Me Lancinet Sylla au tribunal : « Dadis Camara ne doit pas avoir peur d’affronter la justice de son pays »

Maitre Lancinet Lancinet Sylla, un des avocats du Commandant Aboubacar Toumba Diakité

Comme annoncé précédemment, le procès du massacre du 28 septembre 2009 s’est poursuivi ce lundi, 5 décembre 2022, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry). Et, le Capitaine Moussa Dadis Camara, le chef de l’Etat guinéen au moment de massacre qui a fait plus de 157 morts au stade du 28 septembre de Conakry, a été appelé à la barre pour sa déposition. Une déposition qui est d’ailleurs très attendue, au vu des accusations qui pèsent contre lui dans cette affaire et de sa position au moment des faits.

Mais, l’ancien président du CNDD (la junte militaire qui avait pris le pouvoir après le décès du président Lansana Conté, le 22 décembre 2008) a plutôt demandé au tribunal un renvoi d’audience pour des raisons de santé. « Je suis malade… Je ne suis pas en forme, en toute sincérité », a-t-il déclaré sans présenter une pièce qui atteste de sa maladie. Mais, Me Lancinet Sylla, un des avocats du commandant Toumba Diakité, soupçonne le capitaine Dadis Camara d’avoir invoqué « une maladie de pathos » pour gagner du temps afin d’adopter de « nouvelles stratégies de défense » dans ce dossier.

« Nous, nous avons voulu qu’il nous présente un dossier médical. Lorsque quelqu’un invoque son état de santé pour faire renvoyer une affaire, l’intéressé doit être à même de prouver au moins qu’il est malade à travers la production d’un document médical. Cela n’a pas été fait. Et, sur la base de quoi le président a décidé en dehors de ses déclarations ? Nous, nous aurions souhaité entrer en possession d’une copie de son dossier médical. Un document au moins qui atteste qu’il souffre de telle pathologie et que son état de santé ne lui permettait pas de comparaître. Mais, rien de tout cela n’a été vérifié, sur la base de ses simples déclarations, le président a pris la décision de renvoyer cette affaire. Et, vous avez compris avant de prendre sa décision de renvoyer cette affaire pour le 12 de ce mois, le président a relevé que Monsieur Dadis avait fait comprendre qu’il ne serait disponibles que dans 3 semaines. Il vient encore de dire aujourd’hui qu’il ne sera disponible que dans une semaine. Est-ce que nous allons toujours être là pour renvoyer. Il ne faut pas qu’il ait peur d’affronter la justice de son pays. C’est lui qui l’a réclamé à corps et à cris. Alors que la justice est ouverte maintenant, les débats sont ouverts dans cette affaire, pourquoi a-t-il peur de venir affronter la justice ? Nous ne comprenons pas. Selon moi, il n’y a aucune preuve. Et, aucune preuve n’a été exhibée à l’audience. Lorsqu’on est devant la justice, lorsqu’on fait état d’une situation, elle doit être prouvée. Rien ne prouve que Monsieur Dadis est malade. Moi j’ai vu un Monsieur Camara bien portant, bien requinqué, qui n’a pas voulu prendre la parole… Est-ce que Monsieur Dadis n’est pas en train d’analyser des nouvelles stratégies ? Parce qu’il s’est rendu compte que la réalité du terrain est tout autre et que tout ce qui avait été mis au paravent en place en termes de moyens de défense, que tout s’écroule. Est-ce que ce n’est pas ce qui l’amène comme ça à se préparer davantage en invoquant une maladie de pathos ?» s’est interrogé Me Lancinet Sylla.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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