNDD (du capitaine Moussa Dadis Camara et du Général Sékouba Konaté) ou le Conseil économique et social sous le régime d’Alpha Condé.
Parmi ces questions auxquelles elle dit avoir apporté des réponses figure le message de félicitations adressé au président Alpha Condé après sa réélection controversée. Ce message ne légitime-t-il pas les soupçons qui pèsent sur elle ? A-t-elle cautionné le troisième mandat en faveur d’Alpha Condé ? Comment perçoit-elle cette pluie de critiques à son encontre ? Après le coup d’État militaire du Colonel Mamadi Doumbouya, qui a renversé le régime d’Alpha Condé, le 5 septembre 2021 pour s’emparer du pouvoir, les présidents des institutions républicaines ont été sommés de rendre leurs véhicules de fonction, comment a-t-elle vécu ces événements ? Telles sont entre-autres questions revisitées dans cet ouvrage coécrit avec Elhadj Mamadou Aliou Diallo, jeune Docteur en Sociologie.
Selon Hadja Rabiatou Sérah Diallo, ce livre est une mine d’informations sur l’épisode du troisième mandat dans lequel elle livre sa part de vérité. Elle a subi en silence le prix de son opposition au troisième mandat, l’amputation du budget de fonctionnement de son institution (le Conseil économique et social), les difficultés à prendre part aux rencontres internationales, sans parler de l’injustice que son fils a subie quand il a été clairement avéré qu’elle n’était pas favorable à une nouvelle Constitution.
« Aujourd’hui, c’est un grand sentiment pour moi. C’est comme si j’avais un fardeau sur la tête et que je me suis libérée en partie. Il y a beaucoup de choses à dire ; mais, c’est petit-à-petit que l’oiseau fait son nid. Je m’inscris dans la logique d’éclairer la lanterne de la future génération en tant que femme qui donne le lait. Pour ça, il faut connaître certaines vérités. C’est pourquoi, il y a ‘’Les non-dits et les non-sus’’. Il faut toujours chercher à savoir. Cet ouvrage, comme le titre l’indique, j’ai passé des moments extrêmement difficiles que vous ne pouvez pas imaginer », a dit l’ancienne syndicaliste.
Par ailleurs, Hadja Rabiatou est revenue sur les difficultés matérielles sous le régime Alpha Condé. « Sur les réseaux sociaux, pour ceux qui les suivaient ou qui les lisaient ou sur le plan national ou ailleurs ou certaines personnes qui m’ont connu en 2007 pour ceux qui ne me reconnaissaient plus, chacun spéculait à sa façon. Mais, il y avait aussi des contraintes que tout le monde ne connait pas. Certains pensent que j’étais dans du beurre. Il y a un opérateur économique qui est venu jusque dans mon bureau pour me dire, comme tu as beaucoup à manger, il faut manger et puis tu te tais. J’ai souri. Parce que ce n’était pas le cas. Au conseil économique et social, je n’avais même pas une bicyclette. Et c’est quand la junte a pris le pouvoir qu’on nous a demandé de déposer les véhicules. J’ai dit je n’ai pas de véhicule et je n’ai pas de logement à déposer. Je n’ai absolument rien », a-t-elle révélé.
En outre, l’auteure a indiqué que même ses enfants ont subi les conséquences de son engagement. « Les gens ne savent pas comment on évolue dans les services. Ce que les gens ne savent pas, que chacun puisse se mettre à ma place. J’ai été présidente du CNT 2010. Comment est-ce qu’un membre du CNT à l’époque peut se dédire ? Mais, moi, en tant que première responsable, je ne pouvais pas me dédire… J’ai gardé mon silence. Et, ce silence m’a coûté très cher à tel point que j’ai eu des enfants qui sont dans l’administration, qui ont été sanctionnés sans raison. On ne voyait pas tout cela, on pensait qu’il fallait me punir. Donc, j’ai préféré me taire parce qu’on est imam que si tu as des fidèles derrière. Je gère des institutions républicaines qui ne sont pas une centrale syndicale où on peut se mobiliser, où on peut descendre dans la rue sans compter nos avis et recommandations. Quand nous avons les sessions, ce que les gens ne savent pas, ce sont les non-dits et les non-sus », a expliqué l’ancienne Secrétaire Générale de la CNTG.
Mamadou Aliou Diallo, Sociologue, coauteur avec Hadja Rabiatou Sérah Diallo
Mohamed Guéasso DORE pour Guineematin.com
Tel : +224 622 07 93 59
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