Conakry : immersion dans le monde des « coxeurs » qui tirent le diable par la queue

Depuis de nombreuses années, un métier est apparu et se pratique à Conakry. Il s’agit de jeunes gens, stationnés à divers carrefours de la capitale, qui aident les chauffeurs de taxis à avoir des passagers moyennant quelques billets de banque. Ces « rabatteurs », connus sous le nom de coxeurs, à la réputation sulfureuse, mènent une vie difficile dans une conjoncture économique de plus en plus en plus compliquée. Interrogés sur leur activité dans la journée d’hier, lundi 22 août 2022, par des reporters de Guineematin.com, certains d’entre eux ont décrit leur quotidien.

Ces jeunes gens, taximen au chômage, disent s’adonner à cette activité parce qu’ils n’ont pas le choix. C’est le cas de Hassimiou Diallo qui explique faire cette activité pour gagner.

« Cela fait à peu près une année que j’ai commencé cette pratique pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille, car on ne peut pas s’asseoir, bras croisés, alors qu’on a des personnes à nourrir. Il y a beaucoup de difficultés que nous traversons dans ce métier. Parfois, nous ne pouvons gagner que 15.000, 20.000 ou 30.000 GNF par jour. Quelques fois, on n’a même pas 10.000 GNF. Parfois, certains chauffeurs refusent de nous payer les 1000 GNF quand on charge leurs véhicules.  Le chargement d’un taxi coûte 1000 GNF. A cette saison pluvieuse, on est obligé de travailler sous cette pluie pour gagner de quoi vivre. La recette que nous gagnons par jour peut parfois couvrir nos besoins, parce que nous pouvons dès fois aussi gagner 50.000 GNF… Parfois aussi, on n’a presque rien car on est devenus très nombreux ici à faire cette activité », a-t-il laissé entendre.

Même son cloche chez Mamadou Aliou Barry, ancien chauffeur reconverti en rabatteur faute de mieux. Il dit que ce qu’il gagne ne peut suffire pour couvrir ses besoins. Il dément également ceux qui les qualifient de malfaiteurs.  « Ça fait un (1) mois que je suis dans ce métier. Je suis un chauffeur, vu que notre voiture est en panne, c’est pourquoi je me suis lancé dans ce métier pour ne pas rester sans faire quelque chose. Nous rencontrons des difficultés parce qu’il y a de ces chauffeurs, quand tu charges leurs taxis, ils ne te paient pas. Nous sommes là et pratiquons ce métier pour subvenir à nos besoins, sinon on n’allait pas s’arrêter ici. Je peux gagner à 50.000 GNF voire 70.000 GNF par jour, même si ça ne couvre pas ma dépense. Certains nous qualifient de bandits nous qui pratiquons ce métier. Mais, tel n’est pas le cas, c’est faux. Ceux qui font ça sont des passants et profitent de cette situation pour voler les gens et on nous accuse par la suite », se défend-il.

 Pour Tely Oury Diallo, c’est par manque d’emploi qu’il se livre à cette activité. « C’est le chômage qui me fait pratiquer cette activité afin de subvenir à mes besoins dignement. En cette période d’hivernage, je fais de mon mieux. Et je gagne en fonction de la clientèle. S’il n’y a rien, je suis obligé de l’accepter. Je suis chauffeur de taxi mais ça fait un (1) an que je ne travaille pas. Voilà pourquoi je suis dans ça et je ne gagne pas plus de 20.000 ou 30.000 GNF par jour. Donc, cela ne peut pas subvenir à mes besoins puisque je dois payer le loyer et d’autres dépenses. Alors que je gagnais 150.000 GNF par jour quand je conduisais un taxi », a fait savoir Tely Oury Diallo.

Malick Diakité et Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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