Ingénierie de développement : Moussa Kanté rentre de Lyon avec une expertise utile aux pouvoirs publics, institutions, ONG

Pouvoirs publics, institutions nationales et internationales, ONG et associations, ce dont nous parlons ici vous concerne directement. Il s’agit des questions de développement, impliquant la gestion des projets et programmes de développement, mais aussi l’élaboration et le suivi des politiques publiques. Moussa Kanté a suivi récemment une formation en ingénierie de développement et coopération décentralisée en France, il nous parle des connaissances qu’il a acquises dans ce domaine.

Entretien :

Bonjour monsieur Kanté ! Pour commencer, veuillez vous présenter brièvement à nos lecteurs.

Je suis diplômé en Journalisme de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, promotion Hadja Aïssatou Bella Diallo. J’ai exercé dans la presse écrite dans notre pays avant de me rendre au Sénégal où j’ai également travaillé dans un quotidien d’information avant d’être sollicité à l’ambassade de Guinée à Dakar comme agent consulaire et parfois chargé de missions dans le cadre de la déconcentration des activités consulaires en faveur des Guinéens résidents loin de notre représentation diplomatique. J’ai eu l’opportunité d’aller en France dans le cadre d’une formation avec pour objectif principal, de renforcer mes capacités.

Cette formation justement portait sur l’ingénierie de développement et la coopération décentralisée. Elle s’est déroulée à l’Université catholique de Lyon, précisément au Centre international d’études pour le développement local. Parlez-nous-en !

C’est un cursus de formation permettant d’obtenir une expertise en ingénierie de développement local et coopération décentralisée équivalent à un Master 2. Cette formation m’a permis d’acquérir de nouvelles connaissances, d’avoir des outils, des méthodes, démarches, bref des connaissances théoriques et pratiques, des compétences transversales utiles dans le cadre des acteurs à un changement social pour un développement local, national et international.

C’est un centre international qui forme des agents de développement capables d’accompagner des dynamiques de développement au sein des institutions locales, nationales, internationales publiques ou privées, avec de multiples débouchés parmi lesquels, conseiller technique au sein d’un département ministériel ou d’une direction, coordonnateur, chef de projets au sein d’une association, ONG.

En résumé, à l’issue de la formation, l’intéressé dispose d’un savoir, un savoir-faire et un savoir-être nécessaires à l’ingénierie des projets de développement allant du diagnostic des projets associatifs, institutionnels, à l’animation, la gestion, le suivi-évaluation des projets et programmes de développement, le diagnostic des organisations et la capitalisation.

Quels sont les objectifs de cette formation ?

Comme je l’ai dit tantôt, cette formation permet aux acteurs, agents de développement du secteur public et privé et autres d’être outillés dans la définition, la conduite, l’accompagnement, la gestion et l’évaluation des projets de développement local et territorial, national et international visant le bien-être social, économique, culturel, environnemental.

Elle permet de comprendre entre autres, les théories du développement, les notions de base, l’Etat et les politiques publiques, la coopération comme dispositif d’appui au développement soit par l’aide au développement ou l’appui institutionnel, les outils nécessaires à la conception, la mise en œuvre, le suivi-évaluation de projets, l’animation, le management des individus et organisations.

Elle aboutit à l’acquisition d’une expertise sur les questions de développement local et coopération adaptées à des contextes spécifiques. Logiquement, à la fin de la formation, l’intéressé aura des compétences stratégiques et opérationnelles indispensables aux fonctions transversales des métiers du développement.

Concrètement, qu’est-ce que cette formation pourrait vous apporter dans la vie active (professionnelle) ?

Moussa Kanté

Cette question me renvoie à mon repositionnement professionnel. Cette formation, avec différents outils, méthodes, démarches obtenus, est une plus-value pour moi. Elle renforce mon pouvoir d’agir et peut m’être utile dans l’accompagnement du développement. Un exemple d’outil parmi tant, la grille de l’analyse séquentielle peut m’être utile dans l’appui à l’élaboration et l’analyse des politiques publiques et me permet d’avoir un regard sur l’efficacité d’une politique publique.

