L’an 1 du CNRD au pouvoir : Amnesty International Guinée dépeint un tableau sombre en termes de respect des libertés

Souleymane Sow, Directeur Exécutif d'Amnesty International Guinée

Le Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD) s’apprête à célébrer l’an un de sa prise du pouvoir en renversant Alpha Condé. C’était le dimanche 05 septembre 2022. Cette période a été marquée par des cas de morts, de blessés, d’arrestations et de nombreux dégâts matériels à l’occasion de manifestations sociopolitiques. Amnesty International Guinée dresse un tableau sombre de la gestion du CNRD en ce qui concerne le respect des libertés individuelles et collectives. C’est ce qu’a laissé entendre Souleymane Sow, secrétaire exécutif d’Amnesty International Guinée, interrogé par Guineematin.com dans la journée d’hier, jeudi 1er septembre 2022.

Pour Souleymane Sow d’Amnesty International Guinée, l’avènement du CNRD au pouvoir avait été salué par de nombreux compatriotes. « Le 5 septembre 2021, à l’arrivée du CNRD, il y a eu cet espoir de tout un peuple, surtout nous défenseurs des droits humains. Il y avait eu des faits de violations de droits humains que nous avons enregistrés, notamment en 2019, 2020 et 2022 avec beaucoup d’arrestations, de cas de morts et de prisonniers d’opinions. Donc, à l’arrivée du CNRD avec la libération de ces détenus, la levée des PA qui étaient installés un peu partout dans la ville de Conakry entre autres, tout ça avait suscité de l’espoir au sein l’opinion nationale, surtout que les autorités avaient annoncé que la justice allait être la boussole qui devait guider toutes les actions du gouvernement. Leurs discours nous avaient beaucoup intéressés. Nous avons porté une attention particulière aux discours du CNRD et au fil du temps nous avons continué à observer ».

Mais au fil du temps, des dérapages sont enregistrés, regrette Souleymane Sow. « Malheureusement, il y a des actes qui nous interpellent quand-même aujourd’hui. Le fait que le CNRD ait maintenu assez rapidement l’interdiction de toutes les manifestations dans notre pays, cette action en termes de restriction des libertés individuelles et collectives ne nous rassurait pas. Et très malheureusement, à cela vient s’ajouter cette décision de dissoudre cette structure du FNDC, chose qui remet encore en cause ce droit d’association qui nous interpelle. C’est vrai, il y a eu quelques actions. Mais vous savez dans ce pays, il y a des textes de lois. Ces textes de lois, de façon générale, sont bons mais c’est la mise en œuvre qui pose le problème. Au moment où on avait l’accalmie dans le pays, il n’y avait pas de manifestation tout allait bien. Il n’y avait pas assez de problèmes. Très malheureusement, dès que les manifestations ont commencé, il y a eu encore des violences comme celles que nous avons connues avec le régime précédent et que nous avons dénoncées. Très malheureusement, cette culture d’impunité continue à rester dans ce pays », a déclaré le secrétaire exécutif d’Amnesty International Guinée.

Face à cette triste réalité, ce responsable de la structure internationale de défense des droits humains en Guinée interpelle les autorités. « Nous interpellons les autorités de la transition à tout mettre en œuvre pour mettre fin à cette culture de l’impunité et à revenir sur les deux dernières décisions d’interdiction de toutes les manifestations à travers le pays et de dissoudre le FNDC ».

Cependant, tout n’est pas que négatif, soutient Souleymane Sow. Il explique que le régime militaire, dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya, a posé d’autres actes qu’il juge salutaires même s’ils n’ont pas encore connu leur épilogue. « Il y a eu le premier de décès du jeune tué à Hamdallaye en marge de la manifestation contre la hausse du prix du carburant. Il y a eu la promptitude de la justice à interpeller les présumés auteurs. Jusqu’à présent, nous n’avons pas connu la suite mais nous saluons quand même cette démarche. Ensuite, il y a cette annonce de l’ouverture du procès dans le dossier du massacre du 28 septembre. Nous saluons cette annonce et nous souhaitons que cela soit une réalité et que le procès s’ouvre avant le 28 septembre 2022, comme annoncé par les autorités judiciaires. Ce n’est pour le moment qu’une annonce mais nous saluons quand-même cette annonce. Ça, c’est le tableau positif de l’an 1 du CNRD mais nous avons encore des inquiétudes quant au respect des droits et nous continuons à faire des plaidoyers là-dessus », a laissé entendre le directeur exécutif d’Amnesty International Guinée.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Facebook Comments Box