Dr Édouard Sagno à Guineematin : « le pèlerinage de cette année a été le meilleur de ces dernières années » (1ère partie)

Dr Jean Edouard Sagno, Directeur de cabinet au Secrétariat général des Affaires religieuses

Après deux années d’interruption liées au coronavirus, le pèlerinage aux lieux saints de l’Islam a été ouvert cette année à toute la communauté musulmane, à travers le monde. La République de Guinée envoyer 4 527 pèlerins. Malheureusement, six (6) parmi eux n’ont pas pu faire le voyage retour. Ils y ont perdu la vie. Au total, 16 vols ont été organisés pour les lieux saints de l’Islam…

Dr Jean Edouard Sagno, le Directeur de cabinet du Secrétaire général des Affaires religieuses, a accepté de recevoir récemment un journaliste de Guineematin.com, pour faire le point de la situation. Sur cette première partie, le Président du Comité de supervision des commissions techniques mises en place à Conakry pour l’organisation du pèlerinage revient sur les conditions de préparation, de répartition du quota, du voyage à Médine et du séjour des pèlerins guinéens aux lieux saints de l’Islam.

Préparatifs du pèlerinage, quota accordé à la Guinée, le tarif du pèlerinage, l’organisation des vols…

« Pour commencer, j’exprime mes sentiments d’être au service de mon pays et prêt à le servir partout où le devoir nous appelle. Vous avez souligné qu’avant d’être ici, nous étions, pendant huit ans, à l’Assemblée nationale. Et avant d’être au Parlement, nous avons servi dans le secteur minier, parfois au plus niveau. Donc, notre sentiment, c’est un sentiment de satisfaction. Pour parler du bilan du pèlerinage musulman de cette année, c’est le 26 mai 2022 que les autorités saoudienne nous a envoyés le message contenant le quota de pèlerins qu’on devait envoyer. Pour cette année donc, la Guinée a été autorisée d’envoyer 4 527 pèlerins. C’est après cela, que le tarif du pèlerinage a été fixé à 60 millions de francs guinéens. Ce montant comprend tous les frais liés aux opérations du hadj. Du billet à la restauration en passant par le prix du mouton et l’hébergement. Cette fois, le gouvernement, à travers le Premier ministre et le Secrétaire général des Affaires religieuses ont effectué un déplacement en Arabie Saoudite pour rencontrer les autorités en charge de l’organisation du pèlerinage.  Toutes les questions ont été abordées et réglées. Les Guinéens étaient dans des hôtels de 4 à 5 étoiles, à proximité des deux saintes mosquées. La restauration a été améliorée et les pèlerins se sont déplacés dans des bus climatisés. Ils ont été encadrés et accompagnés partout pour faire les rites dans de bonnes conditions… Donc, sans démagogie, le pèlerinage de cette année a été le meilleur par rapport aux années passées. Des pèlerins l’ont dit, de retour en Guinée et loin des yeux des cadres du département des affaires religieuses…Cela a été possible grâce à l’implication et la détermination des autorités guinéennes au plus haut niveau, en premier, le Président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya  », a dit le superviseur des commissions techniques.

De la répartition des 4 527 places accordées à la Guinée

« Les autorités chargées de l’organisation du pèlerinage ont accordé un quota de 4 527 places à la Guinée, comme je l’ai dit un peu plus haut. Ils se sont basés sur certains critères et la Guinée a obtenu presque le même quota que la Côte d’Ivoire qui a presque le double de sa population. Maintenant pour ce qui est à l’interne, l’Etat a pris pour lui 2000 places et accordé 2 527 aux agences de voyage. Sur les 2000 places qui revenaient à l’Etat, 500 ont été réservées à l’administration. De la présidence de la république aux ministères en passant par les institutions, chaque entité avait son quota. Je rappelle que l’Etat a même payé les frais de ces 500 places. Et pour pouvoir démarrer les opérations, c’est le Président de la transition qui a ordonné le versement de la moitié du montant, comme acompte. Pour le reste, le Secrétariat général des affaires religieuses a procédé à une répartition entre les différentes circonscriptions du pays, en se basant sur les inscriptions de 2019, comme clé de répartition. Par exemple, Kaloum a eu 40 places, Ratoma, 80 ; Matoto a obtenu également 80. Kindia a bénéficié de 30 places, 200 places ont été accordées à Siguiri contre 50 pour Kankan, 30 pour N’Zérékoré. Les préfectures de Coyah et Dubréka, Faranah, Kissidougou ont chacune 5 places contre 15 places pour celle de Mali Yembérin, au même titre que Labé. Finalement, il y a eu 6000 candidats pour 4 527 places disponibles. Dans certaines préfectures, nos représentants à la base, au lieu de respecter le quota qui leur est accordé, ont dépassé le nombre. Dans une préfecture dont je tais le nom, au lieu de recruter 30 candidats au pèlerinage, ils ont pris jusqu’à 54 personnes. Certains départements aussi, au lieu de respecter le nombre mentionné, ont allongé la liste », a souligné Dr Sagno.

