Lola dans la galère : « depuis le 05 septembre, nous sommes en train de vivre comme un citron pressé »

La commune urbaine de Lola, située à 42 km du chef-lieu de la région administrative de N’Zérékoré, a du mal à se rétablir économiquement. Le marché est pratiquement coupé de toute source de recettes d’autant plus que les boutiques installées le long des grandes artères avaient été saccagées par la campagne de récupération des domaines et des emprises du CNRD. Cette image est décrite par le vice maire de la commune urbaine, rencontré ce vendredi, 27 octobre 2022.

Après avoir égrainé les nombreuses difficultés de la localité, Doro Traoré a déploré la décision du Ministère de l’Administration du territoire sur la prise en charge des enseignants contractuels communaux, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé en Guinée forestière.

Doro Traoré, vice-maire de la commune urbaine de Lola

C’est la sonnette d’alarme que tire Doro Traoré, vice maire de la commune urbaine de Lola. « Actuellement, tout le monde vit au rouge. Mais, ce qui est encore plus marrant, c’est que les institutions en place, en l’occurrence les mairies, n’ont pas été dissoutes mais les comptes sont gelés. Chose qu’on ne comprend pas. Parce qu’on ne peut pas aimer une chose et son contraire. Parce que lorsque vous gelez les comptes et les communes ne sont pas dissoutes, je ne sais pas comment voulez-vous que ces communes fonctionnent pendant que nous sommes dans un pays où les fiscalités ont des soucis. Parce que même où il n’y a pas une transition pour faire le recouvrement c’est tout à fait un problème. Et si au-delà de ça, on va encore pour geler les comptes… Il faut noter aussi que depuis 2018 jusque maintenant, on n’a pas reçu de subvention de fonctionnement lié à l’Etat. Donc, je me dis que nous fonctionnons au jour le jour. Donc pour moi, depuis le 05 septembre 2021, (date de la prise du pouvoir par la Junte, ndlr) nous sommes en train de vivre comme un citron pressé », a dit Doro Traoré.

Récemment, le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a instruit aux différentes collectivités de prendre toutes les dispositions pour la prise en charge des enseignants contractuels communaux. Le vice maire de la commune urbaine de Lola émet des doutes.

« Vous savez, c’est tellement compliqué qu’on ne peut pas en parler. Parce qu’on parle de la prise en charge au niveau des communes pendant que, un, nos comptes sont gelés ; deux, je ne sais pas comment nous allons les pays ; trois, même les femmes qui sont en train aujourd’hui de balayer le marché, nous avons des soucis de leur payement. On leur doit au minimum un million GNF. Pour les payer, on était contraint de demander au maire d’aller au-delà, de nous faire un prêt au niveau de la caisse de la commune pour qu’on puisse leur donner. Il ne reste que les travailleurs pour ne pas abandonner le marché de Lola. Les boutiques qui nous donnaient un peu ont été cassées par la campagne de déguerpissement des emprises et aussi, vous savez, la commune urbaine de Lola est de type  »C ».  Donc, si aujourd’hui encore on vient nous demander que ces enseignants contractuels seront à notre disposition et que c’est à nous de les payer, je ne sais pas par quelle alchimie nous allons les payer ».

Face à ce dilemme, Doro Traoré lance une invite aux autorités. « Je lance un plaidoyer au niveau du gouvernement et au CNRD de regarder les communes pour que le fonctionnement soit possible. Sinon, maintenant dès la fin du mois, on n’a même pas envie d’aller travailler au risque de ne pas voir la face des contractuels et les enfants que nous avons utilisé pendant 2, 3, 4 mois. On a une police communale, on était au nombre de 25 au départ. Aujourd’hui, on ne peut que compter que 3. Parce que les enfants étaient obligés d’abandonner et nous aussi on était obligé de leur dire vraiment, voilà la situation dans laquelle on vit. Donc, ayez la compassion par rapport à notre situation. Et nous allons vraiment évoluer au moment opportun. Que le CNRD va comprendre aujourd’hui qu’il faut qu’il accompagne les collectivités à la base. On va essayer de travailler ensemble ».

En attendant de voir une suite favorable, certains enseignants contractuels communaux risquent d’abandonner les élèves dans les classes pour non-paiement de leurs primes dans certaines collectivités décentralisées du pays.

De N’Zérékoré Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

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