Bantiguel (Pita) : Solidarité Suisse-Guinée organise une session de formation aux pratiques agroécologiques

Plus de 54 producteurs agricoles venus de Dalaba, Labé et Pita ont bénéficié, pendant 3 jours, de sessions de formation aux pratiques agroécologiques organisée par l’ONG Solidarité Suisse-Guinée, en partenariat avec FONDATION ANTENNA, rapporte un correspondant de Guineematin.com en Moyenne Guinée.

C’est la ferme agroécologique didactique de Balipili, relevant de la commune rurale de Bantiguel, dans la préfecture de Pita qui a servi de cadre à cette rencontre de renforcement des capacités et compétences des producteurs agricoles du Fouta-Djalon.

La ferme agroécologique didactique de Balipili est une ferme « école » capable de produire une grande variété de denrées dans un objectif d’autosuffisance alimentaire, et ceci sans usage de pesticides ni d’engrais de synthèse et sur une surface correspondant aux surfaces des petits producteurs de la région. Partant de ce modèle de ferme élaboré par l’Unité AgroEcologie de la Fondation Antenna, Solidarité Suisse Guinée a procédé à la mise en place de cette ferme modèle de 5 hectares à Pita avec le soutien financier, technique, logistique et opérationnel de la Fondation Suisse, qui a financé la mise en place de la ferme et des infrastructures nécessaires à son fonctionnement dès 2021. La ferme mise en place et opérée par Solidarité Suisse Guinée avec l’appui de la Fondation Antenna, sert de site de production, de formation et de recherche & développement en agroécologie.

Cette belle initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Fermes Agroécologiques Diversifiées en Moyenne Guinée », issu d’un partenariat entre la Fondation Antenna et l’Association Solidarité Suisse-Guinée et a pour objectif la promotion de pratiques agroécologiques augmentant la résilience, l’efficacité et la durabilité de la production agricole en Guinée.

Dans le cadre de cette collaboration, la Fondation Suisse, à travers ses représentants du projet guinéen Kim Schneider (co-responsable de l’Unité AgroEcologie), Julian Tugwell (co-responsable de l’Unité AgroEcologie) et Quentin Theiva à Hauariki (Ingénieur gestionnaire de projets), a préparé et animé les séances de formations aux agriculteurs de la sous-région, composantes essentielles de son soutien technique et opérationnel aux activités de la ferme.  

Au cours de cette rencontre, les thèmes abordés portaient sur « la biodiversité et les auxiliaires », « les techniques de rétention de l’eau » et « les bases de production des grandes cultures ».

La formation vise à augmenter la souveraineté alimentaire de la région, diminuer les dangers liés au modèle agricole prônant les produits chimiques, diminuer les coûts liés à la production, donner une plus grande autonomie aux producteurs, protéger et améliorer la qualité de l’environnement.

« Il y a vraiment beaucoup d’intérêts à développer la biodiversité. En fait, nous allons complètement à l’encontre du modèle conventionnel et simpliste qui a été prôné ces dernières décennies. Nous avons tenté de nous faciliter la tâche grâce à l’usage de pesticides et d’engrais chimiques. Tandis, qu’avec une grande biodiversité sur sa ferme, nous favorisons une sorte d’autoprotection de notre environnement. C’est-à-dire, au-lieu d’utiliser ces produits, nous allons planter des arbres qui vont favoriser la présence d’auxiliaires, qui permettront ensuite de réguler les nuisibles dans nos cultures. L’idée, c’est d’employer les services d’écosystémiques, les services que l’environnement nous offre pour protéger nos cultures et éviter d’avoir à apporter des intrants chimiques » a expliqué un des facilitateurs, Quentin Theiva à Hauariki de la Fondation Antenna.

La physionomie de la salle a intéressé ce partenaire de l’ONG Solidarité Suisse-Guinée.

« Ce qui était très intéressant dans le groupe que nous avions, c’est qu’il y avait des parcours qui étaient très hétérogènes. Nous avions des gens qui ont des formations d’ingénieurs, des producteurs qui ne parlaient vraiment pas du tout français, donc des classes sociales très différentes. En fait, il y a eu beaucoup d’échanges entre eux. Ceux qui avaient reçus plus de cours étaient des sensibilisateurs à ces thématiques qu’ils avaient déjà abordées dans leurs pratiques. Il y avait une bonne cohésion dans le groupe » a-t-il ajouté.

« Le plus souvent, en République de Guinée, les cultures bios coutent plus chers et restent inaccessibles aux populations locales. Est-il facile pour les producteurs biologiques d’écouler leurs productions ? » demande le reporter.

« A ce niveau, il y a deux approches qu’on pourrait adopter. La première serait de trouver le marché pour ces produits bios. Dans le cadre du projet nous pourrions faire du marketing, rechercher un marché de niche, dont les consommateurs sont enclins à payer plus pour des denrées de haute qualité. Puis, s’il y a des grands groupements qui produisent, nous pourrions même viser Conakry en exportant la production du Fouta-Djalon. La seconde viserait à démontrer que le modèle agricole biologique / agroécologique peut offrir des denrées à prix concurrentiels sur le marché local. En effet, grâce à un modèle agricole peu demandant en intrants externes, cette approche serait capable de fournir des produits à un faible coût de production. Elle serait d’autant plus intéressante car elle démocratiserait à toutes les tranches de la population l’accès à des produits sains et plus riches d’un point de vu nutritionnel, et pour lesquels leurs producteurs ne mettent pas en danger leur vie ainsi que l’environnement » conclu-t-il. 

Selon cette même source, ce programme de formation doit durer 4 mois à compter de ce mois de juillet 2022. À la fin du programme, 10 producteurs ou productrices sélectionnées bénéficierons d’une formation complémentaire sur la gestion d’entreprise et la gestion financière, puis d’un soutien à l’installation ou au développement de leurs fermes agroécologiques. Parallèlement au projet du Fouta-Djalon, les parties prenantes de l’initiative envisagent de développer dans les trois autres régions naturelles de la Guinée, des Fermes agroécologiques similaires, adaptées au contexte pédoclimatique local.

Hadja Binta Barry, Coordinatrice Nationale de Solidarité Suisse-Guinée a présenté les activités de l’association dans la région de Labé avant de se féliciter de la tenue de ses séances de formation qui permettront de favoriser la dissémination de méthodes écologiques, rationnelles et efficientes qui contribueront à faire émerger une agriculture saine et durable dans la région de Labé.

Il convient de signaler que la Fondation Antenna est une fondation suisse qui utilise la recherche scientifique pour aider les plus démunis à travers le monde. Elle est présente actuellement dans la mise en œuvre des Fermes agroécologiques de plusieurs pays africains comme le Burkina Faso, le Mali, le Cameroun, l’Ethiopie et la Guinée.

L’ONG Solidarité Suisse-Guinée a été créée le 21 janvier 2011 dans le but d’aider et de promouvoir le développement des communautés locales de la Guinée. Depuis lors, elle intervient dans les domaines de la santé, de la santé de la reproduction et de l’éducation sexuelle, de la santé communautaire, des activités génératrices de revenus, de la sécurité alimentaire, et du renforcement des capacités. Le tout en mettant un accent particulier sur les couches les plus vulnérables que sont les femmes et les enfants.

 

Depuis Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 622 269 551 & 657 269 551 & 664 46 71 71

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