Pourquoi le libéralisme politique est un non-sens en Afrique ?

Mika Diallo

Dans ce texte, je vais vous démontrer en quoi les partis politiques qui se réclament du libéralisme ne peuvent développer l’Afrique ? En quoi cette idéologie est incompatible avec l’Afrique ?

Ce texte a pour but, de remettre en question l’utilisation de mots sans en connaître le vrai sens.  À commencer par les responsables politiques, en passant par les militants et pour finir, par les médias. Je précise que je parle de libéralisme politique, et non du libéralisme économique, même si le premier découle du second et sont souvent confondus.

A l’instar du socialisme, le libéralisme politique a été théorisé en Europe, avant de se propager ailleurs dans le monde comme les Etats-Unis d’Amérique. Ce mouvement a pris son essor à l’issue de la Révolution française et la Révolution anglaise, en opposition à l’absolutisme dans un premier temps, ensuite au socialisme (ou communisme) plus tard.

En dépit du fait que le libéralisme politique est abusivement confondu à la démocratie de nos jours et ce, à coup de marketing politique, il est impératif de rappeler que ce courant politique se méfie de la démocratie directe dans le sens de la volonté majoritaire du peuple. D’où la démocratie représentative qui existe dans les pays dits « démocratiques ».

Selon André Jardin (1912 – 1996), historien français, surtout connu pour ses études sur Alexis de Tocqueville et l’histoire française du XIXe siècle,

« Au XIXe siècle, les libéraux craignent le retour d’un pouvoir absolu – que ce soit d’un homme, celui des masses aveugles qui ont permis la Terreur de 1793 ou l’insidieuse puissance d’une bureaucratie anonyme. Contre ces forces du mal, ils défendent non seulement un idéal d’ordre « naturel », mais aussi une tradition historique nationale, persuadés avec Mme de Staël qu’en France c’est la liberté qui est ancienne et le despotisme qui est nouveau ».

Le libéralisme politique se caractérise principalement par un État régalien et un État de droit. L’État régalien est un État dont la principale mission est de faire régner l’ordre. En gros, il doit s’occuper de la police, de l’armée et de la justice. Pour tout le reste, il doit laisser faire les individus.

L’État de droit est un État dans lequel, le droit est au-dessus de tout (institutions, particuliers etc.).  Qu’une action soit bonne ou mauvaise n’a pas d’importance, ce qui est important, c’est ce que dit la loi.

Après la victoire du libéralisme porté par l’Occident contre le communisme défendu par l’ex-URSS, cette idéologie a été érigé en fonds de commerce des institutions internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale. En langage simple et clair :  si toi, pays Africain, jeune État qui cherche à fonder une nation, qui vient d’acquérir son indépendance, tu as besoin d’un financement pour construire des infrastructures (hôpitaux, écoles, routes, ponts etc.), ces institutions t’imposent le libéralisme. Tu es obligé d’accepter parce que tu dois construire un État. De ce fait, tu as besoin d’emprunter de l’argent pour construire ton pays. Donc, tu acceptes, et le package avec. Au lieu de construire les infrastructures, on t’oblige à brader tous les bijoux de la famille car ils ne sont pas « rentables » : entreprises publiques, licenciement de fonctionnaires, ne pas construire d’hôpitaux ni d’école, ne pas former les enseignants, ne pas développer une armée, une justice et une police, colonne vertébrale d’un État.  Cela se fait sous le nom officiel de Programmes d’ajustement structurel mais en réalité, c’est une mise sous tutelle.

Dans le package, il y a le multipartisme qui a été livré avec, et ce, sans une véritable réflexion sur la forme et la manière dont nous souhaitions construire notre propre architecture politique. On s’est dit, « comme ça vient de l’Occident, ça doit être forcément bon pour nous ».

Comment un parti politique d’un pays, qui a subi une telle attaque peut se réclamer d’une idéologie qui lui demande de ne pas construire tout ce qui est vital pour les citoyens de son pays ?

En Occident, les partis qui se disent « libéraux » ont une histoire propre à leur pays. Cette histoire n’a pas été imposée par une institution externe. Elle s’est construite à travers notamment des mouvements sociaux. C’est pourquoi, à mon sens, le libéralisme politique est incompatible avec l’Afrique.

Par Mika Diallo

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