Pour les pouvoirs publics, je peux être une force de proposition en tant que conseiller technique dans l’élaboration, l’analyse et le pilotage d’une politique publique. Par exemple, pour le secteur éducatif en Guinée, les politiques publiques existent à travers les ministères de l’enseignement pré-universitaire, de l’enseignement technique et de l’enseignement supérieur ; mais, l’efficacité de ces politiques laisse à désirer eu égard à la faiblesse du système, au faible niveau des enseignants et des élèves.

Il est possible de revoir ce secteur en mettant dos à dos toutes les parties prenantes du secteur dans le but d’améliorer l’efficacité des politiques publiques, en procédant à son analyse pour faire évoluer la politique.

Cette analyse passe par un diagnostic concerté, participatif, avec les acteurs concernés pour identifier les véritables problèmes du secteur, revoir le contenu s’il le faut, sa mise en œuvre, procéder à son recadrage et son réajustement pour un effet positif avec des dispositifs de suivi-évaluation. Ce n’est qu’un exemple. On peut le faire pour d’autres secteurs de la vie sociale du pays dont les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Un autre exemple, si une ambassade trouve de l’intérêt, de l’utilité, l’on peut faire un diagnostic participatif de l’institution pour une amélioration de son fonctionnement. Ceci peut être valable pour d’autres organisations qui souffrent d’un disfonctionnement pour voir ce qui marche et ce qui ne marche pas.

Autre utilité, ce sont les outils, méthodes et démarches pour élaborer, gérer, suivre et évaluer un projet. Un savoir-faire que je peux mettre au service des acteurs du développement local, des pouvoirs publics et privés dans le cadre de la mise en œuvre de projets, avec une posture d’accompagnateur, facilitateur entre acteurs, citoyens ou groupes cibles.

Les projets étant parties intégrantes des politiques publiques, il y a la possibilité d’être conseiller technique, coordinateur au sein d’une équipe. En tout cas, un rôle à jouer au niveau de la décision stratégique ou opérationnelle dans la conduite des projets ou programmes. Des acquis qui peuvent être utiles aussi pour des ONG, associations, bureaux d’études, collectivités territoriales.

Cette formation pourrait aussi m’être un atout pour répondre à une offre technique et financière en tant que consultant ou propriétaire d’un cabinet et également dans la formation et le renforcement des capacités en évaluation pour les ONG, associations, la société civile, les agents de l’Etat. Bref, dans l’accompagnement du développement local.

Avez-vous prévu de vulgariser cette formation en Guinée ? Si oui, quel impact aura-t-elle sur la vie de la nation ?

Oui, cette interview est déjà une façon de vulgariser cette formation. Egalement, la mise en place d’une structure en lien avec le développement local contribuera à aider le pays, au développement du pouvoir d’agir d’un groupe cible. Par exemple, l’approche orientée vers le changement permet le transfert des compétences, en mettant les citoyens au cœur du  processus, en les associant à l’action visant à améliorer leurs conditions et qualité de vie. Cela les aidera à mieux comprendre la démarche après la fin du projet.

Raison pour laquelle, je compte mettre ces nouvelles compétences au service des pouvoirs publics, des collectivités territoriales, la société civile, à travers l’appui, le conseil, l’accompagnement, pour un changement social, la formation et le renforcement de leurs capacités. Car le développement n’est pas seulement une affaire des autorités publiques. Les citoyens aussi peuvent contribuer à l’édifice. Ce qui m’amène à dire que chacun peut être acteur de développement.

En plus quand on se forme, l’utilité n’est pas uniquement pour soi, c’est aussi pour se mettre au service des autres. Cela a toujours un intérêt. A propos d’ailleurs, Nelson Mandela disait je cite : « l’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ».

Entretien réalisé par Gadirou Baldé pour Guineematin.com

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