Mandiana : l’exploitation artisanale de l’or, l’autre calvaire pour les femmes de Kôdiaran

La sous-préfecture de Kôdiaran, située à 25 kilomètres de Mandiana, est une localité à vocation agropastorale et minière. Avec une population estimée à environ 45 000 habitants, l’activité principale des femmes de cette nouvelle commune rurale repose sur l’exploitation artisanale de l’or avec de nombreuses difficultés rencontrées. En plus du caractère éreintant de cette activité, le revenu n’est pas souvent à la hauteur des espérances. Tel est le constat fait sur place par Guineematin.com à travers son correspondant à Kankan.

 En plein cœur du village de Kôdiaran, on aperçoit çà et là des femmes entrain de laver les minerais extraits dans les mines à travers un système appelé en langue du terroir Yirini.  A côté, les enfants jouent aux billes, en regardant parfois leurs mères dans cette tâche devenue quotidienne pour elles.

Mariame Kéita

Mais l’obtention de ces minerais suscite un effort considérable, selon Mariame Keita, une mère de famille en activité. « Nous nous rendons dans les champs artisanaux de mine d’or pour chercher ces minerais. Je vous avoue que ce n’est pas facile pour nous, car pour l’avoir, nous fournissons assez d’efforts. Nous aidons les hommes à tirer la corde dans les puits très longs et ça durant des jours. Ensuite, nous les transportons au village à l’aide de tricycles. Parfois si nous n’avons pas d’argent, nous les transportons sur la tête », a-t-elle fait savoir.

Dans cette ruée vers l’or, les jeunes filles, parfois mineures, ne sont pas épargnées par les difficultés. M’Mahawa Konaté, âgée de 15 ans, n’a jamais connu le chemin de l’école ni celui de l’apprentissage d’un métier. Pour subvenir à ses besoins quotidiens et aider ses parents, elle est contrainte de se livrer à cette dure épreuve.

M’Mahawa Konaté

« Je ne suis pas scolarisée, et ne fais pas de de métier. C’est grâce à cette activité aujourd’hui que je parviens à avoir un peu d’argent pour m’acheter des habits et beaucoup d’autres choses.  Mes parents n’ont pas de moyens, donc je suis obligée de me battre pour les soutenir et me prendre en charge », a-t-elle indiqué.

Mariame Camara

Malgré le dévouement de ces femmes, certaines parmi elles travaillent à perte. Car une énorme quantité de terre lavée ne contient pas d’or. Le peu de gain enregistré est en grande partie dépensé pour la survie. « Il y a des moments où nous travaillons sans rien gagner. Mais cela ne nous ne décourage aucunement, par ce que nous vivons à travers cette activité », a déclaré Mariame Camara.

Saran Konaté

L’autre calvaire auquel sont confrontées ces femmes, c’est bien la fatigue insoutenable qui entraîne parfois des problèmes de santé. C’est ce qu’a expliqué Saran Konaté. « Nous fournissons assez d’énergie pour transporter nos minerais au village. A cela s’ajoute la fatigue des travaux que nous faisons ici au village. Nous tombons malades à cause de la distance que nous parcourons. Ce qu’on gagne est utilisé pour notre traitement. Nous le faisons ce travail parce que nous n’avons pas d’autres sources de revenus », a-t-elle laissé entendre.

L’exploitation artisanale de l’or occupe une grande place dans le quotidien des communautés dans la région de la Haute Guinée. Mais au-delà de sa rentabilité, elle a des incidences négatives sur la sécurité et les droits fondamentaux des personnes particulièrement, les femmes et les enfants, ainsi que sur l’environnement.

De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

Tel : 623-08-41-80

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