An 64 de l’indépendance : voici le rôle joué par les syndicalistes, selon Elhadj Moustapha N’Diaye (CNTG)

Dans moins de 48 heures, les guinéens vont célébrer le 64ème anniversaires de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale. Le combat a été mené entre-autres par des syndicalistes, à l’image de Sékou Touré, pour que les guinéens arrivent se libérer du joug colonial. Pour parler du rôle du mouvement syndical dans ce combat, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Elhadj Mamadou Moustapha Ndiaye, premier secrétaire chargé de la formation et de l’éducation ouvrière du secrétariat exécutif du bureau confédéral de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG).

 Guineematin.com : dans quel contexte et à quel moment le syndicalisme a vu le jour pour permettre à la Guinée d’accéder à l’indépendance ? 

Elhadj Mamadou Moustapha Ndiaye, premier SG de la CNTG

Elhadj Mamadou Moustapha Ndiaye : c’est une longue histoire. A la période coloniale, les pays colonisés n’avaient pas le droit de créer des partis politiques et ceux qui ont essayé de créer ces partis politiques, l’ont pris à leurs dépens. Il y en a beaucoup qui ont été emprisonnés, d’autres même ont perdu la vie. Mais parallèlement à ça, le colon a quand même autorisé l’existence des organisations syndicales. Et cela, parce que sous la pression des progressistes français, les syndicats ont commencé à travailler, à œuvrer pour le bien être des travailleurs. Et pour que la voix du peuple passe, nous avons des leaders qui ont formé les premiers syndicats puisque l’autorisation était déjà donnée. Ces leaders, en tête Monsieur Ahmed Sékou Touré, qui avait également un pied dans la politique, sont passés par le biais du syndicat pour faire véhiculer certains slogans contribuant ainsi à libérer le pays. Donc, tous ces grands partis politiques devaient faire pour que les dirigeants avertissent les syndicats, pour faire entendre la voix du peuple. Et j’avoue que pour ce qui concerne la Guinée, ça a merveilleusement bien marché. Donc, quand l’éducation a atteint un certain niveau appréciable, donc le temps évoluant, les partis politiques ont été également un peu tolérés par l’Occident, mais surtout par la France. Donc, ce qui fait que les slogans qui ont été proclamés par les leaders syndicaux, on les a répercutés sur la masse au sein des partis politiques. C’est ce qui a fait que, au 28 septembre, au moment où De Gaulle faisait sa tournée dans les colonies pour une nouvelle constitution demandant aux pays colonisés de s’associer avec la France, pour former une communauté, il est venu ici, mais ça a trouvé que Sékou Touré et ses Camarades avaient déjà préparé l’esprit du peuple à travers le syndicat qu’il dirigeait. Donc, tout était fin prêt. Ce qui fait qu’avec aisance et assurance, il a pu quand même faire passer le message du peuple. Donc vous voyez que les syndicats et les partis politiques ont collaboré le 28 Septembre pour pouvoir libérer le peuple de Guinée.

La Guinée s’apprête à célébrer ses (64) soixante-quatre ans d’indépendance. Quel bilan faites-vous du syndicalisme de 1958 à nos jours ?

Une bonne question, parce que la vie là, c’est un processus. Le premier bureau syndical qui a été formé par Sékou Touré au niveau des PTT et ça c’était bien avant cet évènement du 28 septembre 1958, donc dès après 1945 avec leur réunion à Abidjan, il a créé la branche syndicale au niveau des PTT. De là maintenant, chemin faisant, syndicats et partis ont collaboré, cohabité. Ce qui veut dire, qu’à un moment donné, on ne pouvait plus faire la différence entre syndicats et partis politiques. Mais au fil du temps, le parti a dominé, mais Sékou Touré en tout cas, il est toujours resté. Le secrétariat général de notre branche syndicale, au niveau du bureau de la Guinée, est créé après qu’on ait voté le 28 septembre pour l’indépendance. Il y avait un bureau, un bureau qui existait là, c’était les travailleurs territoriaux. On peut appeler ces travailleurs territoriaux de la Guinée, syndicat des travailleurs territoriaux de la Guinée. Au moment où on votait, cette branche existait. Donc, quand on a eu l’indépendance en 1958, deux ans après en 1960, on a convoqué un congrès extraordinaire de toutes les organisations syndicales en Guinée en septembre 1960. C’est au cours de ça qu’on a formé un bureau typiquement guinéen. Mais au niveau national, le syndicat d’union, qui s’appelait l’Union territoriale des travailleurs de Guinée, a pris l’appellation à partir du 02 octobre, Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG). Donc, si vous me demandez comment ça a évolué, ce n’est qu’en 1960 en tout cas que l’actuelle confédération des travailleurs de Guinée a été appelée par cette appellation.

Sékou Touré en fut-il le premier secrétaire général ?

Jusqu’en 1958, c’est Sékou Touré qui en était le secrétaire. Mais, quand on a pris l’indépendance, deux ans après, la réforme de toutes les organisations syndicales, qui a pris l’appellation confédération nationale des travailleurs de Guinée, Sékou Touré n’était plus responsable du syndicat. C’était Kaba Mamadi, je crois, qui est resté secrétaire général pendant plus de 5 ans. Donc retenons que la Confédération nationale des travailleurs de Guinée, cette appellation a été créée en 1960. Mais, elle existait avant sous une autre appellation.

Quel est votre dernier mot ?

Elhadj Mamadou Moustapha Ndiaye, premier SG de la CNTG

Mon dernier mot à l’occasion de ce 28septembre, à ce moment-là, j’avais 20 ans. Donc, j’ai assisté à la plupart des événements. Et quand De Gaulle est venu à l’Assemblée territoriale, là où se trouve le siège de la HAC, nous étions là, tout le monde gesticulait, on dansait, ne comprenant pas également quelle est la suite qui sera réservée à l’événement. En tout cas, on était joyeux en ce moment. De là, il y a eu évolution. La Guinée a connu des péripéties, la 1ère République, la deuxième République… Par rapport aux multiples changements que la Guinée a connus, est-ce que ça nous a avancés ? Est-ce que ça ne nous a pas avancé ? On s’interroge. Je dirais que pratiquement, on est encore en train de se chercher pour que nous soyons au diapason avec les pays évolués qui ont duré dans cette démocratie. Il faut qu’on instaure la liberté individuelle. La libre de pensée, le dialogue social. Sans la liberté, sans le dialogue social, nous prouve qu’on n’ira nulle part. Donc, il faut qu’on s’entende. La Guinée est unique et indivisible. Il faut qu’on se donne la main, hommes, femmes, Soussou, Malinké, Forestier, nous sommes tous égaux en Guinée. C’est donc vous qui êtes jeunes, prenez vos bâtons de pèlerin, passez partout, informez les jeunes, ce n’est pas la peine de faire la guerre. Il y a une limite ou des valeurs limites où vous faites entorse à certaines lois, on va vous punir conséquemment. Donc, avant que cela arrive, prenez conscience que la Guinée nous appartient à tous.

Propos recueillis par Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

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