Les tentatives de fraudes, la falsification des documents et la réaction du département, la restauration

« Au niveau du département, les directives reçues de l’Arabie Saoudite étaient très claires. Il faut avoir moins de 65 ans, avoir un certificat médical valide et être muni d’un test négatif au Covid-19. A cela, s’ajoute une enveloppe de 60 millions de francs guinéens. Mais malgré toutes les informations, certains ont cherché à contourner les mesures établies avant de se retrouver dans leur propre piège. Comment ? Pour être inscrit, il fallait avoir l’autorisation de versement et un test négatif au Covid-19 notamment. Puisque pratiquement tout le monde avait un certificat médical valide. Maintenant du samedi 18 au vendredi 25 juin, il n’y a eu aucun problème au Centre islamique de Donka. Même les accompagnateurs n’y entraient pas dans la cour à plus forte raison dans la salle polyvalente. Cette première partie concernait les agences de voyage. A partir du vendredi 25 juin, la partie étatique a commencé à envoyer ses pèlerins. Mais le samedi 25 juin au petit matin, les agents de la CMIS ont été débordés par la foule. Et à partir de cette date, les gens ont commencé à passer la nuit et chacun essayait d’utiliser ses propres relations pour partir. Des gens qui n’étaient pas inscrits, avaient porté des uniformes de pèlerins et d’autres essayaient par tous les moyens à contourner les mesures établies. Ce qui n’était pas de nature à faciliter le travail.  Je rappelle qu’on a signé un contrat avec un avionneur très expérimenté. C’est l’Ethiopian Airlines pour 15 vols. Mais au finish, il y a même eu un 16ème vol additionnel, à cause du Coronavirus. Alors qu’un vol prend 600 personnes, il y a eu même un des vols qui est allé avec 24 places de moins. Et un billet était à 2060 dollars américains. Si vous faites les calculs, vous verrez que c’est beaucoup d’argent perdu. C’est ce qui nous a amené à programmer un 16ème vol qui est parti avec des encadreurs. Je rappelle que le Département a pris ses responsabilités pour sanctionner les cadres et personnes impliqués dans certains dysfonctionnements. Le moment venu une communication sera faite là-dessus. Il se souviendra même que deux Guinéens ont quitté Conakry pour atterrir à Djeddah avec de faux visas. Alors que les pèlerins Guinéens ont quitté Conakry pour l’aéroport international de Médine. C’est d’ailleurs cela a contribué à blanchir le département. Pour la restauration, il y a quelques petits problèmes au départ et qui s’expliquent par un certain nombre de faits. Le décalage horaire d’abord, ensuite les dispositions techniques appliquées sur le terrain et qui étaient liées à la sécurité et à la propreté des lieux, puisque vous ne devez pas perdre de vue, cette peur bleue liée au Coronavirus était quasi permanente. En plus de cela, il y a le menu saoudien qui ne contient pas forcément les repas Guinéens comme le riz, notre aliment de base. Mais tous ces problèmes ont été très rapidement remontés et solutionnés à la grande satisfaction des pèlerins », a en croire le Directeur de Cabinet du Secrétariat général des affaires religieuses.

Les cas de décès, les causes et la gestion de l’information

Dr Jean Edouard Sagno, Directeur de cabinet au Secrétariat général des Affaires religieuses

« Sur les 4 527 pèlerins, il y a eu 6 cas de décès. Ces décès sont liés soit à un arrêt cardiaque ou à d’essoufflement. Comme vous le savez, ce n’est pas un cas de manquement lié aux conditions de vol, ni le manger ou l’hébergement. Mais une fois de plus, je conseille aux gens de se méfier du sensationnel. Certains, sur des médias, ont soutenu que c’est de l’insuffisance rénale. Mais mon Seigneur, comment est-ce qu’un patient qui doit faire deux fois de dialyse par semaine, peut se permettre d’aller faire le pèlerinage qui est un exercice qui requiert assez d’effort et de santé. Pour les informations, bien sûr que les familles de tous ces disparus sont au courant. Mais officiellement, il y a une procédure pour tenir au courant les familles en de telles circonstances. Vous savez qu’il y a une valise diplomatique utilisée par les ambassadeurs. Pour le cas du pèlerinage, ce sont les autorités de l’Arabie Saoudite qui s’occupent de tous les cas de décès. Une fois qu’un pèlerin meurt, il est directement pris en charge par les autorités de l’Arabie Saoudite. Le corps est enterré sur place, comme ce que souhaitent certains pèlerins d’ailleurs. Et après le hadj, ils collectent toutes les informations et font un rapport pour le pays concerné. Celui-ci est transmis par voie diplomatique à la Guinée et c’est en ce moment que les autorités des affaires religieuses, une fois saisies par le ministère des Affaires étrangères, de la coopération et des Guinéens de l’étranger, contactent les familles des personnes concernées pour la transmission de tous les documents dont le passeport. D’ici là, nous ne sommes pas autorisés à donner les noms de ces personnes, pour le respect de leur mémoire », soutient le Dr Jean Edouard Sagno.

A suivre !

Entretien réalisé par Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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