Insensibilité de l’État face à la dégradation poussée de nos routes : cas particulier du tronçon Labé-Koundara

Safayiou DIALLO, Citoyen

Étant donné qu’il nous est venu à l’esprit de nous prononcer sur le tronçon Labé-Koundara, allons tout droit sur la véracité principale dont prolifèrent tous les autres qui nous ont précédés sur ce sujet. La raison de notre motivation à rendre publique nos observations trouve son origine dans le calvaire que nous avons vécu le lundi 24 octobre dernier sur les 25 km qui relient Labé à Koundara. Nous osons tout de même espérer que cet article de trop qui vient toucher du doigt la réalité du terrain attirera l’attention des autorités publiques sur la nécessité absolue de prendre les décisions qui s’imposent sur ce tronçon qui nous semble très bénéfique pour l’État en termes de perception de recettes douanières.

Nonobstant, il convient de rappeler qu’à notre arrivée sur la montagne de Sita, nous avons trouvé des camions remorques, des taxis brousses et véhicules de tout genre stationnés de part et d’autre de la route. Vu que certains passagers avaient passés sur ces lieux des nuits d’affilés en attendant le déblocage de la route, les autorités régionales de Labé ont pris les dispositions qui s’imposent tout en dépêchant des policiers. Il nous a fallu près de 3 heures heureusement pour dépasser cette zone boueuse et rejoindre enfin Koundara dans des bonnes conditions. Au retour le mercredi 26, la circulation était plus fluide qu’au paravent. Bref, le pire était derrière nous.

L’objectif de cet article est de simplement d’attirer l’attention de l’autorité publique sur le rôle que cette route mais aussi d’autres routes du pays jouent en matière de développement économique et social surtout pour les populations qui y vivent aux alentours. Le développement du réseau routier entraine par ricochet le développement des services de transport indispensables pour l’épanouissement humain. Malheureusement, en Guinée, la plupart des projets allant dans le sens de l’amélioration des conditions d’accès au réseau routier prennent plus de temps que prévu. C’est le cas de certaines routes qui ont obtenu le financement depuis des années mais dont les travaux peinent encore à démarrer (cas du tronçon Labé-Mali) ou encore de certains échangeurs notamment km 36 dont les voies de contournement peinent encore à être bitumer.

Et pourtant, le développement économique tant rêvé rime avec des routes fiables et accessibles à tous les utilisateurs sans ambiguïté gage de succès de toutes les activités qui sont amenés à être entreprises dans le pays. L’isolement voire la marginalisation des populations ne profitent point à un État soucieux de l’atteinte de ces prévisions en termes de croissance. A travers de routes de qualité, l’on permet à une certaine catégorie de la population à mobilité réduite (femmes enceintes ou avec enfants, les personnes souffrant d’un handicap ou âgées, etc.) d’accéder plus largement à des moyens de transport.

Cependant, il est de notre devoir de rappeler à travers ce papier que pour mettre en place un projet d’investissement de ce genre, l’État guinéen contracte une dette parce que son Budget National de Développement (BND) ne lui permet pas de le financer.

De plus, les routes comme tout autre investissement public nécessite non seulement d’importants coûts sociaux (impôts, taxes fiscale et parafiscale), mais aussi et surtout une période d’amortissement. Nonobstant, chaque décision d’investissement prise par l’État devrait être forcément accompagnée d’un calcul économique, sinon l’endettement (dette intérieure ou extérieure) opéré pour réaliser cette infrastructure aura des effets nuls, non avenus, sans fondement et pénalisera le pays dans sa perspective de croissance économique.

C’est pourquoi nous pensons qu’avant de mettre en place ou de réhabiliter une route, l’État devrait se poser plusieurs questions dont entre autres : quel est le matériel roulant ? En quoi la route développe-t-elle les entreprises ? Quels sont les coûts sociaux de la route ? Quelle est sa rentabilité ? De combien seront les montants des taxes qui seront perçus sur les entreprises et les personnes physiques qui prendront la route ? En combien d’années pourrai-je la rentabiliser ?

En nous basant sur la dernière question par exemple, la connaissance de la durée de la rentabilité permet à l’État d’emprunter mais aussi d’amortir la route sur la même période. Malheureusement en Guinée, l’investissement n’appelle pas à l’amortissement car le calcul économique est très mal fait à notre humble avis. Cette situation est due en partie au fait que l’homme politique vit de l’événementiel et qu’à un moment donné la pression exercée par certains partisans finit parfois par prendre le dessus même si la rentabilité n’est pas assurée. Ce n’est pas pour rien que nous avons des routes qui étaient bitumés il, y a plusieurs années mais qui, fort malheureusement se retrouvent aujourd’hui dans une situation catastrophique.

Toutefois, nous pensons que pour le cas de ce tronçon, ces questions avaient déjà été répondus de par le passé puis que les recettes douanières qui sont perçus sur cette route ne sont pas des moindres (plusieurs sources le démontrent).

Ce thème reste entier et mérite à l’image de tous les autres sujets entamés récemment, d’être mûri. Pour cela, nous avons besoin de l’avis de tout un chacun pour attirer l’attention de l’État sur les véritables enjeux des réformes à entreprendre sur nos routes qui nous semble délaissés de nos jours à eux-mêmes.

Nos routes font partis de ce patrimoine que nous avons dans ce beau pays. Ils ont des effets transnationaux. Nous devons les entretenir collectivement car elles participent à notre développement mais aussi à la lutte contre la pauvreté qui ne fait gagner du terrain.

Safayiou DIALLO, Citoyen guinéen

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