Capitaine Cécé Raphaël Haba à la barre : « j’ai eu encore confiance en Toumba »

Comme indiqué dans nos précédentes dépêches, le capitaine Cécé Raphaël Haba, ancien garde du corps du Commandant Aboubacar Toumba Diakité, comparaît ce lundi, 7 novembre 2022, devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’Appel de Conakry pour sa déposition dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009. À la barre, l’accusé a confirmé les propos tenus par Toumba Diakité qu’il a succédé à la barre et chargé Marcel Guilavogui, rapporte l’équipe de Guineematin.com qui est sur place.

Après avoir plaidé non coupable des faits qui lui sont reprochés, le capitaine Cécé Raphaël Haba a donné sa version des faits dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009. 

Ci-dessous, Guineematin.com vous propose le décryptage d’une partie de cette déposition :

Je ne reconnais pas les faits pour lesquels je suis là ce matin à la barre. Monsieur le président, ce que je vais vous demander est une doléances. Moi, Cécé Raphaël Haba, j’ai fait 14 ans en détention préventive sans être jugé.  Et, les faits qu’on me reproche ne sont pas les faits qui m’ont envoyé à la maison centrale. Je suis déposé à la maison centrale pour le cas du 3 décembre.  Je ne sais pas pourquoi je suis ici à la barre. Et, le cas qui m’a envoyé à la maison centrale, c’est le cas du 03 décembre. Et, je suis acquitté par l’ordre de mise en liberté du procureur Moundjour Chérif à plus de deux reprises. Monsieur le président, comme personne n’est au dessus de la loi, je me suis dit, je me retiens pour répondre à l’appel de la loi. C’est pour celaque je suis présent aujourd’hui.

Voici les faits pour lesquels je suis là. Le 27 septembre, nous étions en voyage sur Labé. À Labé, le président de la République, avec son aide de camp, Toumba Diakité, nous ont laissé là-bas, ils sont revenus à Conakry. Nous sommes venus en rangs dispersés. Mais, nous sommes rentrés le 28 septembre à 7 heures et quelques. Je suis monté à l’étage, j’ai trouvé mon chef direct qui est Aboubacar Toumba Diakité qui me donne des ordres.  Quand je suis rentré dans la salle, j’ai vu couché mon chef. Il était habillé en civile avec un maillot complet. Mais, il était adossé à son lit. Mais, son pied était sur le sol. Je l’ai réveillé en lui disant que je suis rentré. Je lui ai dit qu’on m’a appelé en cours de route pour dire que ma femme est en état de famille.  Il m’a dit « Cécé, toi-même tu vois comment je suis habillé ; et, nous sommes fatigués. Aujourd’hui, il n’y a pas d’activité. Néanmoins, je te donne 500 000 francs pour que tu puisses aller assister ta femme ». 

Donc, comme j’ai respecté les instructions. Quand Toumba sort, je suis avec lui. Tant qu’il ne sort pas, je n’ai pas de repos. Et, ce jour, c’était la première fois que je vois Toumba en civile. Le jour de la fête de Tabaski que j’ai vu Toumba en boubou. La deuxième fois, c’était le 28 septembre matin quand nous étions de retour de Labé. Donc, je me suis dit aujourd’hui je vais vivre avec ma famille et encore c’était un jour férié. J’ai continué directement à la maison. Et comme l’hôpital n’est pas très distant de mon domicile, je me suis rendu à l’hôpital. Je suis arrivé à l’hôpital, la somme que mon chef m’a donnée, j’ai pris 400 000 francs que j’ai donné au Docteur pour les soins. Compte tenu de la fatigue du voyage, le sommeil m’a emporté.

Au moment, madame prenait les soins intensifs, le sommeil m’a emporté. De 14 heures jusqu’à 15 heures, la perfusion était finie ; et, nous nous sommes rendus à la maison. Arrivé à la maison, j’entends des bruits vers Cosa. Après, mes enfants m’ont donné une natte, je me suis reposé à la terrasse, je me suis reposé encore. Je suis resté auprès de madame les 28 et 29 septembre jusqu’au 2 octobre, je me suis retourné au camp. Parce que c’est moi qui détiens la clé, le téléphone, même l’arme de Toumba. C’est moi qui prépare même le manger de Toumba. Il avait une confiance totale en moi. Aucune femme ne prépare son manger. C’est moi qui m’occupe de son manger et de tous ses petits problèmes.

Concernant le 28 septembre, je vais vous dire quelle était ma position réelle. Au moment de l’approche du procès, Toumba nous a appelé. Il a dit « Cécé vient ». Il a également dit « Marcel vient ». On s’est assis à trois. Il a dit : « le moment de la vérité est arrivé. Toi, tu as déjà fait 14 ans, l’autre a déjà fait 13 ans. Je sais que la prison est déjà terminée. Mais, nous ne partons pas au combat ; mais, nous partons vers le bas peuple pour leur dire la vérité ». J’ai dit « oui, je suis intermédiaire entre vous. Vous voulez que je dise quoi » ? Il a dit « c’est moi qui vous ai appelé et c’est moi qui ai la parole ». Il a dit à Marcel « au moment où tu prenais la troupe pour envoyer, qu’est-ce que je t’ai dit ? Je t’ai dit de ne pas faire sortir la troupe ». Marcel a répondu ceci : « Toumba, oui, c’est vrai ! Mais, devant les gens là, je ne peux pas ». Deuxièmement, Toumba dit « quand tu es venu me retrouver à la clinique Ambroise, quand tu as pris la Grenade contre moi, qu’est-ce que je t’ai dit ? Je t’ai demandé tu as sauté le boulon » ? Marcel a répondu : « Toumba, tout ce que tu dis, c’est vrai ; mais, je te dis devant les gens là (le tribunal), je cherche à sauver ma tête ». 

Quand il a repris la parole, j’ai dit « Toumba, laissez-moi parler un peu, je suis intermédiaire entre vous. Je ne connaissais pas comment était la situation du 28 septembre ; mais, aujourd’hui, je me suis situé comment étaient les faits. J’ai fait la prison pendant 14 ans. Je sais que réellement, s’il y a quelqu’un qui devait me libérer, me décharger, ce n’est pas toi Toumba mais c’est mon frère Marcel. Mais, malgré le temps qu’on a fait ensemble et que Toumba étais en cavale au Sénégal, mon frère ne m’a jamais dit que réellement il a été au stade. Et, aujourd’hui, il confirme devant toi (Toumba) que vous avez été ». J’ai dit ça, c’est difficile. Je lui ai dit « mon frère, j’accepte tout parce que je suis l’homme de Dieu à la maison centrale. Je fais prier, je suis le représentant de Monseigneur Vincent Koulibaly à la sûreté. Je suis le représentant de toutes les parties civiles à la sûreté ». J’ai dit aujourd’hui, j’ai eu encore confiance en Toumba. J’ai dit à Marcel de dire la vérité. Il a dit : « même si on envoie un char de combat, je ne vais jamais dire la vérité. Parce devant les hommes pareils comme ça (le tribunal), c’est compliqué ». Toumba a repris la parole. Il a dit « Cécé, vous allez m’excuser, moi, je vais dire la vérité au peuple pour l’histoire. Mais comme toi ton neveu a refusé de dire la vérité devant le peuple, il ne faut pas le recevoir à l’église ». J’ai dit « non ! Peut-être qu’en partant à l’église, il va changer d’avis. Je ne peux pas le refuser l’église ».

À suivre !

De Kaloum, Mohamed Guéasso DORÉ, Saïdou Hady Diallo et Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com

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