Violences basées sur le genre : Mme Doukouré Asmaou Bah réclame l’application de la loi

Mme Doukouré Asmaou Bah, secrétaire général du syndicat national des employés de maison de Guinée

Le 11 octobre de chaque année est consacré à la célébration de la journée internationale de la jeune fille. Les Nations Unies mettent en place cette journée afin de mieux faire reconnaître les droits des filles et la situation de celles-ci dans le monde. A l’occasion de ce 10ème anniversaire, Mme Doukouré Asmaou Bah, secrétaire générale du Syndicat national des employés de maison de Guinée et de la fédération de l’hôtellerie, du tourisme et de la restauration est revenue sur le sens de cette journée avant d’interpeller les autorités sur les difficultés rencontrées par les jeunes filles. Elle l’a dit à un reporter de Guineematin.com au siège de sa structure.

Mme Doukouré Asmaou Bah, secrétaire général du Syndicat national des employés de maison de Guinée et de la fédération de l’hôtellerie, touristique et restauration, a fait savoir que les jeunes filles méritent d’être encadrées pour devenir des femmes leaders.

« Nous savons que c’est quand on est une jeune fille et qu’on a eu une bonne éducation qu’on devient un jour une bonne femme. Cette journée est d’une grande importance. Une occasion pour moi de féliciter toutes les jeunes filles qui s’activent pour que la voix de la jeune fille passe. Parce que vous n’êtes pas sans savoir que maintenant, il y a beaucoup d’organisations de jeunes filles qui luttent pour la bonne cause ; c’est-à-dire comment éliminer le mariage précoce ? Comment abandonner l’excision ? Comment faire valoir les droits des jeunes filles ? »

Pour notre interlocutrice, les filles employées des hôtels, restaurants et autres employées domestiques sont souvent victimes d’abus. Elle les invite à briser le silence. « Dans notre secteur, les travailleurs domestiques sont représentés par plus de 80 % des jeunes filles et femmes. Donc, elles sont dans ce métier, elles travaillent dans des difficultés, parce qu’elles travaillent derrière les portes, c’est invisible, loin des regards des autres personnes.

Et dans ce travail caché derrière les portes, elles subissent des viols, elles sont violentées, elles sont maltraitées, et souvent, elles n’arrivent pas à en parler. Et c’est ça la plus grande difficulté parce qu’elles ne parlent pas et nous, en tant que syndicat, en tant que représentante de ces travailleuses qui n’ont pas la voix, nous leur disons de briser le silence.

Parce que si elles ne parlent pas, elles n’auront pas de solutions. Heureusement que maintenant, avec les réseaux sociaux, ça commence à changer, parce qu’à la moindre erreur, on balance sur les réseaux sociaux. Et nous avons des groupes sur les réseaux sociaux où on échange. Dans notre secteur, ces travailleuses domestiques, nous ne pouvons pas nous réunir comme les autres secteurs de ces travailleurs, c’est un peu compliqué maintenant qu’il y a la facilité avec le téléphone portable, les SMS, les appels téléphoniques, Facebook, les groupes WhatsApp et autres. »

Poursuivant, Asmaou Bah a indiqué qu’elle travaille avec les autorités du pays, les ONG, les organisations internationales évoluant dans ce secteur qui luttent contre les violences faites aux jeunes filles. « J’avoue que nous travaillons avec les autorités compétentes. Parce que vous savez, dans notre secteur des travailleurs domestiques, c’est une convention internationale de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui les protège, la convention 189.

Et la Guinée est membre de l’OIT, elle a ratifié cette convention qui les protège. Heureusement maintenant, nous avons au niveau de la police judiciaire avec l’OPROGEM (l’Office de protection du genre et des mœurs), au niveau de la gendarmerie. Nous travaillons avec eux en cas de problèmes et nous sommes en collaboration avec des ONG qui s’occupent de ces jeunes filles, qui luttent pour les droits de ces jeunes filles.

Et même au niveau international, vous savez, quand les jeunes filles entrent dans ce métier, c’est que le plus souvent, elles sont désespérées. Il y en a qui commencent à étudier, elles n’ont pas de soutien, elles abandonnent pour aller faire ce métier. Mais, il y en a qui sont professionnelles, c’est des universitaires qui abandonnent le travail dans les bureaux pour aller faire ce métier. Donc, nous travaillons avec les autorités guinéennes, nous travaillons avec les ONG, la sécurité et la justice. Notre organisation a un avocat pour nous aider à défendre ses travailleurs », a-t-elle fait savoir.

A l’issue de cette journée internationale, Mme Doukouré demande aux autorités, particulièrement au ministère de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, à faire appliquer les textes et lois qui régissent ce secteur. « Nous savons que nous avons déjà un ministère qui s’occupe de ce secteur, c’est-à-dire le ministère de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables. Nous avons tous les textes qu’il faut pour défendre les personnes vulnérables, y compris les jeunes filles.

Mais, c’est l’applicabilité qui manque. Ce que nous disons, moi personnellement, en tant que présidente du réseau africain de ces travailleurs domestiques qui couvre aujourd’hui 28 pays, je vais dire aux autorités, surtout au ministère de faire tout pour qu’on applique les textes et lois qui régissent le secteur afin de trouver solution aux problèmes auxquels elles font face », a-t-elle martelé.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

 

 

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