DÉCLARATION COMMUNE APPELANT À PUNIR ET AGIR CONTRE LES AGRESSIONS SEXUELLES DANS L’ESPACE PUBLIC EN GUINÉE

DÉCLARATION COMMUNE APPELANT À PROTEGER L’INTÉGRITÉ PHYSIQUE DES FEMMES ET FILLES ET LA POURSUITE DES AUTEURS DE TOUTES FORMES DE CRIMES D’HARCÈLEMENT ET D’AGRESSIONS SEXUELLES DANS UN ESPACE PUBLIC LORSDE RASSEMBLEMENTS ET/OUMANIFESTATIONS PUBLIQUES OU PRIVÉESEN GUINÉE.

Conakry le 7 Octobre 2022,

Dans la foulée des dénonciations et indignations massives face aux harcèlements de rue et aux agressions sexuelles à l’égard des femmes et filles perpétrées dans notre pays, et particulièrement lors de la célébration de la fête de l’indépendance du 2 octobre 2022, et dans le contexte de la tenue du procès historique du 28 Septembre qui rappelleles évènements malheureux d’agressions sexuelles de femmes dans un espace public, nous, défenseurs et défenseuses des droits humains et des droits des femmes et filles au sein de nos différentes organisations et corporations, et au nom de toutesles femmes et jeunes filles concernées et/ouinterpellées par ces agressions, dénonçons et condamnons fermement ces actes vils et ignobles qui portent atteinte à l’intégrité physique et morale, ainsi qu’à la dignité de la femme.

Depuis les dernières années, et faisant suite aux différentes enquêtes menées et les statistiques disponibles auprès des premiers services de prise en charge aux niveaux judiciaire ou clinique, nous notons que le constat et le bilan de la fréquence des violences en toutes formes sur les femmes et les filles sur tout leterritoire national sont alarmants.

 

Malgré cette recrudescence des violences à l’égard desfemmes/filles, nous notons une absence d’enquêtes, de poursuites et de jugements des auteurs/trices et complices de ces agressions en général, et enparticulier les agressions sexuelles et les viols. Ilressortirait que seulement 10% des cas sont judiciarisés et la plupart sont traités à l’amiable ou parvoie de corruption.

Nous notons un manque notoire de structures de priseen charge médico-légale et psychosocialed’accompagnement et de soutien aux victimes, qui malheureusement, doivent porter le fardeau du poids des Us et coutumes que certains assimilent à des prescriptions culturelles, sociales ou religieuses. Celles-ci sont uneentrave pour les femmes et les filles à réclamer leur droit àêtre en sécurité, à se mouvoir, à s’habiller et à disposerlibrement de leur corps, qu’elles soient dans un espacepublic ou privé à travers toute l’étendue du territoire.

Au regard de ces constats, et pour faire face à l’impunité qui perdure vis-à-vis des auteurs de cescrimes, nous interpellons vivement les autoritésétatiques, régionales et communales guinéennes,ainsi que l’opinion publique, à agir concrètement pourrétablir les droits à la protection, à l’intégrité physique etmorale, à la liberté de mouvement et vestimentaire desfemmes et filles, particulièrement dans l’espace public lorsde manifestations et/ou rassemblements.

De ce fait, nous recommandons vivement :

La mise en place d’un numéro vert pour aider etorienter les victimes ou survivantes et leurs familles àbriser le silence dans les toutes premières étapes.
La mise en place de services et cadres d’accueil etd’écoute des victimes et survivantes

et leurs proches pour favoriser la dénonciation des actesd’agressions.

 

L’augmentation de services d’assistance juridique et médico-légales pour un suivi sérieux des cas à travers tout le territoire, pour une réelle prise en charge qui accompagne les victimes, du moment de la dénonciation jusqu’à la poursuite judiciaire et pénale des auteurs de crimes.

 

La révision des textes de lois en ce qui concerne la définition, la qualification et la criminalisation des casd’harcèlements et d’agressions sexuelles lors demouvements de rassemblements dans l’espace public, et l’adoption d’une loi spéciale sur les agressions sexuelles etle viol.
La mise en place d’un système informatisé et électronique reliant les différents organismes deprise en charge pour faciliter l’accès aux premiersservices cliniques, juridiques, dont l’obtention de certificats médico-légaux, du consentement parental et autres documents nécessaires à la constitution de dossiers.
La création d’un fichier national accessible en lignedes délinquants sexuels avec photos et leuridentification dans les quartiers et communautés.
La création d’un site web dédié pour servir à la diffusion et médiatisation dans la sphère d’information publique des procès des auteurs d’agressions et des condamnations prononcées, avecinscription au casier judiciaire.
La création de centres d’accueil et de sensibilisationdes jeunes garçons et jeunes filles aux notions d’harcèlement et d’agressions sexuelles, de consentement, de viol et de violence sexuelle, de liberté vestimentaire sans pour autant que cela ne soit interprété comme une invitation à subir des attouchements.
La diffusion de messages de sensibilisation àtravers des campagnes publicitaires dans les différentes langues nationales pour sensibiliser la population aux agressions et violences sexuelles faites auxfemmes/filles.

Nous, femmes et filles de Guinée, en tant que citoyennes eten tant qu’individus à part entière, ne sommes pas desobjets ni des jouets sexuels.

Les victimes sont des victimes. Elles ne doivent pasporter en plus le fardeau de la honte.\

« La honte doit changer de camp ! »

Vive la Guinée ! Et que la justice guinéenne brille pour tous et toutes ! 

 

Rejoignez cet appel à l’action en signant la pétition via lelien ci-dessous, et soyons nombreux à élever nos voix enfaveur des femmes et filles de Guinée.https://chng.it/WhZHrBh69X

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